Accord RDC – FMI : Kinshasa franchit avec succès le cap de la 5ème revue

Jamais la République Démocratique du Congo n’a réussi à mener à terme un programme soutenu par les services du Fonds monétaire internationale (FMI). Si on ne devait que prendre en compte l’histoire récente de la RDC, le Gouvernement a conclu, depuis 2002, année de la reprise de la coopération avec les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque Mondiale), deux programmes qui ont fait flop à bout de parcours, généralement à l’étape fatidique de la 4ème revue. Le programme, qui a marqué le retour du FMI en 2002, a chaviré en 2006 au bout de quatre revues.

Après trois ans de passage à vide, la RDC conclut en 2009 un second Programme économique du Gouvernement, communément appelé PEG II. A l’instar du précèdent, le PEG II ne résistera pas non plus à l’épreuve du temps. Il va, comme toujours, se désintégrer en 2012, à l’étape de la 4ème revue, en raison d’une opacité d’un certain nombre de contrats miniers.

Depuis lors, entre la RDC et le FMI, c’était l’hibernation.

C’est avec l’avènement du Président Félix Tshisekedi en 2019 que la RDC va renouer, deux ans après, soit en juillet 2021, par la conclusion d’un accord triennal soutenu par les services du FMI au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC). On craignant que, sous le mandat de Félix Tshisekedi, le Gouvernement retombe dans les travers de 2006 et 2012. Que nenni !

Depuis deux ans, le Gouvernement Sama Lukonde, sous le leadership du Président Félix Tshisekedi, est parvenu à déjouer tous les mauvais pronostics, passant enfin la barre fatidique de la 4ème revue d’un programme soutenu par le FMI. Les démons de 2003 et 2012 ont été vaincus. Un motif de satisfaction pour le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui s’est félicité de la conclusion, dans les termes satisfaisants, de la 5ème revue de l’accord triennal qui lie, depuis juillet 2021, la RDC au FMI. C’est ce qu’on retient des conclusions d’une mission du FMI qui vient de boucler, le 31 octobre 2023, les consultations au terme de la 5ème revue de cet triennal.

Le Gouvernement l’a enfin réalisé. En attendant l’avis favorable du Conseil d’administration du FMI, la RDC a toutes les certitudes de passer avec succès la 5ème revue de l’accord conclu avec le FMI.

« À partir des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction, sera présenté au Conseil d’administration pour examen et décision », indique un communiqué de fin de mission de l’équipe du FMI.

Quant au Gouvernement de la RDC, il ne lui restera donc plus qu’une seule revue pour boucler de la plus belle manière l’accord scellé en juillet 2021 avec le FMI.

Chapeau bas au Chef de l’Etat, au Premier ministre et au ministre des Finances ! Vous l’avez fait ! Les vieux démons de 2006 et 2012 ne sont plus qu’un vieux souvenir…

Voici, en intégralité, la déclaration de l’équipe du FMI dépêchée récemment à Kinshasa.

ECONEWS

L’équipe du FMI est parvenue à un accord au niveau des services avec la RDC pour la cinquième revue de la Facilité élargie de crédit

(31 octobre 2023) L’équipe du FMI et la République Démocratique du Congo sont parvenues à un accord au niveau des services sur les politiques économiques en vue de la conclusion de la cinquième revue du programme triennal soutenu par la facilité élargie de crédit (FEC).

La croissance reste résiliente malgré un environnement difficile et incertain, mais la situation budgétaire s’est détériorée et l’inflation a accéléré.

Des politiques économiques prudentes sont encouragées, y compris une limitation des dépenses non essentielles, ainsi que des efforts pour améliorer la gestion des finances publiques, la mise en œuvre de la politique monétaire, la gouvernance et la transparence.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Calixte Ahokpossi, a mené des réunions avec les autorités à Kinshasa du 18 au 31 octobre 2023, pour discuter des progrès des réformes et des politiques des autorités dans le cadre de la cinquième revue de l’accord triennal de la RDC au titre de la facilité élargie de crédit (FEC).

L’accord a été approuvé par le Conseil d’administration du FMI le 15 juillet 2021 pour un montant total de 1.066 millions de Droits de tirages spéciaux (DTS) (environ 1,52 milliard de dollars).

A la fin de la mission, M. Ahokpossi a publié la déclaration suivante :

« Sur la base d’une évaluation préliminaire de la performance du programme et d’un accord sur les politiques économiques à mettre en œuvre, les autorités de la République démocratique du Congo et l’équipe du FMI sont parvenues à un accord au niveau des services sur les politiques économiques en vue de la conclusion de la cinquième revue de l’accord au titre de la FEC.

Sous réserve de l’approbation de la direction du FMI et de son examen par le Conseil d’administration du FMI attendu d’ici la mi-décembre 2023, l’achèvement de la revue permettra le décaissement de 152,3 millions de DTS pour constituer des réserves internationales.

Malgré un environnement difficile et incertain, l’économie reste résiliente. Tirée par un secteur extractif dynamique, la croissance devrait dépasser 6% en 2023, malgré la chute des prix du cobalt et l’insécurité à l’Est. La dépréciation du franc congolais a pesé sur l’inflation, qui a accéléré à 23,3% sur un an en juillet 2023, avant de revenir légèrement en dessous de 22% en octobre 2023. Pour contenir les pressions inflationnistes, la Banque centrale du Congo (BCC) a augmenté son taux directeur de 1.400 points de base en août, à 25%.

Les recettes intérieures du gouvernement ont été inférieures aux prévisions du programme sur les trois premiers trimestres de 2023.

En réponse, les dépenses ont été ajustées pour donner la priorité aux dépenses liées à la sécurité et aux élections, ainsi qu’à d’autres dépenses courantes plutôt qu’au remboursement des arriérés.

Les réserves internationales brutes ont modérément augmenté à environ 5,0 milliards de dollars fin octobre 2023, la position extérieure faisant face à plusieurs vents contraires.

Le déficit du compte courant est resté élevé, les recettes fiscales minières libellées en dollars ont été inférieures aux prévisions et la BCC est intervenue de manière significative face à des pressions à la dépréciation du taux de change.

Dans un contexte de fortes incertitudes, il est important que les politiques économiques restent prudentes et que les réformes se poursuivent.

Sur le plan budgétaire, il est crucial de garder les dépenses non essentielles sous contrôle, de rationaliser les dépenses en biens et services, tout en préservant les dépenses sociales et les investissements prioritaires. Dans ce contexte, la mission a salué la récente décision des autorités d’augmenter les prix à la pompe et de rembourser une partie des arriérés de subventions aux carburants. Les politiques budgétaires doivent être soutenues par des efforts de réforme continus pour améliorer le processus budgétaire, renforcer la gouvernance budgétaire et améliorer l’efficacité des dépenses. Ces efforts incluent l’opérationnalisation de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, des progrès vers le compte unique du Trésor et le renforcement du contrôle des dépenses en procédures d’urgence.

Sur le plan monétaire, la BCC devrait renforcer la mise en œuvre de la politique monétaire afin de contenir les pressions inflationnistes.

La flexibilité du taux de change reste essentielle pour absorber les chocs extérieurs et préserver les réserves. Les interventions sur le marché des changes devraient se limiter à atténuer les épisodes d’extrême volatilité du taux de change.

Le FMI continuera également à soutenir des réformes ambitieuses visant à renforcer la stabilité financière et à améliorer l’accès aux services bancaires.

Les autorités devraient intensifier leurs efforts pour améliorer la transparence et la gouvernance, y compris via l’engagement continu à publier en temps opportun les contrats miniers et des institutions de contrôle fortes, telles que la Cour des Comptes ou l’Inspection générale des finances.

Des progrès décisifs sont nécessaires pour rendre efficace la loi sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB/FT) et pour mettre en œuvre le plan d’action visant à sortir de la liste grise du Groupe d’action financière.

La mission a rencontré le chef de cabinet de la Présidence de la République Guylain Nyembo Mbwizya, le vice-Premier ministre et ministre de l’Economie Vital Kamerhe, le vice-Premier ministre et ministre de la Fonction publique Jean-Pierre Lihau, le ministre des Finances Nicolas Kazadi, la ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection sociale Claudine Ndusi, le vice-ministre du Budget Elysée Bokumuamua Maposo, la vice-ministre des Finances O’Neige N’Sele Mimpa, la gouverneure de la BCC Malangu Kabedi Mbuyi, d’autres hauts fonctionnaires, des partenaires au développement ainsi que des représentants du secteur privé et des organisations de la société civile. L’équipe du FMI remercie les autorités congolaises pour leur forte coopération et des discussions franches».

Département de la communication du FMI

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