Il n’est pas facile d’être le Zaïre, répétait souvent Mobutu Sese Seko, même au plus fort des années de sa dictature de près de 32 ans. Avec le recul, on s’aperçoit que le Maréchal faisait allusion aux pressions et sanctions internationales que son régime devenu une autocratie sanguinaire était l’objet. Son isolement diplomatique, aggravé par l’Opération Lititi Mboka en ce soir de mai 1990 lors du vrai-faux massacre d’étudiants sur le campus de l’Université de Lubumbashi, suivi de pillages du tissu socio-économique finissant par mettre le pays à genoux pour culminer par l’épopée victorieuse de l’AFDL sept ans plus tard, sont autant de leçons dont, d’évidence, les dirigeants actuels du Congo-Zaïre sont loin d’avoir tiré la substantifique moelle.
Pour peu qu’il se trouve encore parmi ces derniers des têtes pensantes, ils comprendraient que les malheurs de Mobutu, malgré sa toute-puissance inégalée à ce jour, étaient la résultante de son enfermement dans sa bulle de confort avec une clique de co-régionnaires et une clique d’amis aux dents longues. Retranchés derrière un bunker aux murs impénétrables, ils avaient cessé d’entendre la voix du peuple qui grondait. Un peuple miséreux laissé à la merci des hordes d’une soldatesque mal payée, encouragée à vivoter sur le dos d’un peuple qui n’avait plus rien à offrir.
Nul n’étant parvenu au pouvoir suprême avec l’ambition bien affichée d’accéder au statut infamant de dictateur du genre de Néron (empereur romain), les dirigeants suprêmes le deviennent à force d’écouter des griots chanter leurs louanges à longueur d’années. Se croyant revêtus de la carapace de héros légendaires invincibles, ils finissent par se vautrer dans l’illusion d’un pouvoir sans fin au milieu de courtisans prêts à les abandonner à la moindre alerte d’une révolution qui emporterait tout sur son passage.
La République démocratique du Congo donne la nette impression d’un retour en accéléré aux années noires du Parti-Etat. Autres temps, autres mœurs, serait-on tenté de répliquer. Justement non. Il serait adéquat d’affirmer plutôt autres temps, mêmes mœurs. Tant le régime de Félix Tshisekedi s’ingénie à répliquer les dérives du mobutisme avec une fidélité.
La tentation d’un pouvoir sans partage jusqu’à la fin des temps en est l’illustration parfaite. Le débat aux accents menaçants autour du changement de la Constitution n’est qu’un misérable paravent qui cache un avenir des plus sombres pour un peuple faussement résigné.
Mwin Murub Fel
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