Nouveau scandale au ministère des Finances ! Cette fois-ci, ce ne sont pas de paiements effectués directement sur le compte général du Trésor, mais plutôt des fonds mis à la disposition en 2020 du Gouvernement congolais par la Banque africaine de développement (BAD), dans le cadre d’appui budgétaire en réponse à la crise de Covid-19, qui ont pris une autre destination que ce à quoi ils étaient destinés. La somme est connue : deux millions de dollars US destinés au paiement de quatre études sur l’impact des effets négatifs de la pandémie sur l’économie congolaise.
Saisie par le Gouvernement, réuni en Conseil des ministres sous Ilunga Ilunkamba, la BAD avait accepté de financer ces études sur une ligne de crédit gérée par la Cellule d’exécution des financements en faveur des Etats fragiles (CFEF), une agence d’exécution relevant de la tutelle du ministre des Finances.
Selon les éléments d’enquête recueillis par Econews sur la base de la lettre de protestation que le Think tank a adressée le 1er juillet 2022 au président de la BAD, avec ampliation au Premier ministre de la RDC et d’autres membres de son Gouvernement, directement impliqués dans ce dossier, il s’est avéré qu’« au terme d’un processus conduit par le ministère du Plan, autorité contractante de ces marchés, que le cabinet Congo Challenge a été sélectionné comme consultant, cosignataire des contrats mieux renseignés en concerne».
Quoi qu’ayant rempli ses obligations, par la réalisation de ces études – du reste validées par le ministère du Plan et approuvé en Conseil des ministres – et le dépôt des livrables, Congo Challenge informe la BAD, pourvoyeur de fonds, qu’il «est buté voilà bientôt vingt mois, au nom paiement des factures y relatives».
En réalité, le dossier se trouve bloqué parce que la politique s’est finalement invitée dans ce dossier. Pour autant que, comme président de l’Assemblée générale des associés de Congo Challenge, il y a l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon.
Selon des informations recoupées par Econews, le paiement de deux millions USD dus à Congo Challenge a été volontairement détourné au niveau du cabinet du ministre des Finances, Nicolas Kazadi. D’autres informations recueillies auprès des sources internes de CFEF rapportent que la BAD avait réellement donné son avis de non objection sur le paiement de ces deux millions USD à Congo Challenge, avant qu’une instruction de l’actuel ministre des Finances ne l’affecte à autre chose. En finances publiques, ça s’appelle détournement ! Ni plus ni moins.
Au siège de la BAD, à Abidjan (Côte d’Ivoire), le dossier fait grand bruit, dans la mesure où ces fonds ont été tirés d’une ligne de crédit gérée par la CFEF.
On apprend que la BAD a décidé une enquête d’auditeurs à Kinshasa pour faire toute la lumière sur cette affaire.
Une fois, c’est le ministre des Finances, l’UDPS Nicolas Kazadi, qui est au cœur de ce scandale pour avoir ramené à l’échelle des finances publiques des considérations politiques et partisanes.
Dans les milieux du ministère des Finances, l’on indique que l’argentier national avait juré de bloquer ce dossier parce qu’il ne pouvait mettre à la disposition de Congo Challenge, cabinet géré, selon lui, par Matata, un candidat déclaré à la présidentielle de 2023.
A la BAD, on promet des sanctions exemplaires au nom du principe de l’intégrité qui guide ses actions.
Le plus évident est que les deux millions USD destinés à Congo Challenge ont pris une destination inconnue. Ils ont été affectés ailleurs, sans que la BAD, les bailleurs de fonds, ne valide l’opération. Des preuves de détournement sont flagrantes. Tous les faisceaux convergent vers le cabinet du ministre des Finances.
En attendant, c’est depuis 20 ans que Congo Challenge court derrière ses factures de quatre études réalisés sur l’impact des effets négatifs de la pandémie de Covid-19 sur l’économie congolaise.
Ci-dessous, la lettre accusatrice de Congo Challenge à la BAD. Celle qui aura mis à nu le pot aux roses.
Econews