Et soudain, des eurodéputés ont décidé de décréter l’urgence d’adopter une résolution calomniant un pays partenaire, fiable et crédible de l’Europe. Malencontreuse et stigmatisante à tort, la résolution n’a guère surpris tous ceux au fait du contexte actuel et de la campagne médiatico-politique qui s’est mise en branle, il y quelques semaines. Décryptage d’un acharnement.
Alors que le Haut représentant de l’UE (Union européenne) pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, vient de réaffirmer, depuis Rabat, tout le bien et l’attachement de l’Union européenne à sa relation avec le Royaume, « partenaire le plus dynamique et le plus proche » de l’Europe, le harcèlement et les attaques répétitives dont fait l’objet le partenariat qui lie le Maroc et l’UE a repris de plus belle.
Décidément, au sein des institutions européennes, les priorités ne semblent pas toutes les mêmes. Entre Commission européenne, Conseil –qui représente les 27- et Parlement européen, les cordes sont loin d’être accordées ! In fine, la parole de l’UE en pâtit. Le contraste entre le niveau stratégique des relations entre Rabat et Bruxelles et le jeu des petites manœuvres tissées au sein de l’hémicycle européen est juste troublant. Parfois, l’on se croit marcher sur la tête !
Pour bien entamer une nouvelle année de travail législatif, au service des citoyens européens, bringuebalés par les conséquences violentes de la guerre en Ukraine, des parlementaires européens ont préféré aller voir chez le voisin du sud et s’immiscer dans un dossier judiciaire en cours devant la justice marocaine. C’est ainsi qu’un projet de résolution sur « la situation des journalistes au Maroc, notamment le cas d’Omar Radi », a été soumis au débat/vote en plénière à Strasbourg cette semaine. Pas la peine de chercher loin…C’est bien la même poignée d’eurodéputés –toujours elle- qui est derrière.
Ceux-là même qui épousent des idéologies politiques ossifiées et hors du temps, en s’agrippant à des idées antédiluviennes. Leurs positions anti-marocaines ne sont pas nouvelles. Elles sont connues de tout le monde et ont été par le passé échouées par des voix modérées au sein de l’institution européenne.
Cette fois, l’occasion était trop belle. Le Parlement européen, étant en plein crise institutionnelle, il fallait absolument un subterfuge pour reporter l’attention ailleurs. Si l’issue du vote importait peu, du moment où l’intention-visée trahissait ses instigateurs, le débat à la séance plénière du Parlement européen a permis de mettre en évidence, encore une fois, l’acharnement voué par certaines personnes ou parties qui ne rechignent pas devant l’opportunité, quand elle se présente, de brandir la carte des droits de l’homme pour attaquer un pays partenaire fiable et crédible, qui creuse son sillon, ou réanimer un discours idéologique mort et enterré.
Devant une situation à la fois inacceptable et ubuesque, des constats/interrogations s’imposent
Quand on parle droits de l’homme il faut savoir qu’on ne peut pas attaquer un pays ou un peuple sans preuves tangibles ! De quels droits de l’homme parle-t-on si on alimente ses arguments de thèses fallacieuses qui se nourrissent de fakenews, de rumeurs et de bribes d’informations fuitées ici et là sans fondements et véhiculées uniquement par la presse ?
Comment expliquer que des eurodéputés se focalisent sur le seul pays du voisinage sud de l’Europe, dont les progrès en matière de droits de l’homme et les efforts de convergence avec la législation européenne sont cités en exemple ?
Comment expliquer que tout en exigeant du Maroc de mettre sa main dans la main de l’Europe pour lutter contre le terrorisme, faire face à l’immigration illégale, intensifier la coopération sécuritaire, promouvoir le partenariat vert et développer les échanges économiques, il est régulièrement harcelé, attaqué au sein même des institutions européennes ?
Les droits de l’homme est une culture, une philosophie et un engagement ! On ne peut pas se permettre de critiquer le Maroc tout le temps et en même temps fermer les yeux sur la fermeture d’organes de presses critiques du régime, l’incarcération de militants du Hirak et la répression aveugle des voix dissidentes en Algérie. Comment ces anti-marocains déclarés peuvent-ils expliquer ce silence lourd et mystérieux quand il s’agit du régime militaire algérien ? Pourquoi épargnent-ils soigneusement un régime autoritaire et répressif ?
Comment expliquer que les attaques féroces parlent – sans preuve -d’interférence du Maroc, mais se permettent d’interférer sans complexe dans l’indépendance de la justice marocaine ? Ne s’agit-il pas là d’une interférence flagrante dans un processus judiciaire en cours et une violation frontale de principes universels des droits de l’Homme, de la victime dans ce cas de figure ?
N’est-on pas là en présence d’une attitude hautaine flagrante qui se permet de dire aux pays du Sud comment conduire leurs affaires internes ? Cette sorte de ‘’mission civilisatrice’’ qui reste hélas encore collée d’une façon épidermique dans les esprits d’individus qui ne cessent de donner des leçons en démocratie et droits de l’homme ?
Revenons à l’objet premier de la résolution. Quelques jours avant le vote, le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, Lahcen Haddad, a adressé une lettre aux eurodéputés, au nom des membres marocains de cette Commission, dans laquelle il leur rappelait des notions de droit, de légalité, d’impartialité, de non-ingérence et de politique.
Relevant d’emblée que le Maroc a dès 2016 expurgé le Code de la presse des peines privatives de libertés pour les journalistes, M. Haddad a expliqué que la condition de publicité du procès (pour viol dans lequel Omar Radi est poursuivi. NDLR) a été respectée, que les procédures d’arrestation étaient conformes à la loi et à la procédure pénale, que la défense de l’accusé a requis un procès en présentiel et que toutes ses demandes ont été acceptées par les juges.
« Comme pour tout autre cas de procès relevé par les ONG des droits de l’Homme, les conditions d’un procès et d’un jugement équitables étaient présentes », a-t-il soutenu, notant que la réforme de la justice marocaine entamée depuis quelques années garantit un accès libre et intègre de tout le monde à la justice.
M. Haddad n’a pas manqué de condamner « fermement la campagne de diffamation, de fake news, de harcèlement et de dénigrement, acharnée et inédite dans son ampleur, dont a été victime la plaignante dans cette affaire, ainsi que les calomnies, attaques et menaces répétées, attentatoires à sa dignité et mettant en péril sa sécurité, sa santé et son bien-être ».
« Nous défendons avec force le droit de la victime de cet acte présumé de viol commis par un journaliste sur une femme, journaliste aussi, à recourir à la justice », a-t-il souligné, ajoutant que « le droit à un procès équitable ne doit pas être garanti seulement pour un journaliste homme et interdit à une journaliste femme ».
Quoique l’explication et la mise en contexte du président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE étaient pertinentes, elles n’avaient pas empêché les voix critiques de baigner dans leurs positions idéologiquement figées.
Si ce n’est de l’acharnement, du deux poids deux mesures, il faudrait alors inventer d’autres qualificatifs. Pour le Maroc, la question est claire comme de l’eau de roche. Ces attaques au sein des institutions européennes sont orientées et sont le résultat de calculs et d’une volonté de nuire au partenariat Maroc-UE.
Ce constat sonne aussi comme un appel à la protection et à l’immunisation du partenariat entre le Maroc et l’UE, qui plus est dans un contexte mondial agité où les cartes sont en train d’être redistribuées. En effet, le Maroc d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. C’est un pays qui progresse sans complexe, qui a acquis au fil des avancées un nouveau statut qu’il faudra que l’Europe intègre, qui se distingue comme le seul véritable rempart et pôle de stabilité dans le voisinage sud de l’UE. Un pays qui se développe, qui se démocratise, qui s’ouvre sur son environnement, qui diversifie ses partenaires. Un pays qui exige d’être traité comme il le perçoit : Un partenaire stratégique, loyal et engagé de l’UE.
Vigoureuses condamnations du CSPJ
Au Maroc, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a exprimé samedi sa vive condamnation des allégations sans fondements contenues dans la résolution du Parlement européen (PE) du jeudi 19 janvier 2023.
Dans un communiqué diffusé à l’issue d’une réunion du Conseil, le CSPJ indique avoir pris connaissance de cette résolution qui contient des « accusations et des allégations graves portant atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire ».
Ces allégations infondées travestissent les faits et sèment le doute sur la légalité et la légitimité des procédures judiciaires prises au sujet d’affaires, dont certaines ont été jugées et d’autres en cours, précise le communiqué lu par Mustapha Libzar, secrétaire général du CSPJ.
« Le Conseil regrette cette dénaturation des faits dans le cadre de procès qui se sont déroulés conformément à la loi, dans le respect total des garanties constitutionnelles et des conditions d’un procès équitable reconnues au niveau international », indique-t-on.
Le Conseil dénonce vigoureusement l’approche du Parlement européen qui s’est arrogé le droit de juger la justice marocaine de manière flagrante et partiale, portant préjudice aux institutions judiciaires du Royaume et n’accordant aucune considération à leur indépendance, poursuit la même source.
Le Conseil exprime ainsi son rejet catégorique de toute ingérence dans la justice ou tentative d’influencer ses décisions, d’autant que certaines affaires évoquées sont toujours devant les tribunaux.
« Ceci contredit toutes les normes et règles internationales, notamment les principes et déclarations des Nations unies relatives à l’indépendance de la justice », souligne-t-on.
De même, le CSPJ dénonce vivement le contenu de cette résolution qui incite à exercer des pressions sur le pouvoir judiciaire aux fins de la libération immédiate des personnes qu’il a mentionnées, relève le communiqué, notant que « ceci porte une grave atteinte à l’indépendance de la justice et constitue une tentative de l’influencer, alors que certaines affaires sont toujours devant les tribunaux ». Par ailleurs, le Conseil rejette les allégations citées dans la résolution, inspirées par certaines sources connues pour leurs positions dogmatiques sans disposer de preuves et de données vérifiées, et qui sont de surcroît réfutées par les faits.
Le CSPJ souligne également que les personnes citées dans la résolution ont bénéficié de l’ensemble des garanties d’un procès juste et équitable prévues par la loi, dont la présomption d’innocence, le droit à la défense et l’accès à tous les documents, un procès présentiel public, la convocation de témoins et leur questionnement, le recours à l’expertise judiciaire, les voies de recours, entre autres garanties fixées par la loi marocaine telles que stipulées dans les conventions internationales des droits de l’Homme ratifiées par le Royaume.
Le Conseil rappelle que les faits, objet du procès des individus cités dans la résolution du Parlement européen ne sont en aucun cas liés à une activité journalistique ou à l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression, qui sont garanties par la loi et la Constitution marocaines. De fait, les accusations qui leur sont portées concernent des crimes de droit commun, tels que la traite d’êtres humains, le viol, l’exploitation de la vulnérabilité des personnes, des actes sévèrement sanctionnés par les lois partout dans le monde.
Le Conseil rejette la logique de « deux poids deux mesures » qui caractérise cette résolution qui au lieu de condamner les agressions sexuelles subies par les victimes a défendu un ensemble de contrevérités et d’allégations infondées.
Le Conseil rappelle, à cet égard, les avancées substantielles réalisées ces dernières années par la justice marocaine telles que l’indépendance du parquet vis-à-vis du pouvoir exécutif dès 2017, ou encore le fait d’ériger la justice en pouvoir indépendant, consacré par la constitution de 2011 et acté par la création du CSPJ en 2017 ; alignant ainsi le système judiciaire marocain sur les normes d’indépendance les plus avancées et les plus rigoureuses, normes d’indépendance que jusqu’à présent certains pays européens ont encore beaucoup de peine à atteindre.
Le Conseil souligne l’attachement des magistrats à leur indépendance ainsi que leur engagement à préserver les droits et libertés et garantir les conditions de procès équitables, en tant que devoir constitutionnel, légal et moral.
Il souligne aussi sa détermination à agir constamment pour la préservation de l’indépendance de la justice et son immunisation contre toutes les formes d’ingérence et de pressions étrangères, quelles qu’elles soient et ce, conformément à la Constitution et la loi organique du Conseil.
Avec MAP