Monétariste ou « spécialiste en questions monétaires » : le prof Vincent Ngonga se démarque

Dans les milieux académiques, il est présenté comme le digne héritier du professeur émérite Omer Tshiunza Mbiye, décédé le 23 décembre 2021 à Kinshasa. Le professeur Vincent Ngonga Nzinga refuse cependant d’être aligné comme monétariste et préfère plutôt s’afficher comme « spécialiste en questions monétaires ». La différence est bien réelle, dit-il. Son point de vue.

Il y a une nette différence entre les spécialistes en questions monétaires et les monétaristes. Je ne suis pas monétariste parce que je n’épouse pas les idées-forces de l’école de Chicago. La principale idée-force est: « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ». Dixit Milton Friedman.

Dans toute économie monétaire, il existe trois types d’inflation: l’inflation de la demande d’origine monétaire ou Budgétaire, l’inflation par les coûts ou d’offre et l’inflation structurelle. Les monétaristes soutiennent que seul l’excès de monnaie est à la base de l’inflation. D’où l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. En réalité, il fallait plutôt soutenir que l’inflation est toujours et partout un phénomène de l’économie monétaire.  En économie de troc, il n’y a pas d’inflation ni de déflation car les biens s’échangent contre biens : il n’y a pas d’étalon de référence pour réaliser les échanges, servir d’unité de compte ou de réserve de valeur.

L’inflation, en réalité, procède de la dévalorisation de l’étalon lié, soit à sa surabondance (inflation monétaire), soit à l’augmentation du prix d’un élément de la structure des coûts de production (inflation par les coûts), soit à des goulots d’étranglement structurels renchérissant les prix des biens et services (inflation structurelle).

Actuellement, l’économie congolaise est confrontée à une inflation par les coûts subséquente aux perturbations crées par le Covid-19 au plan des échanges internationaux (réduction des vols internationaux, fermeture de certaines frontières, répercussions de confinements sur la production de certains biens…). D’où cet apparent paradoxe : alors que le taux de change est remarquablement stable depuis août 2020 à ce jour, grâce notamment à l’observance du financement monétaire nul entraînant l’absence de l’inflation monétaire, les prix sur les marchés des biens et services fluctuent à la hausse en raison de l’augmentation des droits de douane et des coûts de fret, notamment imputables aux perturbations causées par le Covid-19 et impliquant l’inflation par les coûts.

D’où, en conclusion, l’inflation n’est pas seulement un phénomène monétaire, puisqu’elle persiste actuellement alors que le financement monétaire est nul. Elle persiste tout simplement du fait de l’augmentation des coûts à l’importation. L’inflation est un phénomène de l’économie monétaire.                                                

Il existe plusieurs courants de pensée qui parlent des questions monétaires : les keynésiens, les post-keynésiens, les néo-keynésiens, les nouveaux keynésiens, les monétaristes, les nouveaux classiques, les classiques, les structuralistes, …. Le prof Tshiunza était plus proche des structuralistes qui soutiennent que la persistance de l’inflation dans nos économies tient à l’enracinement des défauts structurels sur lesquels fleurit l’expansion excessive de la monnaie. Moi, je suis d’une approche éclectique (consistant à tirer l’essentiel du vrai défendu par les différents courants), mais avec un penchant pour les nouveaux keynésiens.

D’où, ma préférence pour la terminologie « spécialistes en questions monétaires ».

Prof Vincent Ngonga Nzinga