Augustin Kabuya et l’UDPS : l’ultime bataille

Honni par un groupe de frondeurs, Augustin Kabuya, jusque-là secrétaire général de l’UDPS, livre sa dernière bataille pour sauver son poste. Jeudi, le groupe de frondeurs a réuni la presse pour adresser un ultimatum à Augustin Kabuya. 48 heures lui ont été accordés pour rendre le tablier. Saura-t-il résister à cette nouvelle pression ? Nul ne le sait.

Dans un climat de tensions internes au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Augustin Kabuya, jusque-là secrétaire général du parti, se retrouve au cœur d’une vive contestation menée par un groupe de frondeurs déterminés à le voir quitter son poste.

Jeudi dernier, les membres dissidents de l’UDPS ont convoqué les médias pour faire part de leurs revendications et ont adressé un ultimatum à Augustin Kabuya : 48 heures pour démissionner de ses fonctions de secrétaire général. Cette annonce a jeté une lumière crue sur les dissensions internes qui minent le parti historique de l’opposition en République Démocratique du Congo.

La pression est à son comble pour Augustin Kabuya, qui se retrouve face à un choix difficile : céder aux exigences des frondeurs et quitter son poste ou résister à cette nouvelle vague de contestation. Cette ultime bataille pour sauver son poste s’annonce décisive pour l’avenir politique du haut responsable de l’UDPS.

48 heures de sursis

Dans tous les cas, Augustin Kabuya bénéfifie d’un sursis de 48 heures pour se prononcer sur son sort. Ainsi en a décidé le groupe de frondeurs réuni jeudi au Centre culturel Boboto, à Kinshasa.

Cet ultimatum intervient, ont-ils expliqué, après plusieurs rencontres infructueuses avec le secrétaire général intérimaire du parti, lesquelles avaient pour but «de résoudre les problèmes internes au sein du parti et qu’il prenne en considération toutes les revendications qui lui étaient soumises ».

«Nous ne saurions pas arrivés à ce stade si jamais il nous considérait est qu’il était à notre écoute. Il y a plus de deux mois nous avons fait des démarches pour le rencontrer pour lui dire ce qui ne marchait pas, pour qu’il puisse revenir au bon sens, mais malheureusement il a réservé une fin de non-recevoir à notre démarche », ont-ils rappelé. Et d’ajouter : «C’est cette raison qui nous a poussés à prendre la décision d’adresser un ultimatum à Augustin Kabuya pour démissionner de ses fonctions ».

Roger-Célestin Mukendi Mendu, secrétaire national de l’UDPS, a lancé à Augustin Kabuya « qu’il a adhéré librement à l’UDPS et nous voulons qu’il quitte ce parti aussi librement».

Quant au Dr Simon-Adrien Kalenga, secrétaire général chef de département, porte-parole du parti, estime qu’au cas où Augustin Kabuya ne va pas respecter la décision prise, il sera confronté à la pyramide renversée, c’est-à-dire il va rencontrer le peuple, puisque l’UDPS est un parti du peuple.

«A dater de ce jour (jeudi 18 juillet 2024), Augustin Kabuya n’a plus qualité d’engager l’UDPS », a-t-il martelé.

Enfin, il a déclaré que «la nouvelle direction politique de l’UDPS appelle à la responsabilité de chacun de ses membres».  L’exécutif national de l’UDPS invite donc les organes et autres structures du parti à continuer à fonctionner normalement.

Aux partenaires de l’Union sacrée de la nation, il a informé qu’Augustin Kabuya n’a plus qualité d’engager l’UDPS. Raison invoquée : on ne dirige pas un peuple sans volonté.

Jusqu’au bout

De son côté, dans un communiqué rendu dont une copie est parvenue à la rédaction d’Econews, Augustin Kabuya exhorte toute la base du parti à rester unie et à apporter l’appui nécessaire au Chef de l’Etat dans sa lutte, notamment contre l’agression et l’occupation d’une partie de l’Est de la République Démocratique du Congo par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23.

Il recommande par ailleurs aux uns et aux autres le respect des textes du parti qui est le patrimoine commun. Il appelle également à la vigilance de toutes les combattantes et tous les combattants car l’ennemi compte déstabiliser le parti, et par ricochet le régime.

Alors que les observateurs et les militants du parti retiennent leur souffle, la question demeure : Augustin Kabuya parviendra-t-il à surmonter cette épreuve et à résister à la pression des frondeurs ? La réponse à cette question cruciale demeure incertaine, plongeant l’UDPS dans une période d’incertitude politique.

En attendant le dénouement de ce bras de fer au sommet du parti, une chose est sûre : l’avenir d’Augustin Kabuya à la tête de l’UDPS reste plus que jamais en suspens, dans un climat de tensions et de rivalités internes qui pourraient redéfinir le paysage politique congolais.

Econews

Les quatre erreurs du communiqué de l’Honorable Augustin Kabuya

1. Il usurpe la fonction du Président du Parti en se faisant appeler Président a.i (terme qui n’existe pas dans les Statuts du Parti). La compétence étant d’attribution, qu’est ce qui lui confère la qualité de Président intérimaire ? Sa boulimie du Pouvoir.

2. Le Congrès de l’Udps/Tshisekedi, organe suprême du Parti, désigne «intuitu personae» (c’est-à-dire au regard de sa personne) que le Président du Parti. Tout autre membre qui reçoit un mandat du Congrès le reçoit au regard des fonctions qu’il exerce et non au regard de sa personne. Raison pour laquelle avant de cité son nom, la résolution du Congrès précise « l’actuel Secrétaire général du Parti… ». Donc, la perte de la qualité de Secrétaire général entraîne la perte du mandat qui y est lié.

3. L’Honorable Augustin Kabuya utilise dans son communiqué le terme « régime » pour désigner le système politique de l’UDPS. Il doit noter que les socialistes n’emploient pas ce terme pour désigner leur système, car pour eux, il a un sens péjoratif.

4. Ledit communiqué fait appel à l’unité, comment l’unité peut se faire à l’appel d’une personne désavouée et qui n’inspire plus confiance à la quasi-totalité de la base? Impossible. L’unité s’est déjà faite autour des principes et des valeurs qui ont prévalu à la création de l’UDPS, autour de la présidence du parti, exécutif national.

909 32

CP