Le Royaume-Uni fait face à une opposition massive contre son projet controversé d’envoyer au Rwanda les demandeurs d’asile arrivés illégalement sur le sol britannique. Malgré la polémique, toujours vive autour de l’accord signé jeudi, Londres et Kigali persistent sur la voie d’envoyer au Rwanda des demandeurs d’asile arrivés illégalement sur le sol britannique.
Et malgré la controverse, les deux pays restent intransigeants, comme en témoigne la tribune commune signée par Priti Patel, ministre de l’Intérieur britannique et Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires Étrangères. Pour eux, ce partenariat permettra de combattre le problème migratoire à la racine et pourrait même servir de modèle dans d’autres pays.
Pour l’instant, on ne sait toujours pas sur quels critères seront sélectionnés les migrants qui seront envoyés au Rwanda. L’ONU qui s’est dit vivement opposé à cet accord, estime que des projets similaires mis en place par exemple en Israël n’avaient pas donné de résultats positifs.
«Ils envoyaient, sur une base volontaire des Érythréens au Rwanda, des Soudanais en Ouganda. Et des gens ont quitté le Rwanda en une semaine. Cela ne dissuade donc pas les réseaux de passeurs, mais la favorise. Les gens sont allés au Soudan du Sud, le Soudan en Libye et ceux qui ont survécu sont retournés en Europe. C’était donc plus dangereux et demandait plus de travail pour les passeurs comparé à la Manche », explique Larry Bottinick du HCR.
Dimanche dernier, ce sont les leaders spirituels de l’Église anglicane qui s’en sont pris à ce projet. Dans son sermon de Pâques, l’archevêque de Canterbury a estimé qu’envoyer des demandeurs d’asile à l’étranger pose de «graves questions éthiques».
L’archevêque de Canterbury, Justin Welby, a dénoncé une décision contraire à la nature de Dieu. «La résurrection du Christ n’est pas un moment pour sous-traiter nos responsabilités », a-t-il dit en substance dans son sermon de Pâques.
Face aux critiques de l’évêque, le ministère britannique de l’Intérieur a défendu ce plan de relocalisation des migrants qui vise à décourager l’activité des passeurs. « Le Royaume-Uni a une fière histoire de soutien aux personnes dans le besoin et les programmes de réinstallation ont fourni des voies sûres et légales vers un meilleur avenir pour des centaines de milliers de personnes », a déclaré un porte-parole.
En vertu de l’accord signé jeudi dernier, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de plus de 140 millions de dollars US. Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait aux migrants la possibilité de s’installer de manière permanente au Rwanda s’ils le souhaitent.
Econews