La situation difficile que traverse Afriland First Bank CD est le fait de son actionnaire majoritaire, le Camerounais Paul Kammogne Fokam, qui a déployé une grande machine pour écraser les actionnaires minoritaires de la Banque, dont trois Congolais et une Camerounaise, veuve Souaibou Abary, ancien directeur général d’Afriland First Bank CD mort dans les conditions mystérieuses en 2021. Dans un document, largement partagé sur la toile par dakar-actu.com, les actionnaires minoritaires de la banque dévoilent les pratiques douteuses et dangereuses de l’actionnaire majoritaire qui mettent en danger la survie de la banque.
Le célèbre banquier et milliardaire camerounais, Dr Paul Kammogne Fokam, a la réputation d’être impitoyable dans les affaires. Quand il veut obtenir quelque chose, il n’hésite pas à écraser tous ceux qui s’opposent à sa vision.
Dans le déploiement du Groupe bancaire Afriland First Bank, il a connu des problèmes en Guinée équatoriale, avant d’être chassé de ce pays. Cette rupture de bans reposait d’une part sur le refus du banquier de soumettre les activités de sa holding, Afriland First Group basé en Suisse, et qui jusqu’à 2017 contrôlait Afriland First Bank, African leasing Company et CCEI Bank Guinée équatoriale au contrôle de la Cobac.
Présent en RDC en 2017, après le rachat de FIBANK, Afriland First Bank CD connait de sérieux problèmes par le fait, apprend-on, de la malice de son actionnaire majoritaire, le Camerounais Dr Paul Kammogne Fokam qui a décidé d’écraser les actionnaires minoritaires de la banque.
Dans une lettre relayée par dakar-actu.com, les actionnaires minoritaires d’Afriland First Bank CD, à savoir Mme Wivine N’Landu, M. Jean-Taty Nsungani, M. Patrick Kafindo Zongwe, tous de nationalité congolaise, et Mme Assoumaou Epse Souaibou Amadou Garga, veuve Souaibou Abary, de nationalité camerounaise, dévoilent les pratiques douteuses et dangereuses de l’actionnaire majoritaire. Ils en ont marre de continuer à regarder la situation de cette banque, filiale du groupe camerounais en RDC, pourrir. Elle, qui avait pourtant raflé plus de parts de marché qu’aucune autre en cinq ans grâce au management de feu DG Souaibou Abary, mort dans des conditions douteuses à Kinshasa, après de nombreux désaccords avec l’actionnaire majoritaire, le Dr Fokam.
À 73 ans, Paul Kam-mogne Fokam demeure l’un des VIP du monde des affaires camerounais. Son groupe Afriland First Bank (AFB) dont le holding AFG est basé en Suisse – ce qui lui vaut des reproches récurrents de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) –, est présent dans sept pays, de l’Ouganda au Bénin, en passant par la RDC et le Soudan du Sud. L’entrepreneur, qui pratique le cloisonnement et la solitude jusqu’à l’extrême, jouit d’une influence jamais démentie depuis environ quarante ans.
Classée 2ème fortune d’Afrique francophone subsaharienne par le magazine Forbes, par ailleurs père-fondateur des MC2, 2ème réseau des établissements de microfinance au Cameroun, dont il vient d’abandonner la gestion, Paul Kammogne Fokam est devenu l’un des bras séculiers des investissements chinois en Afrique, dans le cadre du China Africa Development Funds (CADFUND). Il est en effet la seule personnalité autorisée à présenter au Fonds chinois susmentionné, des projets aussi bien publics que privés, issus des 54 pays africains.
Le Gouvernement s’immisce
Le dossier Afriland First Bank CD a été évoqué, le vendredi 3 juin 2022, au Conseil des ministres. D’après le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui a présenté la situation, cette institution financière traverse une crise multidimensionnelle.
Face à cette situation, le Gouvernement a encouragé la Banque Centrale du Congo à prendre toutes les dispositions nécessaires afin de protéger la stabilité du système bancaire et l’épargne du public dans un meilleur délai.
«En ce qui concerne les banques en difficulté, le ministre a évoqué la situation d’Afriland First Bank CD au regard de la crise multidimensionnelle qu’elle traverse. Le ministre des Finances, président du comité de stabilité financière, a présenté un rapport qui met un accent particulier sur l’impérieuse nécessité d’une résolution ordonnée des difficultés actuelles notées auprès de Afriland First Bank CD dans la stricte application et exclusive de la loi bancaire par la Banque centrale du Congo. Ainsi, la Banque centrale du Congo a été encouragée à prendre toutes les dispositions idoines pour protéger la stabilité du système bancaire et l’épargne du public dans le plus bref délai conformément à la loi organique portant sur son organisation et son fonctionnement», rapporte le compte rendu de la 56ème réunion du Conseil des ministres.
Des rumeurs sur la faillite de cette banque circulaient dans l’opinion depuis quelques mois, une situation que la banque elle-même refusait. Dans un communiqué de presse qu’il avait signé le 20 mai 2022, le directeur général adjoint de Afriland First Bank CD avait informé l’opinion publique en général et sa clientèle en particulier qu’une campagne médiatique diffamatoire, teintée d’intox, a été lancée en son encontre par des personnes mal intentionnée en complicité avec certains collègues révoqués pour faute lourde, dont le seul but est de nuire à son image de marque, laborieusement construite avec l’effort de son personnel.
Pour la banque, ce sont ses anciens agents qui sont à la base de cette situation pour des fins de déversement de leurs frustrations. « Ces ennemis de cette banque s’acharnent à ternir l’image de notre institution en utilisant des méthodes peu recommandables et en diffusant à travers les réseaux sociaux des informations délibérément biaisées et qui constituent à désinformer l’opinion afin de porter atteinte à la stabilité du secteur bancaire en RDC », avait-elle expliqué.
Cette situation de Afriland First bank CD intervient au moment où certains Congolais et agents n’ont pas toujours perçu la totalité de leur argent après la faillite de la BIAC.
Cette lettre des actionnaires minoritaires, adressée aussi bien aux autorités de la RDC que du Cameroun, est une véritable bombe. Elle sonne l’hallali des pratiques peu orthodoxes de Paul Kammogne Fokam qui condamne finalement Afriland First Bank à une mort lente.
Il y a donc intérêt à parer au plus pressé en mettant hors d’état de nuire cet actionnaire majoritaire qui, en voulant étouffer les actionnaires minoritaires déstabilise terriblement Afriland First Bank CD.
Econews