Le procès autour de l’assassinat de Merveille Mulumba, fils de Freddy Mulumba Kabuayi, ancien directeur général de la RTNC, prend une tournure controversée au Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe. La famille dénonce des «manœuvres dilatoires» de l’institution judiciaire, accusée de protéger les responsables présumés du crime. Une situation qui interpelle le Garde des sceaux et ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, pourtant porteur d’un discours ferme sur l’assainissement des pratiques judiciaires. Entre opacité des procédures et promesses de réforme, l’affaire relance le débat sur l’indépendance de la justice congolaise.
Le procès sur l’«affaire Merveille Mulumba Kabuayi», fils de l’ancien Directeur général de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC), Freddy Mulumba, assassiné le 23 janvier 2025 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, sent la magouille, a rapporté l’ACP, après un entretien jeudi avec l’avocat-conseil de la famille.
«Ça sent la magouille dans ce dossier; le parquet n’a retenu que l’infraction de non-assistance à personne en danger, pourtant il y a eu mort d’homme, meurtre, selon l’autopsie effectuée sur le corps du défunt», a indiqué Me Nsumbu, avocat conseil de la famille Mulumba.
Le rapport d’expertise médico-légale de l’autopsie effectuée le 3 février 2025 au Centre hospitalier universitaire Renaissance (Ex-Maman Yemo) indique clairement que Merveille Mulumba était décédé surplace après avoir reçu un coup létal et ce genre de coup ne pouvait pas lui permettre d’avancer même de deux mètres.
«Au vu de tous ces éléments, il appartient que feu Merveille Mulumba a subi un violent mouvement de brisement ou de torsion du cou entraînant les fractures de C1 et C2 et une section médullaire spirale (…) sa mort est donc d’origine traumatique et de cause exogène (extérieure à l’organisme) avec intervention des tiers», a-t-on lu dans le rapport rédigé par Dr Kabasele Mputu, médecin expert.
Curieusement, le parquet près le Tribunal de paix (Tripaix) de Kinshasa-Gombe a, non seulement ignoré d’établir l’infraction de meurtre, mais attribué deux numéros au même dossier, avec les mêmes prévenus et les mêmes faits. Le 6 février 2025, le Procureur a envoyé le dossier au Tripaix sous le numéro RMP.6549/PPTP.021/01/025/EKA avec comme prévention «non-assistance à personne en danger»; curieusement, le 10 février 2025, il a changé le numéro et en a créé un autre contre inconnu : RMP.6592/PPTP021/1/025/EKA au Parquet de Grande instance de Kinshasa-Gombe pendant que les prévenus sont encore détenus au Tripaix où il a fixé une autre audience pour infraction de «non-assistance à personne en danger».
Dans ces conditions, le Tribunal de paix de Kinshasa-Gombe, saisi par le parquet uniquement pour « non-assistance à personne en danger», s’est déclaré «compétent», alors qu’en réalité, il devait se déclaré «incompétent» vu l’infraction de meurtre attester par le rapport de l’autopsie.
D’ailleurs, même les PV établis par l’OPJ de la Police nationale font état de deux infractions, à savoir non assistance à personne en danger et meurtre.
«Il est donc clair que tous les prévenus soient déférés devant le Tribunal de Grande instance qui est compétent pour juger l’infraction de meurtre», a insisté Me Nsumbu.
En clair, le résultat de l’autopsie de la mort de Merveille Mulumba, fils biologique de Freddy Mulumba, ancien DG de la RTNC, fait état d’un assassinat et non d’une mort naturelle. La partie victime dénonce donc la légèreté avec laquelle le magistrat du Tripaix traite cette affaire.
Âgé de 31 ans et architecte de formation, Merveille Mulumba Kabuayi a été assassiné, le jeudi 23 janvier 2025, dans la commune de Kinshasa.
En effet, un témoin a vu, vers 2 heures du matin, la sentinelle qui garde un immeuble en construction sur l’avenue Luvungi n° 147, au premier niveau de l’immeuble, tenant le défunt dans ses bras, avant de le propulser sur le toit d’une maison voisine sur l’avenue Kindu n° 148.
Quatre présumés au-teurs de ce meurtre ignoble sont aux arrêts et détenus à la prison centrale Makala. En attendant le procès, les enquêtes se poursuivent.
Avec ACP