Augustin Kabuya consulte les oppositions : quelque chose se prépare !

Augustin Kabuya avec Adolphe Muzito du Nouvel Elan

Nommé par le président de la république le 7 février au poste d’informateur chargé d’identifier de manière formelle la majorité à la nouvelle Assemblée nationale, le secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya est passé à la seconde étape de sa mission. Du comptage arithmétique  des députés et regroupements politiques réputés membres de l’Union sacrée de la nation, il a entamé le vendredi 15 février des « consultations » par la réception des « opposants » et députés élus Constant Mutamba et les anciens premiers ministres Adolphe Muzito et Augustin Matata Ponyo. Si la démarche semble aller de soi concernant le parti présidentiel et ses alliés traditionnels auxquels viendrait s’ajouter la nouvelle vague d’élus des scrutins du 20 décembre 2024, la main tendue en direction des opposants d’hier laisse présager d’une nouvelle dynamique dans la recherche d’une certaine cohésion au sein du futur Gouvernement.

Le premier à être reçu par l’informateur était le député national élu et chef de la Dynamique de l’opposition républicaine (DYPRO) Constant Mutamba.  Quoique le contenu  des entretiens n’a pas été divulgué, l’on sait néanmoins que Constant Mutamba fait partie de ce groupe naguère membre actif du Front commun pour le Congo  (FCC) de l’ancien président Joseph Kabila, et qui a résolu de faire partie de la Commission électorale nationale indépendante, faisant fi du boycott du processus électoral décrété par le camp du PPRD/FCC.

Au sein de la Centrale électorale, la DYPRO est en effet représentée par le 1er vice-président Didi Manara et le questeur Agée Matembo. La plateforme, très présente au cours des manifestations contre les chancelleries occidentales et la MONUSCO, a toujours affiché une certaine modération, ne montrant pas une attitude tranchée envers le régime de Félix Tshisekedi dont il serait même très proche et en toute discrétion.

MUZITO, L’HOMME DES CHIFFRES  

En revanche, l’empressement du président de Nouvel Elan, Adolphe Muzito, à saisir la main tendue de Félix Tshisekedi par Augustin Kabuya interposé ne créera pas de nouvelle surprise. L’ancien premier ministre, inspecteur des finances de son état, est féru des chiffres.

Il s’était déjà distingué en félicitant à plus d’une reprise le gouvernement pour ses performances dans la mobilisation des recettes fiscales et autres. Au sein de l’opposition, il n’a jamais fait démenti sa volonté de collaborer avec le chef de l’Etat dans le gouvernement, si ce dernier faisait appel à sa compétence.

MATATA PONYO OU LA «BONNE GOUVERNANCE» INCARNÉE…

La surprise est venue plutôt de Matata Ponyo,  l’autre ancien premier ministre, élu de Kindu (Maniema). Réputé proche de Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République et contestataire attitré des résultats de la présidentielle du 20 décembre,  il abonderait dans le même sens que Muzito. Lui non plus n’est pas d’avis de rejeter un appel éventuel du chef de l’Etat. Economiste, lui aussi est un homme des chiffres. Il serait tout autant intéressé par un poste régalien dans le prochain gouvernement.

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Matata tout souriant serrant la main de l’informateur, Augustin Kabuya

…ET TOUS LES AUTRES 

Hormis Constant Mutamba, les deux anciens chefs de l’Exécutif sont régulièrement cités comme susceptibles d’opérer un come-back à l’hôtel du Gouvernement. Dans le secret des négociations, ils sont nombreux à se bousculer pour le poste de premier ministre.

Dans l’attente de la conclusion des consultations engagées par l’informateur, des supputations vont bon train. D’une part, une opinion estime que le chef de l’Etat, dans le respect de l’équilibre géopolitique, ne saurait prendre le risque de nommer un ressortissant de son espace linguistique (Le Grand Kasaï. Centre).

Les mêmes analystes estimant en revanche qu’il serait de bonne politique que la majorité à l’Assemblée nationale planche sur un ressortissant du Nord (Grand Equateur, de l’Est (Grand Kivu) et même de remplacer Sama Lukonde par un leader du Sud.

Mais il faudra compter avec les faucons tshisekedistes qui n’entendent pas se faire voler «leur victoire » et qui seraient tout disposés à marcher sur les dispositions constitutionnelles, dans l’attente annoncée de la révision loi fondamentale de février 2006.

M.M.F.