Au-delà de l’attentat terroriste de Beni : la jeunesse désœuvrée, cette bombe à retardement !

Au-delà de l’émotion et du sentiment de révolte, l’attentat terroriste de Beni, perpétré le jour de la fête de Nativité, soulève un vrai problème de société. C’est le reflet d’une jeunesse désœuvrée sans repères. Les autorités congolaises se retrouvent en face d’une bombe à retardement qu’il faudrait savoir contenir avant qu’il ne touche d’autres pans de la société congolaise.

Le terrorisme a frappé à Beni. Cette fois-ci, les ennemis de la paix ont atteint leur cible, tuant huit paisibles citoyens, tout en blessant une vingtaine d’entre eux. Leur seul péché aura été de profiter, en famille, de la nuit de la Nativité pour fêter en famille.

C’est aussi le moment qu’a choisi un djihadiste pour frapper la population d’une ville qui n’a pas fini de panser ses plaies. Beni est à feu et à sang. Et comme un corps humain, le drame de Beni affaiblit toute de la République Démocratique du Congo. C’est en réalité tout le Congo qui est en deuil. Beni pleure ses martyrs. Avec elle, c’est toute la République qui compatit avec le sinistre qui s’abat tous les jours sur Beni et toute la partie Est de la RDC.

On condamne aujourd’hui l’acte terroriste de Beni, mais on ne s’intéresse pas forcément aux racines de ce mal. En réalité, le terrorisme est le fait du désespoir d’une jeunesse qui se sent abandonnée.

Dans les grandes villes de la RDC, on dénonce depuis quelque temps la prolifération d’une nouvelle forme de banditisme urbain, communément appelé «Kuluna ». C’est malheureusement dans ces milieux des jeunes défavorisés que prolifèrent ces industries de crime qui viennent d’endeuiller la ville de Beni

Demain, on ne peut pas s’étonner que le même drame s’abatte sur d’autres villes de la RDC. Il est temps de s’occuper de cette jeunesse. Il est tout aussi temps de la responsabiliser.

Nous sommes en face d’une bombe à retardement. Et ce sont toutes ces frustrations d’une jeunesse qui se sent abandonnée et délaissées que se servent des cellules dormantes du djihadiste fondamentaliste pour instrumentaliser une jeunesse en panne de repère.

Lorsque la jeunesse n’a pas de perspectives claires, l’idéologie captive des groupes terroristes en profitent pour l’emporter dans les illusions. Certains sont miroités d’offrir une vie meilleure à leur famille moyennant quelques billets de dollars américains. 

Aussi, ces jeunes n’hésitent pas, depuis Beni, à exécuter des crimes d’une cruauté innommable. Ils sont capables d’exterminer tout un village ou de se faire exploser au milieu d’une foule. Laissés au bord d’une société qui leur offre aucune perspective, ces jeunes ont fini par tomber sous le charme des groupes terroristes.

C’est dire qu’à ce stade, les autorités doivent faire attention à ne pas blaguer avec l’avenir de la jeunesse en mettant en place des vraies politiques économiques et sociales pour éviter cela.

Tout ceci doit avoir pour socle la morale, l’éthique, la citoyenneté et l’amour de la patrie. Or, en cette matière, les dirigeants congolais ne sont pas forcément des modèles.

Avec ce qui arrive à Beni, c’est toute la société congolaise qu’il faut récréer, par la promotion de nouvelles valeurs et de nouvelles normes. Il s’agit de développer ce vivre-ensemble. Bien plus, il s’agit de rassurer cette jeunesse qui se dit sacrifiée. Aussi n’hésite-t-elle pas à s’offrir aux groupes terroristes pour se défouler et se venger face à une société qui l’a abandonnée.

Il faut arriver à arrêter cette bombe à retardement. Le plus rapidement possible. Et la meilleure manière d’y parvenir est de susciter de nouveaux espoirs à cette jeunesse désœuvrée qui sent marginalisée.

Jonathan M.