Alors que la terre se dérobe sous les pieds de Kabuya  : l’UDPS malade des textes et de ses cadres

A l’UDPS, la colère ne retombe pas une semaine après une manifestation ayant même conduit à refuser à «l’incriminé» Augustin Kabuya, son Secrétaire général, l’accès à ses bureaux de la 10ème Rue Limete.  Le feuilleton ne donne pas des signes d’apaisement. Au contraire, la mobilisation des instances disciplinaires de l’UDPS qui se sont mises en branle et s’apprêtent à auditionner le député national Kabuya qui, selon certaines sources, ne serait disposé à donner satisfaction à ceux qu’il estime à la base de sa déstabilisation en cours. Dans l’entourage de Kabuya, on exclut l’hypothèse de le voir se présente devant le conseil de discipline du parti pour sauver son poste. Ce qui augure encore des lendemains surchauffés à la permanence du parti. Parti ou ne partira ? A l’UDPS, c’est désormais la guerre entre légalistes et frondeurs.

La semaine qui s’est achevée samedi dernier n’a pas été de tout repos pour le Secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, et, en général, pour les membres (les combattants) parmi les plus radicaux du parti présidentiel. Une suspicion généralisée plane désormais sur un parti de plus en plus fragilisé par des luttes internes entre les tenants de la sacralité des textes et les frustrés des nominations successives imputées à l’ancien informateur-formateur et député national Kabuya, accusé d’outrepasser ses prérogatives au sein du parti, évoquant des soutiens en haut lieu allant de la mère du Chef de l’Etat ou carrément de ce dernier. La colère ne retombe pas une semaine après, une manifestation ayant même conduit à refuser à «l’incriminé» l’accès à ses bureaux de la 10ème Rue Limete.  Le feuilleton ne donne pas des signes d’apaisement. Au contraire, la mobilisation des instances disciplinaires de l’UDPS qui se sont mises en branle et s’apprêtent à auditionner le député Kabuya qui, selon certaines sources, ne serait disposé à donner satisfaction à ceux qu’il estime à la base de sa déstabilisation en cours.

Pour tenter de comprendre et de démêler l’écheveau du drame en gestation à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), il faut remonter au congrès du parti tenu au Centre féminin Marie-Antoinette (Kinshasa) en 2010. Sans préjudice des détails se rapportent à la précision des articles ou leur agencement dans les nouveaux Statuts du parti, une disposition capitale explique la succession des à-coups qui ébranlent l’UDPS et menacent d’emporter un parti qui se prévaut d’une lutte de plus de trois décennies dans l’opposition aux régimes du maréchal Mobutu et des successeurs de celui-ci.

En effet, il était spécifié noir sur blanc que dans le cas d’une indisposition permanente à la présidence du parti, ses prérogatives revenaient, dans l’attente d’un nouveau congrès, à trois structures qui devaient assurer de manière collégiale la direction de l’UDPS. Il s’agit de la Convention démocratique du parti (CDP), du Secrétaire général et du chef de la Commission électorale du Parti (CEP). Ces trois organes sont respectivement dirigés par  Victor Wakwenda, Jean-Marc Kabund et Jacquemin Shabani. Mais à la mort du Sphinx d Limete, le secrétaire général Kabund au prix de multiples manipulations, réussit à neutraliser les deux autres, les rendant irrémédiablement inopérants.

NEUTRALISATION INTERESSEE DE LA CDP

L’explication sur la neutralisation de la CDP, un organe consultatif dirigé par un président élu au congrès, réside dans le fait que ce dernier est doté d’un pouvoir redoutable : il met en place une commission de discipline qui statue contradictoirement sur les atteintes aux textes et, le cas échéant, sur les malversations financières présumées imputées aux dirigeants du parti et ce, à tous niveaux.

En 2018, l’UDPS organise un congrès extraordinaire au cours duquel Félix Tshisekedi, qui a, entre-temps, succédé à son père à la tête du parti, est investi candidat à l’élection présidentielle. Une année plus tard, celui-ci est élu dans les conditions que l’on sait. Désormais frappé d’incompatibilité entre la fonction présidentielle et la direction du parti, Félix Tshisekedi confie par «Mandat spécial » la présidence de l’UDPS à Jean-Marc Kabund. Mais il y a un hic : les Statuts du parti, assure-t-on, n’ont pas prévu de fonction à titre intérimaire, encore moins la délivrance d’un quelconque mandat spécial. Ce que les deux autres membres contestent bruyamment, conduisant le parti au bord de la paralysie.

L’IRRESISTIBLE ASCENSION DE KABUYA

Cinq ans plus tard, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Tombé en disgrâce et jugé pour la crime d’offense au chef de l’Etat, Jean-Marc Kabund est condamné à sept ans de travaux forcés. En revanche, Augustin Kabuya connaît une ascension spectaculaire.

Devenu de fait Secrétaire général de l’UDPS, il est doublement élu aux législatives et sénatoriales. Félix Tshisekedi allant jusqu’à lui confier la tâche d’informateur et de formateur en prélude à la formation du gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa.

Devenu tout-puissant (du moins le croit-il lui-même) il s’attire les foudres de ses camarades en dépit du spectre qu’il agite face à ses détracteurs chaque jour plus nombreux : celui d’être inconditionnellement soutenu par «Maman Marthe», la mère du chef de l’Etat.

SAGESSE SYBILLINE DE «MAMAN MARTHE»

Les derniers incidents survenus au siège du parti ont conduit les uns et les autres à recourir à l’arbitrage de la veuve d’Etienne Tshisekedi en sa qualité de co-fondatrice du parti.

Sans tomber dans le piège des uns et des autres, elle leur aurait simplement recommandé avec subtilité de s’en référer aux textes régissant le parti. En clair, Augustin Kabuya se trouve dans l’obligation de répondre à l’invitation que lui transmettra dans les meilleurs délais la Commission de discipline.

Or, selon une source qui s’est confiée à Econews, le député Kabuya n’entend nullement réserver une réponse affirmative à l’initiative. Avec pour conséquence que les 55 membres constituant la CDP dressent un PV de carence et en tirent les conséquences, allant jusqu’à la radiation.

Malgré tout, il est tôt pour conclure à la chute prochain de l’actuel secrétaire général de l’UDPS. Par ailleurs, envisager l’éventualité d’une disgrâce reste une option parfaitement plausible.

MWIN M.F.