La visite de Massad Boulos, conseiller Afrique de Donald Trump, dans les Grands Lacs a redistribué les cartes de la crise dans l’Est de la RDC. Avec un message sans équivoque à Kigali – «cesser le soutien au M23 » et « retirer ses troupes» –, Washington rompt avec ses ambiguïtés passées. Alors que Kinshasa et les États-Unis négocient un accord « mines contre sécurité », l’administration Trump semble désormais miser sur la RDC et ses minerais stratégiques, isolant un Rwanda accusé de déstabilisation. La fin de l’ère Kagame se profile-t-elle ? Certainement…
Le voyage de Massad Boulos, conseiller Afrique du président américain Donald Trump, dans la région des Grands Lacs a marqué un tournant dans la gestion de la crise sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Jeudi 17 avril, lors d’un point de presse retentissant aux Etats-Unis, l’émissaire américain a lancé un ultimatum sans précédent au Rwanda, accusé de soutenir la rébellion M23, tout en scellant un rapprochement stratégique avec Kinshasa autour des minerais critiques.
«Cessez tout soutien au M23» : Le Rwanda sous pression
«Le Rwanda doit cesser immédiatement son soutien au M23 et retirer ses troupes de l’Est congolais. Le conflit dure depuis trop longtemps, il est temps d’y mettre fin. » Par ces mots, prononcés depuis Washington, Massad Boulos a rompu avec la diplomatie ambiguë traditionnellement observée par les États-Unis dans la région. Cette sortie fait suite à des rencontres, en début de semaine, avec les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda).
Pour les observateurs, ce langage direct reflète un réalignement géostratégique. «L’administration Trump a choisi son camp : elle mise sur la RDC, gisement mondial de cobalt et de cuivre, plutôt que sur un Rwanda perçu comme instable et belliqueux», analyse un chercheur au Center for Strategic Studies. Une hypothèse confirmée par les pourparlers en cours entre Kinshasa et Washington sur un accord « mines contre sécurité », visant à sécuriser l’accès américain aux ressources minières en échange d’un soutien militaire et logistique.
Si les détails de l’accord restent flous, des sources proches du dossier évoquent un plan en trois volets : modernisation des infrastructures minières congolaises, formation des forces armées (FARDC) par des experts américains, et garanties commerciales pour les entreprises US. En contrepartie, les États-Unis promettraient de « mobiliser tous les leviers économiques et diplomatiques » pour isoler le Rwanda, y compris via des sanctions ciblées.
«Nous envisageons toutes les options pour promouvoir la paix », a affirmé Massad Boulos, sans exclure des mesures contre Kigali. Une menace qui plane lourdement sur le président Paul Kagame, dont le régime, accusé depuis des décennies de déstabiliser l’Est congolais, pourrait perdre son statut de partenaire privilégié de l’Occident.
KAGAME ISOLE ? LA FIN D’UNE ERE
Le durcissement du ton américain sonne comme un coup de tonnerre pour Kigali. Le Rwanda, longtemps protégé par son image de « pays modèle » en matière de développement, est désormais pointé du doigt pour son implication dans les conflits régionaux. « Les États-Unis tournent la page de la complaisance. Kagame, qui a survécu à plusieurs administrations, pourrait voir son crédit s’effondrer», estime un diplomate européen basé à Kinshasa.
Cet isolement croissant intervient dans un contexte où la RDC, sous le Président Félix Tshisekedi, multiplie les partenariats économiques (Chine, Émirats, maintenant les États-Unis) et renforce sa position sur l’échiquier continental.
La visite de Massad Boulos aura révélé deux choses : la lassitude de Washington face aux crises cycliques des Grands Lacs, et la priorité donnée aux intérêts économiques dans la politique étrangère de Trump.
Pour la RDC, c’est une opportunité historique de sécuriser ses frontières et de monnayer ses ressources. Pour le Rwanda, c’est un avertissement sans équivoque.
Reste à savoir si les mots de Boulos s’accompagneront d’actes. La communauté internationale retiendra son souffle, alors que des millions de civils congolais attendent, eux, une paix qui n’a que trop tardé.
Econews