A cœur ouvert avec Ruben Luabeya, responsable de la Division énergie de LBK

Jeune ingénieur congolais, formé en Floride aux Etats-Unis, Ruben Luabeya, est parmi cette rare main-d’œuvre congolaise qui a participé, aux côtés de Kipay Energy, à la construction de la centrale photovoltaïque de Lumbwe, dans la cité de Fungurume (province du Lualaba). Vendredi 10 mai, alors qu’une délégation des participants à la 7ème Conférence sur l’énergie était en visite sur le site de Lumbwe, Ruben Luabeya s’est confié à la presse. Entretien.

Ruben Luabeya, un jeune ingénieur congolais formé en Floride aux États-Unis, a marqué un jalon important dans sa carrière en participant à la construction de la centrale photovoltaïque de Lumbwe, située dans la cité de Fungurume, province du Lualaba. Son implication aux côtés de Kipay Energy dans ce projet d’envergure souligne le talent et l’expertise des professionnels congolais dans le secteur de l’énergie renouvelable.

La centrale photovoltaïque de Lumbwe est un symbole de l’engagement du Congo dans la transition vers une économie plus verte et durable.

Lors de la visite du site de Lumbwe par une délégation des participants à la 7ème Conférence sur l’énergie, organisée du 9 au 11 mai 2024 à Kolwezi, Ruben Luabeya a eu l’occasion de partager son expérience et ses perspectives sur le développement de l’énergie solaire dans le pays.

Dans une interview accordée à la presse, Ruben Luabeya a souligné l’importance de l’innovation et de l’expertise locale dans la réalisation de projets énergétiques d’envergure. Il a partagé sa passion pour les énergies renouvelables et son engagement en faveur d’un avenir énergétique plus durable pour le Congo et l’Afrique dans son ensemble.

La réussite de Ruben Luabeya témoigne du potentiel des jeunes talents congolais dans le domaine de l’ingénierie et de l’énergie. Son parcours, marqué par une formation de qualité à l’étranger et une contribution significative à des projets locaux d’importance, inspire la nouvelle génération d’ingénieurs et d’entrepreneurs congolais à s’engager dans des initiatives innovantes et durables.

En tant que figure montante dans le secteur de l’énergie solaire, Ruben Luabeya incarne l’excellence et le dynamisme de la jeunesse congolaise. Son histoire est un exemple de réussite et d’inspiration pour tous ceux qui aspirent à contribuer au développement économique et environnemental de leur pays.

Quelle est la particularité du projet de Lumbwe et qu’est-ce que LBK apporte dans le monde énergétique ?

Premièrement, ici nous sommes encore une fois sur la centrale photovoltaïque de Lunbwe à Fungurume. C’est une centrale qui produit 2,4 MW avec comme développeur principal Kipay Investment.

Kipa Investment, qui est une compagnie de droit congolais, a sous-traité des Congolais dans LBK comme ingénieur principal pour faire l’ingénierie, la construction et la conception de la centrale photovoltaïque. Alors nous avons travaillé avec plusieurs autres compagnies dont EKMM et Smart Congo pour arriver à exécuter ce projet correctement.

Ensemble, dans notre construction, nous amenons de l’énergie verte dans le réseau. Au lieu d’utiliser des groupes électrogènes, nous amenons de l’énergie photovoltaïque. En plus de ça, nous amenons aussi des capitaux congolais, puisque l’argent est sponsorisé principalement par un Congolais.

Et puis, troisièmement, nous amenons plus d’énergie sur le marché. Ici, nous sommes dans la première centrale photovoltaïque construite par un Congolais, toutes les autres centrales ont été construites par des étrangers, soit des Kenyans, soit des Egyptiens. Dans le cas de Lumbwe, les fonds, la technologie, l’ingénierie, l’intelligence sont venues du promoteur et exécutées par des Congolais.

Dans cette première phase, nous produisons 2,4 MW. Ça ne fait rien comparé à ce que le site d’INGA  produit en ce moment. Mais progressivement, on peut faire monter les capacités si on a plus d’ingénieurs congolais qui arrivent à exécuter à ce niveau. Avec plus de capitaux, on sait très vite arriver à couvrir le déficit énergétique. En RDC, on n’a que 13% de taux d’électrification.

Pendant ce moment, il y a des femmes dans les hôpitaux qui meurent puisqu’elles n’arrivent pas à accoucher, ou bien elles accouchent dans le noir, ou bien les enfants qui n’ont pas de couveuse, puisqu’il n’y a pas assez d’énergie.

A Lumbwe, Kipay et ses sous-traitants, dont LBK, ont pu montrer qu’avec suffisamment d’argent, on sait faire quelque chose de consistant pour pouvoir combler ce déficit en énergie électrique. Très progressivement, on va y arriver. Nous y croyons.

L’expérience démontre que tout ce qui est congolais n’a pas une longue vie. En quoi le projet Lumbwe fait-il exception ? Est-ce le fait, par rapport à votre cas, d’avoir étudié aux Etats-Unis ?  

Non, non, non ! Ce n’est pas cet orgueil, même pas cette audace de dire que parce qu’on a étudié aux États-Unis qu’on est supérieur qu’aux autres, non.

Dans LDK, 80% de nos ingénieurs et de nos effectifs sont purement congolais, sortis des universités congolaises, de Likasi, de Lubumbashi ou de Kinshasa. Vraiment des congolais.

Par rapport à ce qui a été fait, nous avons une garantie de ce qu’on va exécuter, puisque le matériel, quand on l’achète, on l’achète avec des garanties du fabricant.

Pour 10 ans, on sait que tel matériel, tel matériel doit respecter certaines conditions, et s’il ne respecte pas, le fabricant est pénalisé.

Par rapport à Kipaï, nous respectons aussi certaines normes pour se rassurer de la bonne opération des installations.

Nous avons nos ingénieurs qui supervisent toutes les opérations de la production d’énergie quotidienne sur la centrale. En cas de problème, nous savons trouver des solutions.

Si ce n’est pas un secret, à quelle hauteur se chiffre ce grand projet que vous venez d’exécuter ?

Franchement, je ne sais pas vraiment rentrer dans le montage financier de ce projet. Vous comprendrez que c’est un dossier sensible, mais les prix du marché sur le kilowattheure vendu est reconnu. A Lumbwe, on ne sera pas  loin du prix du marché.

Avez-vous des assurances de la SNEL pour la continuité ou pour la distribution ?

Le dynamisme avec la SNEL a eu beaucoup de variantes. A un certain moment, c’était bon, mais les choses sont mises en place pour pouvoir arranger tout et pouvoir s’interconnecter sur le réseau SNEL. La ligne que nous avons faite de 7 km va emmener l’énergie déjà jusqu’au poste de la SNEL sur place à Fungurume, il suffit de pouvoir finaliser toute la phase administrative pour s’interconnecter,

Est-ce que vous pouvez nous faire un condensé du projet Lumbwe?

Le projet Lumbwe, c’est une centrale photovoltaïque de 2,4 MW qui est couplée à une batterie de 1,8 MWh, permettant de produire de l’énergie crête sur la ligne. Les batteries nous servent à pouvoir faire que la courbe de production soit plus ou moins harmonieuse. Donc on charge les batteries en matinée, et en soirée, on cherche à décharger les batteries pour permettre à ce que le soleil se couche correctement afin de respecter cette courbe de production.

A terme, le projet vise la capacité maximale de combien ?

Le projet vise une capacité maximale de 48 MW. Dans la deuxième phase, on ira jusqu’à 10 MW. Après ça, on va augmenter sur le reste jusqu’à atteindre 48 MW. Mais là, on ira en haute tension, jusqu’au niveau de la SNEL.

F.K. (Depuis Kolwezi)