Agence Nationale de Renseignements : Lusadusu cède sa place à Justin Inzuk Kakiak, le revenant

Sorti de la diaspora congolaise, Daniel Lusadusu, nommé il y a quelques mois à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) n’a pas fait long feu. La dernière attaque armée de la résidence de Vital Kamerhe et du Palais de la Nation, qualifiée de «coup d’Etat manqué) par l’armée nationale, a donc eu raison de Daniel Lusadusu, obligé de faire ses valises. Pour renforcer les renseignements civils, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a fait appel à un vieux routier, Justin Inzuk Kakiak, ancien adjoint du tout puissant Kalev Mutond, le tout dernier Administrateur général de l’ANR de l’ère Joseph Kabila.

Le remaniement au sein de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) en République Démocratique du Congo a surpris de nombreux observateurs. En effet, Daniel Lusadusu, récemment nommé dans cette institution après être sorti de la diaspora congolaise, a été contraint de quitter ses fonctions suite à l’attaque armée contre la résidence de Vital Kamerhe et du palais de la Nation, qualifiée de «coup d’État manqué» par l’armée nationale.

Cette attaque a déclenché une série de changements au sein de l’ANR, avec l’arrivée d’un nouveau visage pour renforcer les renseignements civils. Justin Inzuk Kakiak, adjoint de Kalev Mutond, Administrateur général de l’ANR de l’ère Joseph Kabila, a été appelé par le Président Félix Tshisekedi pour prendre les rênes de l’agence. Inzuk Kakiak, connu pour sa longue expérience dans le domaine du renseignement, est considéré comme un choix stratégique pour stabiliser la situation et renforcer les capacités de l’ANR.

UN VIEUX ROUTIER AUX COMMANDES

En vertu de l’ordonnance présidentielle du 31 mai 2024, Justin Inzuk Kakiak, précédemment ambassadeur de la RDC au Congo/Brazzaville, a été rappelé pour occuper le poste d’Administrateur général (AG) de l’ANR. Ce retour soulève de nombreuses interrogations au sein de la population et de la classe politique.

Justin Inzuk n’est pas un inconnu à ce poste crucial. Adjoint du tout puissant Kalev Mutond sous le régime de Joseph Kabila, il avait assuré l’intérim en tant qu’AG de l’ANR après la fuite de Kalev, alors recherché par la justice. Cependant, son mandat à ce poste avait été de courte durée, remplacé ultérieurement par Jean-Hervé Mbelu.

Le Président Tshi-sekedi, jugeant Mbelu moins performant, avait alors nommé un ancien officier supérieur de la Division spéciale présidentielle (DSP) sous Mobutu, en l’occurrence Daniel Lusadusu Kiambi, pour combler les lacunes constatées. Cependant, suite aux événements du 19 mai 2024, qualifiés par Kinshasa de «tentative de coup d’État étouffée dans l’œuf», la position de Lusadusu à la tête de l’ANR s’était affaiblie, le contraignant à céder sa place à Justin Inzuk qui retrouve ainsi son poste d’AG de l’ANR qu’il avait quitté il y a plus de trois ans.

Dans ses nouvelles fonctions, Justin Inzuk sera épaulé par M. Augustin Mulumba Nsabwa en tant qu’adjoint.

Les raisons motivant ce retour soudain suscitent de nombreuses spéculations et interrogations au sein de l’opinion publique. Le choix du Président Tshisekedi de rappeler Inzuk à ce poste clé, plutôt que de continuer à faire confiance à l’adjoint de Kalev nommé ambassadeur, reste un mystère qui divise les esprits.

Ce revirement à la tête de l’ANR est donc à surveiller de près, alors que le pays fait face à des défis internes et externes majeurs. L’impact de cette nomination sur le paysage politique congolais et sur les activités de l’ANR reste à observer, alimentant les spéculations et les débats quant aux motivations et aux conséquences de ce choix présidentiel.

LE RENOUVEAU

Ce remaniement laisse entrevoir une nouvelle ère pour les services de renseignement congolais, marquée par la volonté du Président Tshisekedi de mettre en place une structure efficace et professionnelle, au service de la sécurité nationale. Les défis qui attendent Inzuk Kakiak seront nombreux, notamment la lutte contre la corruption, le terrorisme et la criminalité organisée.

En fin de compte, ce changement à la tête de l’ANR souligne l’importance cruciale des services de renseignement dans la stabilité et la sécurité d’un pays. Espérons que sous la direction de Justin Inzuk Kakiak, l’agence pourra remplir sa mission avec professionnalisme et efficacité.

La dernière nomination de Justin Inzun Kakiak à ce même poste remonte au 19 mars 2019, remplaçant le «tout-puissant et craint» – selon la classe politique – Kalev Mutond, en poste depuis 2011. Il a quitté ce poste en 2021, avant d’être nommé, en décembre 2023, nouvel ambassadeur de la RDC au Congo/Brazzaville en 2023.

Le nouveau patron de l’ANR est présenté par ceux qui le connaissent comme un homme d’une réelle discrétion, très réservé et d’un professionnalisme efficace. «C’est un homme extrêmement discret qui parle très peu, et un professionnel des services de renseignement», précisait, il y a quelques années, à Jeune Afrique, un agent de l’ANR sous couvert d’anonymat.

Econews