20 ans après, l’Anapi veut se muer en agence de développement des investissements

2002 à 2022, soit 20 ans depuis la création de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI). En 20 ans, l’ANAPI a mûri, alignant un bilan élogieux qui la met au cœur de l’émergence de la République Démocratique du Congo. Des projets, l’ANAPI les a accompagnés en grand nombre durant ses 20 dernières années, soit plus de 1.868 projets pour environ 48 milliards de dollars américains avec près de 237.000 emplois permanents créés, avec environ 800 investisseurs. L’ANAPI cherche à élargir son champ d’action en allant au-delà de sa mission de promotion des investissements. Son ambition est d’accompagner réellement les investissements dans la chaîne de valeur. Lundi au Pullman Grand Hôtel Kinshasa, son directeur général, Anthony Nkinzo, a fait le point d’un service public debout, qui aura résisté à toutes les turbulences pour enfin se confirmer comme la porte idéale d’entrée de tout investisseur en RDC. « Le chantier est vaste, mais nous devons maintenir le cap », croit dur comme fer Anthony Nkinzo.

L’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) a célébré, le lundi 31 février 2022, au salon Lubumbashi du Grand Hôtel Kinshasa, ses 20 ans d’existence. C’était l’occasion pour le Conseil d’administration et le Comité de gestion de l’ANAPI de faire le bilan pour mieux aborder l’avenir.

Premier à prendre la parole, Hugues Toto, président du Conseil d’administration de l’ANAPI, a indiqué qu’en 20 ans de fonctionnement, l’ANAPI, a véritablement joué son rôle de «conseiller» du Gouvernement pour tout ce qui se rapporte au climat des affaires.

Certes, l’ANAPI ne met pas en œuvre les réformes, mais Hugues Toto a néanmoins indiqué que l’ANAPI a efficacement servi de relais dans l’accompagnement des services réformateurs.

Pour sa part, le directeur général de l’ANAPI, Anthony Nkinzo, a circonscrit le cadre organique et opérationnel de l’ANAPI, depuis sa création en 2002 jusqu’à ce jour, saluant, à l’occasion, tous les pionniers qui ont posé les bases de cet important service public, notamment le professeur Matthias Buabua wa Kayembe, son tout premier directeur général, suivi de Mme Wivine Mumba Matipa. «Ils ont été les précurseurs d’une agence qui a fait ses preuves durant ses vingt dernières années», a rappelé Anthony Nkinzo.

Pays immensément riche, avec d’importantes potentialités naturelles, le directeur général de l’ANAPI a fait remarquer que, dans son travail de promotion des investissements, l’ANAPI s’est fixée l’objectif d’amener la RDC à traduire ces dotations en richesses réelles.

En 20 ans d’existence, l’ANAPI aligne un palmarès élogieux. Avec son accompagnement, 1.868 projets pour plus de 48 milliards USD, soit plus de 237.000 emplois permanents créés, avec environ 800 investisseurs. Si ce tableau est flatteur, Anthony Nkinzo pense qu’il y a moyen de faire plus. «Ces 20 ans sont l’occasion de jeter de nouvelles bases pour de nouvelles perspectives», note-t-il.

L’ANAPI a désormais des atouts nécessaires pour une meilleure promotion des investissements, a indiqué son directeur général. Mais, beaucoup, pense-t-il, reste à faire. «Nous y sommes engagés. Avec la mise en œuvre d’un plan stratégique, l’ANAPI est sur la bonne voie».

Révision du Code des investissements : le grand débat

C’était l’occasion de lancer un appel à la mobilisation, aussi bien à l’Etat congolais, au personnel de l’Etat qu’à tous les services réformateurs.  Sa détermination reste cependant ferme : «Le chantier est vaste, mais nous devons maintenir le cap», convaincu que le soutien à l’entrepreneuriat privé est «la clé de développement de ce pays ».

Selon lui, le temps est venu de lancer un grand débat national autour de la révision du Code des investissements pour l’adapter au nouveau contexte de l’économie mondiale.

«Ma conviction, c’est que le pays se donnera plus de moyens d’enclencher cette dynamique si nous faisions évoluer notre actuel Code des investissements afin de l’adapter au contexte économique actuel et aux ambitions de développement du pays. Depuis son entrée en vigueur en 2002, plus d’une dizaine de textes ont été promulgués au profit des investisseurs. Cette situation insinue un effet d’obsolescence du Code des investissements qui, dans sa configuration actuelle, ne concerne que les investissements réalisés dans les activités économiques autres que celles régies par des lois particulières, à l’instar des mines, les hydrocarbures, la banque, les assurances et réassurances, les activités commerciales, etc. Dans bien des aspects, ce Code des investissements semble être en déphasage avec l’architecture économique actuelle du pays ».

Il estime, à cet effet, que « le temps est donc venu de porter ce débat essentiel sur la place publique, au Gouvernement et au Parlement, afin que des réflexions sérieuses soient menées et que des actions correctives soient diligentées dans l’objectif d’assurer une certaine compétitivité à notre économie nationale, à l’heure où la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) se concrétise et que le pays est sur le point de rejoindre la Communauté des Etats de l’Afrique Orientale ». Avant d’exprimer son souhait : «J’espère qu’entre aujourd’hui et décembre prochain, nous prendrions le temps de réfléchir à cette question. En synergie avec le Gouvernement, les Honorables Députés et Sénateurs, le secteur privé, les scientifiques, la société civile, la jeunesse et les médias ».

Affronter de nouveaux défis

De l’avis de son directeur général, ces 20 ans imposent de nouveaux défis à l’ANAPI. «Vingt ans, C’est le moment de se tourner vers l’avenir et explorer de nouveaux défis», a-t-il lancé.

A cet effet, il pense que l’ANAPI doit s’inscrire dans une nouvelle dynamique. Il s’agit «d’aller au-delà de la promotion pour faire enfin du développement des investissements», tout en travaillant à l’extension de l’ANAPI en provinces. Et d’ajouter : «Notre ambition est de nous assurer une présence à l’international dans de régions stratégiques au fort dynamique économique».

 Le mandat de l’ANAPI est pertinent, mais il doit évoluer», rappelle-t-il, promettant que «l’ANAPI tâchera de demeurer au cœur de l’émergence de la RDC».

Aussi, annonce-t-il une série d’activités mensuelles pendant lesquelles l’ANAPI se mettra à l’écoute de différentes parties directement impliquées dans la promotion et le développement des investissements.

L’ANAPI reste toujours fidèle à son crédo pour les prochaines années : «ANAPI, au service des investisseurs pour un Congo prospère».

En termes de l’amélioration du climat des affaires, l’ANPI va-t-elle lâcher prise, avec la suspension du rapport Doing Business de la Banque mondiale ? Anthony Nkinzo n’y croit pas. « Les réformes sont faites pour nous, pas pour satisfaire la Banque mondiale Malgré la suspension du rapport Doing Business, nous allons garder le rythme et ne pas perdre le bel élan que nous avons pris dans l’assainissement de l’environnement des affaires», rassure-t-il.

C’est sur une note d’espoir que le directeur général de l’ANAPI a conclu son message. «Vingt ans plus tard, le mandat de l’ANAPI reste aussi pertinent que jamais. Toutefois, ce mandat doit évoluer pour permettre à cette institution de jouer pleinement son rôle de catalyseur de développement. Notre mission est urgente. Je reste persuadé qu’en travaillant ensemble, nous pourrons créer un environnement propice à la création de richesses, soutenu par un cadre législatif moderne et des institutions fortes et stables rendant possible une croissance soutenue qui permettra de réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Pour sa part, l’ANAPI tâchera de demeurer au cœur de la transformation socio-économique de la RDC, et de l’émergence d’une véritable classe moyenne congolaise ».

F.K.