Après les fortes pluies des 4 et 5 avril 2025 ayant causé d’importants dégâts matériels et humains, le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) s’est engagé dans la mise en œuvre d’un plan d’urgence multisectoriel. Objectif : prévenir de futures catastrophes et poser les bases d’un aménagement du territoire plus responsable. Ministre d’Etat en charge de l’Aménagement du territoire, Guy Loando a averti : « « Il n’est plus question d’habiter n’importe où, n’importe comment ».
Lors d’un point de presse tenu sur les antennes de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), le Ministre d’État, ministre de l’Aménagement du territoire, Guy Loando Mboyo, et le Ministre de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, ont présenté les mesures prises pour prévenir les catastrophes naturelles à Kinshasa et dans le reste du pays, ainsi que les réformes en cours dans le secteur de l’aménagement du territoire.
UN PLAN D’URGENCE EN ACTION
Face à l’ampleur des récentes inondations, un plan d’urgence est en cours de déploiement, intégrant les volets financier, sanitaire, technique et légal. À l’échelle locale, des opérations de curage des rivières ont été lancées pour améliorer le drainage des eaux pluviales. Dans le secteur de la santé, des unités médicales d’intervention d’urgence vont être créées, avec une disponibilité renforcée de médicaments essentiels.
Le gouvernement insiste également sur une meilleure répartition des responsabilités entre institutions et parties prenantes, afin de garantir une coordination efficace en cas de crise. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation sont initiées pour responsabiliser la population face aux risques liés à l’occupation anarchique des sols et aux enjeux environnementaux.
L’URBANISME AU CŒUR DE LA PREVENTION
Parmi les mesures phares figure la construction de logements sociaux sécurisés, visant à réduire l’habitat en zones à risques. Une brigade de transport est également envisagée pour faciliter les évacuations d’urgence.
Sur le plan technique, des dispositifs de surveillance seront mis en place pour interdire l’occupation de certaines zones sensibles. « Il n’est plus question d’habiter n’importe où, n’importe comment », ont martelé les autorités, qui promettent un renforcement des contrôles.
Le ministère de l’Environnement, de son côté, se concentrera sur la gestion des déchets, un facteur aggravant des inondations. Des axes routiers ont également été identifiés pour être modernisés, dans le but de faciliter l’accès aux zones sinistrées et de renforcer la résilience des infrastructures.
UNE REFORME LEGALE ATTENDUE DEPUIS 1953
La RDC ne dispose actuellement d’aucune loi spécifique sur l’aménagement du territoire. Seules quelques dispositions d’urbanisme héritées de l’époque coloniale sont encore en vigueur. Pour combler ce vide juridique, le ministère de l’Urbanisme a introduit, depuis 2024, un outil de gestion du territoire, tandis que le ministère de l’Aménagement du territoire élabore un cadre légal adapté.
L’Office National d’Aménagement du Territoire (ONAC) a été mis en place pour piloter la mise en œuvre des politiques nationales en matière d’aménagement et encadrer les activités sur le terrain. L’exécution de l’arrêté ministériel sur le morcellement, notamment l’interdiction de la vente illégale de demi-parcelles, vise à mettre un terme au désordre foncier.
UNE RESPONSABILITE COLLECTIVE
Cependant, un défi majeur demeure : comment réglementer un territoire déjà largement occupé de manière informelle ? Dans un pays où les constructions échappent souvent aux normes d’urbanisme, la tâche s’annonce complexe.
Les autorités reconnaissent que la responsabilité est partagée entre l’État et les citoyens. Des études révèlent que l’homme est souvent à l’origine de certaines catastrophes. Par exemple, la rivière N’djili, dont le lit mesurait autrefois environ 60 mètres, n’en fait plus qu’une vingtaine aujourd’hui. Ce rétrécissement, causé par l’occupation anarchique des berges, favorise les débordements lors des fortes pluies.
Face à ces défis, la RDC entame une réforme ambitieuse pour protéger ses citoyens et garantir un développement urbain durable. La réussite de cette démarche exigera du temps, de la rigueur, mais surtout l’implication de tous les acteurs de la société.
T. Masiala