Accord énergétique entre Kinshasa et Brazzaville, Luanda se met à l’écart

C’est sans l’Angola que la République Démocratique du Congo et la République du Congo ont décidé de mutualiser leurs efforts pour relever le défi énergétique qui s’imposent à leur pays respectif. Initialement annoncé lundi à Brazzaville, c’est en dernière minute que le président angolais João Lourenço a annulé son déplacement. C’est donc en bipartite que Kinshasa et Brazzaville ont scellé un accord, dit «boucle de l’amitié énergétique», pour une gestion commune de leur potentiel énergétique. Si la République du Congo est bien dotée en gaz, la RDC par contre jouit plutôt d’un vaste potentiel en hydroélectricité. L’accord scellé lundi à Brazzaville pose le principe de «partage des ressources énergétiques» comme «un des moyens d’intégration les plus efficaces entre les deux Etats et un facteur de développement économique mutuel au sein de la sous-région».

Initialement prévue sous le format d’une tripartite entre la République Démocratique du Congo, la République de l’Angola et la République du Congo, le mini-sommet qui s’est tenu, le lundi 6 décembre 2021, s’est transformé en bilatéral entre Kinshasa et Brazzaville. Retenu pour des «charges relatives à ses responsabilités », le président angolais João Lourenço n’a pas pu faire le déplacement de Brazzaville.

C’est donc sans Luanda que Kinshasa et Brazzaville ont scellé un accord qui vise à la mutualisation de leurs efforts pour relever le défi énergétique qui se pose autant dans leur pays respectif que dans la sous-région de l’Afrique Centrale.

Lourenço, le grand absent

C’est finalement sans le géant angolais, João Lourenço, que les deux pays ont scellé cet accord. Qu’est-ce qui a justifié l’absence du président angolais?

Officiellement, on la motive par son agenda très chargé qui l’aurait retenu dans la capitale angolaise. Mais, selon les bruits des couloirs, des sources internes rapportent que Luanda, qui a déjà un conflit avec la RDC sur le plateau continental où il continue à exploiter le pétrole au détriment de la RDC, a préféré se mettre à l’écart de l’accord énergétique qui lie Kinshasa à Brazzaville.

C’est sans surprise que la déclaration du mini-sommet a laissé une brèche, en attendant, sans doute, que Luanda se prononce sur sa participation dans ce projet. A ce propos, les deux chefs d’Etat, signataires de l’accord de Brazzaville, ont invité les pays de la sous-région, principalement l’Angola, à « se joindre à leurs efforts pour l’intégration sous régionale en matière énergétique ».

Ce qui a été fait à Brazzaville

C’est sur le coup de 11h50, heure de Brazzaville, que le bateau « Majestic River » a accosté, lundi au Beach Mpila de Brazzaville, avec à son bord le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, venu procéder à la signature de la déclaration conjointe et assister à la signature de l’accord bipartite sur la collaboration énergétique entre le Congo et la RDC.

À son arrivée, il a été accueilli par le chef du gouvernement de la République du Congo, Anatole Collinet Makosso, qu’accompagnait son homologue RD Congolais, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala, la Dircaba du Chef de l’État en matières diplomatique et juridique, Nicole Ntumba Bwatshia, l’ambassadeur de la RDC au Congo, Christophe Muzungu et tant d’autres personnalités.

Après les honneurs militaires d’usage, le cortège s’est ébranlé pour le Palais du peuple où le maître des céans, Denis Sassou Nguesso et son hôte, Félix Tshisekedi, se sont retrouvés en tête-à-tête au salon des ambassadeurs pour plus d’une heure

A l’issue de cet aparté, l’allocution du ministre congolais des hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, est venue circonscrire les contours de ce projet, surnommé «boucle de l’amitié énergétique» et qui a comme partenaire privilégié le prince héritier des Émirats Arabes Unis, représenté pour la circonstance.

Après le discours du ministre des hydrocarbures congolais est intervenu – dans la salle du Conseil des ministres – le clou de la journée, à savoir la signature proprement dite de la déclaration conjointe par les deux chefs d’État, lue immédiatement après par le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères de la RDC, Christophe Lutundula Apala, et celle de l’accord bipartite sur la coopération énergétique entre les deux Congo par les deux ministres respectifs aux Hydrocarbures du Congo/Brazzaville, Bruno-Jean-Richard Itoua, et son collègue de la RDC Olivier Mwenze Mukaleng.

Selon la presse présidentielle, «ces signatures cristallisent la volonté de deux gouvernements de mettre en œuvre, au cœur du continent africain, une mutualisation des moyens et ressources énergétiques pour le plus grand bénéfice de leurs peuples respectifs». Ces signatures consacrent la volonté respective de deux pays d’œuvrer ensemble sur le plan énergétique, base de tout développement.

Econews