Il serait mentir que d’affirmer que la venue à Kinshasa ce mardi 9 août du Secrétaire d’Etat américain soulève des enthousiasmes au sein des masses congolaises. D’ailleurs des strates entières de la population n’en sont même pas informées. La visite d’Anthony Blinken au cours de sa mini-tournée africaine, précédée par son homologue russe Serguei Lavrov et le président français Emmanuel Macron dans la région s’apparenterait en revanche à une visite… d’inspection routinière d’un patron faisant le tour du propriétaire.
Ce n’est pas non plus la publication, le 5 août, du rapport du « groupe d’Experts de l’Onu » qui viendrait modifier la donne. Pour la simple et bonne raison que ce texte ne traduit nullement la position de Washington. Et celle-ci est archi-connue : soutien sans faille au Rwanda et à l’Ouganda dans la sous-région; embargo sur les armes à destination de la RDC, maintien ou menaces de sanctions à l’encontre des personnalités congolaises ciblées pour leur rôle vrai ou supposé dans les atteintes aux droits de l’Homme ou dans le frein au processus électoral. La même rengaine constamment répétée depuis le passage mouvementé à Kinshasa en octobre 2017 de l’ex-sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines Nikki Halley martelant : « Les élections en décembre 2018 sinon… ».
Le rapport du « Groupe d’Experts » qui a toutes les apparences d’une « fuite » organisée n’a pas entraîné des réactions des capitales occidentales, malgré les appels du ministre congolais des Affaires étrangères. Dans ces conditions, il reste peu probable qu’une proposition éventuelle d’une condamnation du Rwanda, dont les troupes sont présentes en RDC depuis novembre en sus de son soutien avéré aux rebelles du M23 échappe au véto des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou de la France. Et Blinken ne manquera pas de rassurer Kigali dans ce sens après l’étape de Kinshasa.
Qu’on se le dise, une fois pour toutes : le Congo-Kinshasa est seul au monde. Ni les «mutua-lisations des forces », encore moins l’arrivée annoncée des troupes de l’EAC ne viendront restaurer la paix dans ce pays. Seule une cohésion véritable autour d’une armée nationale expurgée de ses boulets et pesanteurs peut laisser entrevoir le bout, certes encore lointain du tunnel, mais qui ne restera pas toujours hors de portée.
Econews