A presque deux mois du 20 décembre 2023, la Céni remet en cause son fichier électoral !

Denis Kadima, président de la CENI

Quoique portant la date du 5 octobre 2023, le communiqué de presse n° 050/CENI/2023 n’a été rendu public qu’une semaine après. En six paragraphes, il commence par relever que «conformément à l’article 6 de la Loi électorale, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), par sa Décision n°111/CENI/AP/2023 du 06 octobre 2023, arrête et publie la liste provisoire des électeurs par le Centre de Vote, avec indication du Bureau de Vote». Le deuxième paragraphe est « Pour diverses raisons, notamment le manque d’espace physique dans les Antennes de la CENI et le risque de vandalisme de ces listes ou d’intempéries (pendant la saison pluvieuse), en lieu et place d’un affichage, la consultation desdites listes se fera auprès d’un agent appelé Préposé à l’affichage affecté à cette tâche au niveau de chaque Antenne de la CENI». Tandis que le troisième est : «Tout électeur, tout candidat et tout parti politique ou regroupement politique est invité à consulter la liste provisoire des électeurs sur le site web : www.ceni.cd ou à l’Antenne du ressort de son lieu d’enrôlement de la CENI pendant les jours où ces listes y seront disponibles…»
C’est les quatrième et cinquième paragraphes qui justifient le titre. En effet, l’énoncé du quatrième est : «Durant cette période, il est soumis au Préposé à l’affichage de la CENI, dans le ressort de chaque Antenne, toutes les réclamations liées à l’omission sur la liste électorale». Celui du cinquième est : «Il convient de souligner que si un électeur ne se présente pas à la consultation, il court le risque, en cas d’omission, de ne pas exercer son droit de vote».
Le sixième, selon lequel «Les réclamations recueillies par le Préposé à l’affichage de la CENI sont traitées et consolidées à l’Antenne en vue de l’établissement de la liste définitive des électeurs», est la suite logique des précédents.

DES ARGUMENTS QUI TOMBENT
D’abord, il y a lieu de rappeler au Bureau de la Centrale électorale qu’à l’exception du second tour de la présidentielle de 2006 intervenu le 30 juillet en pleine saison sèche, tous les autres cycles (2011 et 2018) se sont déroulés en pleine saison de pluie. Conséquence : l’argument relatif aux intempéries tombe.
S’agissant du manque d’espace physique d’affichage et de risque de vandalisme, ces deux arguments tombent aussi dès lors que les cycles précédents n’en ont pas connu ! A moins d’un suggestionnement en ce qui concerne particulièrement le vandalisme.
Le renvoi des électeurs au site web de la CENI n’a de sens que pour des grands centres urbains où l’accès à Internet ne pose aucun problème. On ne voit pas comment, en milieux ruraux abritant la majorité des électeurs, on pourra facilement accéder à Internet pour s’assurer de la présence sur la liste électorale.

PAS NECESSAIREMENT EN FAVEUR DE FELIX TSHISEKEDI
Ensuite, la Céni disqualifie tout le travail d’enrôlement et d’identification des électeurs lorsqu’à deux mois du scrutin, elle fait été des «réclamations liées à l’omission sur la liste électorale» et impute à l’électeur qui ne se sera pas présenté à la consultation de la liste encore provisoire la responsabilité, «en cas d’omission, de ne pas exercer son droit de vote».
Reprenons les choses calmement : du 24 décembre 2022 au 25 avril 2023, la Centrale électorale effectue des opérations menant à la constitution du fichier électoral, autrement dit du corps électoral.
En date du 23 mai 2023, cinq experts électoraux dont trois Congolais, un Sud-africain et un (1) Malawite estiment fiable le fichier électoral produit par la CENI. D’ailleurs, en juillet 2023, la Centrale électorale exclut toute possibilité d’un nouvel audit. C’est ainsi que le 1er septembre dernier, elle convoque officiellement le corps électoral. Preuve qu’on ne peut plus parler de liste provisoire, omission ou quoi que ce soit du genre.
Entre-temps, tout le monde en est conscient : la carte d’électeur délivrée se caractérise par des carences mineures et majeures. Si la dissipation des écrits et de la photo peut être qualifiée de carence mineure (parce qu’on a décidé de remplacer la carte électorale défectueuse par un duplicata), l’omission des données est, elle, une carence majeure.
Cette omission est révélée par des électeurs qui ont obtenu des cartes pendant les opérations d’identification et d’enrôlement, mais dont les données n’ont pas été enregistrées dans la mémoire des ordinateurs. Il paraît, sur la foi d’un électeur n’ayant pas retrouvé ses données à l’Antenne de la CENI/Lemba, que même Denis Kadima est dans la même situation !
Ainsi, par son communiqué du 5 octobre 2023, la Centrale électorale reconnaît subtilement ou imprudemment la non-fiabilité de son fichier électoral.
Or, le fichier électoral (lire corps électoral) non fiable ne peut pas produire des résultats électoraux fiables.
Par voie de conséquence, le Bureau Denis Kadima a fauté de façon volontaire. Pas nécessairement en faveur de Félix Tshisekedi, comme on serait tenté de l’admettre ou de le croire. Peut-être qu’un Saint Sylvestre II a été planifié, cette fois-ci sans «Centre interdiocésain ».
Pour rappel, c’est là que les opérations menées de juillet à décembre 2016 par le Bureau Naanga avaient été recommencées pour aboutir sur les élections de décembre 2018 !
Au pays d’une Transition qui en cache une autre, il revient souvent à la fin de justifier les moyens.
Visiblement, on y est…
Omer Nsongo die Lema
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