Depuis l’alternance démocratique de décembre 2018, la République Démocratique du Congo (RDC) a observé un paysage politique en constante évolution, particulièrement marqué par les dynamiques des partis politiques phares de la majorité au pouvoir : l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel. Ces deux formations politiques ont mis en œuvre des stratégies innovantes pour consolider leur emprise sur le pouvoir, chacune à sa manière.
L’UDPS, héritière d’un long combat pour la démocratie, s’appuie sur ses structures internes, dénommées les «Forces du progrès», pour entreprendre des actions parfois controversées qui soulèvent des questions sur la gestion démocratique. Ces groupes sont souvent sollicités pour réaliser des tâches délicates, leur permettant d’agir dans l’ombre tout en protégeant l’image du parti. Les critiques sont vives quant à leur rôle dans les opérations de contrôle social qui peuvent s’apparenter à des dérives autocratiques.
De son côté, l’UNC de Vital Kamerhe déploie une approche similaire avec ses «Bérets rouges». Ce groupe paramilitaire non officiel est devenu omniprésent dans le paysage politique congolais, défiant ouvertement l’autorité publique dans un contexte de silence complice des institutions. Les «Bérets rouges» de Vital Kamerhe viennent de se distinguer en passant à tabac un militant pour avoir, disent-ils, offensés leur leader.
Leur existence soulève des inquiétudes quant à la consolidation du pouvoir et à la sécurité dans un pays où les questions de gouvernance sécuritaire demeurent préoccupantes.
La cohabitation de ces deux milices, celle des Forces du progrès d’une part, et celle des Bérets rouges, d’autre part, révèle une volonté de la part des partis au pouvoir de s’affranchir des règles démocratiques. Ce qui serait un grave recul.
Les pouvoirs publics, constatant ces dérives, semblent garder un silence pour le moins troublant, laissant place à une inquiétante impunité.
Face à cette situation, les acteurs politiques et la société civile interpellent les instances locales sur la nécessité de défendre les valeurs démocratiques et de prévenir toute forme d’autoritarisme.
Alors que la démocratie se consolide – le pays est à son quatrième cycle électoral depuis 2006 – le défi pour les Congolais sera de s’assurer que l’alternance démocratique ne se transforme pas en une nouvelle forme de tyrannie, où l’innovation politique rime avec dérive et non avec progrès.
Econews