Après la brouille, Fayulu et Katumbi font semblant de se réconcilier à Genval

En politique congolaise, certains lieux ont une résonance particulière. C’est le cas de Genval, cette paisible banlieue bruxelloise devenue le théâtre de négociations et de retrouvailles entre leaders de l’opposition. Le samedi 7 décembre 2024, Martin Fayulu et Moïse Katumbi s’y sont rencontrés pour sceller une réconciliation symbolique après des années de tensions et d’échecs.

En novembre 2018, Fayulu et Katumbi, aux côtés d’autres figures de l’opposition comme Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, s’étaient retrouvés en Suisse pour s’unir contre le dauphin de Joseph Kabila lors de la présidentielle de décembre. Mais l’accord de Genève, qui avait désigné Fayulu comme candidat unique, s’était rapidement effondré. Tshisekedi et Kamerhe s’étaient retirés pour former une alliance qui leur avait permis de remporter l’élection, laissant Fayulu et Katumbi divisés et amers.

Entre 2018 et 2023, les deux leaders ont multiplié les attaques par médias interposés, se renvoyant la responsabilité des échecs de l’opposition. Cette division s’est révélée coûteuse lors de la présidentielle de 2023, où leurs candidatures séparées n’ont fait que renforcer la domination de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de Félix Tshisekedi.

GENVAL, UN SYMBOLE DE RENOUVEAU

La rencontre de Genval marque donc un tournant. Ce tête-à-tête entre Fayulu et Katumbi vise à renforcer l’unité et la cohésion de l’opposition face à un enjeu majeur : les tentatives supposées de modifier la Constitution pour permettre à Tshisekedi de briguer un troisième mandat.

Le choix de Genval n’est pas anodin. En 2016, ce même lieu avait accueilli une rencontre historique de l’opposition congolaise, sous la houlette d’Étienne Tshisekedi, pour exiger le respect des dispositions constitutionnelles face à Joseph Kabila, alors président de la République. Fayulu et Katumbi, en y retournant, semblent vouloir raviver cet esprit d’unité qui avait brièvement galvanisé l’opposition.

Si la réconciliation est un premier pas, le défi de Fayulu et Katumbi reste immense. L’opposition congolaise a souvent été minée par des ambitions personnelles et des rivalités internes. Pour constituer une véritable force contre Félix Tshisekedi et son appareil politique bien rodé, ils devront non seulement s’unir, mais aussi élargir leur coalition à d’autres acteurs politiques et sociaux.

L’histoire récente montre que les alliances en RDC sont fragiles et souvent éphémères. Cependant, la pression croissante autour des réformes constitutionnelles pourrait fournir un point de convergence pour galvaniser l’opposition et mobiliser une partie de la population inquiète des dérives autoritaires.

UN ETERNEL RECOMMENCEMENT ?

En revenant à Genval, Fayulu et Katumbi rappellent que l’histoire politique de la RDC est jalonnée de moments d’unité ponctuels suivis de désillusions. Cette fois encore, le contexte pourrait jouer en faveur ou contre cette tentative de refondation de l’opposition.

Qu’il s’agisse d’un véritable tournant ou d’un nouvel épisode dans le cycle des recompositions politiques congolaises, une chose est sûre : Genval demeure un symbole fort, où le passé et le présent de l’opposition congolaise continuent de se croiser.

Hugo Tamusa

 

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