La forte répression, qui a suiv la marche organisée mardi à Lubumbashi pour réclamer la libération du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a irrité l’archevêque métropolitain de Lubumbashi. Entre-temps, le Gouvernement joue à l’apaisement, tout en appelant la population au calme.
Après la répression, mardi à Lubumbashi (Haut-Katanga), d’une marche visant la libération du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, ancien président de la CENI, l’archevêque métropolitain de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba Mugalu, s’est dit choqué et a appelé, par conséquent, à une enquête pour établir les responsabilités. Cette répression est l’oeuvre des forces de l’ordre et de sécurité.
«Je suis extrêmement préoccupé et consterné par la répression violente, mardi 18 janvier sur l’avenue Kasa-Vubu dans la commune de Lubumbashi, d’une marche pacifique dûment autorisée par l’autorité urbaine qui s’est malheureusement soldée dans le chaos et a causé plusieurs blessés. Je condamne vigoureusement l’usage intentionnel, délibérément disproportionné de la force répressive. Tout bien considéré, le recours à la force et à la violence constitue une violation flagrante et intentionnelle du droit de manifester pacifiquement reconnu à la fois par la charte des Nations Unies et par la constitution de notre pays, la RDC», dit-il dans un message publié mercredi dernier.
Mgr Fulgence Muteba est d’avis que les coupables doivent être traduits en Justice pour répondre de leurs actes. «Considérant la gravité des incidents, je demande qu’une enquête soit diligentée et que, pour servir de leçon, au nom du droit et de justice, les coupables soient déférés devant la Justice », a indiqué Mgr Fulgence Muteba Mugalu, archevêque métropolitain de Lubumbashi.
Mise au point du Gouvernement Provincial du Haut-Katanga
Mis en cause dans la répression organisée mardi à Lubumbashi, le gouvernement provincial du Haut-Katanga a vite fait de réagir par son porte-parole.
«Au sujet de la marche pour exiger la libération du pasteur Ngoy Mulunda et plaider en même temps pour une grâce présidentielle en sa faveur, les organisateurs ont voulu faire du forcing car n’ayant pas obtenu l’autorisation du maire de la ville de Lubumbashi à qui ils se sont adressés. S’en sont suivies une bousculade et des attaques envers les éléments de la Police nationale congolaise qui, débordés, ont dispersé les manifestants en usant des moyens non létaux », a dit le porte-parole du gouvernement provincial du Haut-Katanga dans un message Whatsapp. Et de préciser : «Le gouvernement provincial n’étant pas habilité à autoriser une marche et n’ayant aucun pouvoir sur les affaires judiciaires ni sur l’éligibilité des candidats à la grâce présidentielle, appelle toute la population au calme, à la cohésion, à la vigilance et au respect de la procédure en ce qui concerne l’organisation des marches ».
Comptée parmi les manifestants, Mme Néné Nkulu Ilunga, ministre nationale honoraire du Travail et Prévoyance sociale et dissidente de l’AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo, avait demandé d’organiser une marche pour réclamer la libération du pasteur Ngoy Mulunda Nyanga, président honoraire de la CENI.
Le maire de Lubumbashi, Ghislain Robert Lubaba Buluma, qui avait autorisé cette marche le 14 janvier dernier, est venu sur le lieu de la marche pour annoncer son report pour des raisons sécuritaires. Ce qui n’a pas enchanté les organisateurs dont certains notables Katangais. Une situation qui a poussé la police, d’user des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Deux députés nationaux ont été touchés dont Mathieu Kasunka wa Banza et Augustin Kahozi Malisawa.
Sur place, on pouvait voir les députés Félix Kabange Numbi, René Banza et Pablo Ngwej, mais aussi certains ministres honoraires du FCC de Joseph Kabila Kabange. Tous ont dénoncé l’usage disproportionné de la force par la police, évoquant 14 blessés graves et 41 blessés légers parmi les manifestants.
Pour rappel, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda est détenu à la prison de la Kasapa où il purge sa peine de trois ans, infligée par la justice qui lui reproche des propos indépendantistes lors d’une prédication dans la ville de Lubumbashi.
Econews