Avec la chute brusque de ses recettes d’exportation en 2020 (moins 40 %) ayant eu comme effet d’entraînement une diminution des revenus propres pour financer le budget de l’Etat (moins de 30%), la conjoncture Covid-19 a mis à nu la dimension extravertie de l’économie congolaise alors que le pays dispose d’atouts majeurs pour construire son marché intérieur, fort de plus ou moins de 100 millions d’habitants, voire plus, si l’on considère ses neuf (9) pays limitrophes voisins de part et d’autre.
Plus que l’économie, tous les pans de la société ont été affectés : système éducatif, système sanitaire, mode de travail, moyens de communication, etc. La réduction drastique des ressources espérées a fait dérailler le programme du gouvernement. Du coup, le faible taux d’accès à l’électricité, surtout dans les grands bassins de production, s’est révélé être un véritable handicap pour bâtir une certaine résilience économique
Une politique axée sur les solutions décentralisées sur tous les fronts accordant la primauté aux systèmes hors réseau national, mais aussi à une plus grande responsabilisation des entités locales – provinces et Entités Territoriales Décentralisées (ETD). Le rôle clé des provinces ainsi que des ETDs est essentiel et critique dans la promotion de cette approche décentralisée et l’accès pour tous suivant les règles de l’art (consultation locale informée).
Cette approche décentralisée se traduit dans la manière dont sera déployée l’ANSER sur le terrain, la manière dont sera répartie son budget d’investissement et la marge de manœuvre qu’auront les provinces et ETD dans la négociation des programmes les concernant.
Une approche d’intervention qui concilie le court au long terme avec à la clé la formulation d’un plan opérationnel de l’’électrification rurale et périurbaine assorti d’un engagement ferme pour les dix premières années (2021-2030). Le développement de ce pays nécessite un plan qui va au-delà du mandat de ceux qui auront la volonté de commencer. Comment tacler un tel chantier ? Ce plan d’électrification devrait permettre : (1) d’attirer des investissements vers les zones secondaires, en misant sur la stratégie des pools économiques; (2) de désamorcer l’explosion des villes, sans aménagement du territoire conséquent; (3) d’influer sur la manière de concevoir les politiques publiques en RDC en faisant en sorte que des orientations de long terme puissent s’arrimer avec des jalons intermédiaires de court et moyen termes (chaîne des résultats), le renforcement de la culture de dialogues intersectoriels pour favoriser des externalités positives.
Tout ce qui précède devra être soutenu par le développement d’une stratégie de partenariats largement diversifiés où l’état s’illustre en champion. C’est cette ère que nous inaugurons avec l’arrivée de l’ANSER dans le paysage institutionnel de la République Démocratique du Congo.
«…L’ANSER, qui est une première, s’occupera enfin de l’électrification de notre arrière-pays…», dixit le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Félix Tshisekedi Tshilombo (Discours sur l’état de la nation, devant le Congrès, 14 décembre 2020).
Cette ambition n’est pas d’un groupe d’individus, fussent-ils des animateurs de cette jeune agence, mais il s’agit bien d’un rêve de tout un peuple. Cela est bien illustré au travers de l’identité visuelle que s’est dotée l’ANSER à l’issue d’un concours national au cours duquel plus de 300 propositions avaient été recueillies. Toutes ces propositions ont eu en commun cet idéal d’un Congo rayonnant, offrant une diversité de possibilités, pas seulement à ceux qui vivent en villes, mais à tous et partout à travers le pays. Ce qui augure véritablement le départ «pour un nouveau jour sur la RDC ».
Idesbald Chinamula Vuningoma
Directeur général d’ANSER