S’il est connu qu’il est difficile d’être plus royaliste que le Roi, la réalité sur cette rive-ci du fleuve Congo tend à établir qu’il est également difficile d’être Roi tout court. Parce qu’en RD Congo, l’inversion des valeurs s’est érigée en norme, en sorte que le normal est devenu anormal et inversement.
La Banque Centrale du Congo (BCC) expérimente aujourd’hui actuellement cette triste réalité avec la vraie fausse affaire des billets de banque portant la signature du nouveau Gouverneur. D’avoir fait une mise au point sur la légalité de ces billets de banque vaut, en effet, une volée de bois vert de la part d’une certaine opinion qui reproche à l’Institut d’Emission d’avoir communiqué tardivement. Personne, cependant, ne dit à quel moment une telle communication aurait été opportune pour un changement qui rentre pourtant dans l’ordre tout à fait logique du management.
Les pourfendeurs de la Banque Centrale doivent avoir certainement en tête l’expérience du billet de 5.000 FC dont une série bien identifiée avait été contrefaite. Malgré les explications subséquentes, ce billet est difficilement accepté dans les transactions jusqu’à ce jour, soit plus de cinq ans après.
Le fait est, cependant, que le syndrome de 5.000 FC n’a rien de comparable avec la fausse polémique qui tend à enfler sur des billets de banque ayant cours légal puisque portant la signature d’un Gouverneur en fonction. C’est le contraire, c’est-à-dire l’impression des billets portant la signature de l’ancien Gouverneur qui aurait pu être louche.
Des billets injectés normalement et en toute transparence
L’on peut comprendre que ces nouveaux billets avec la signature de Kabedi Malangu ont été lancés lorsque le stock des mêmes coupures portant l’ancienne signature s’est épuisé. L’on sait, en effet, que chaque jour des billets de banque abimés et hors d’usage sont retirés de la circulation et doivent être remplacés pour maintenir l’équilibre de la masse monétaire. Ce qui s’est passé avec les coupures de 20.000 et 10.000 FC s’inscrit certainement dans cette logique, et la Banque centrale a déjà prévenu qu’il va en être le cas avec les autres billets à faible valeur faciale.
Pour revenir sur la récrimination au sujet de la communication sur le changement de signature, l’on note que cette communication avait eu lieu en temps voulu avec les structures concernées. En effet, Marie-France Kabedi Malangu Mbuyi est nommée Gouverneur de la BCC le 12 juillet 2021. Le 23 juillet 2023, soit 11 jours après, la Banque adresse une lettre collective au siège, directions provinciales et agences pour leur communiquer les nom et spécimen de signature du nouveau Gouverneur. Ces structures répercutent, chacun à son niveau, l’information auprès des banques commerciales et autres institutions financières.
C’est seulement le 4 janvier 2022, soit cinq mois plus tard, que les billets portant la signature du nouveau Gouverneur sont imprimés pour être injectés, quelque temps plus tard dans le circuit financier à travers les banques et les institutions financières d’où ils vont gagner le circuit économique dans les transactions de tous les jours. Cette démarche est tout à fait régulière et ne doit pas être confondue avec l’affaire des faux billets de banque des années 1994 (Khanafer) où ces billets contrefaits avaient été injectés dans l’économie sans passer par le circuit bancaire à partir de la Banque centrale.
L’économie nationale mise en danger
Tout se passe normalement donc, jusqu’à ce que soient lancées, la semaine passée, des insinuations sur ces billets de banque portant une signature distincte des précédents billets qui sont également en circulation. Il apparait donc que cette fausse rumeur est l’œuvre malfaisante de certaines officines qui se trompent de combat politique en touchant à un point vital déjà en proie aux contrecoups des marchés internationaux.
En effet, lorsque, pour des raisons sans tête ni queue, les «transacteurs» économiques divergent sur le moyen d’échange qu’est la monnaie, c’est toute l’économie qui est mise à mal dans son fonctionnement avec des risques de ramifications vers des spéculations sur ces moyens d’échange dans leur aspect d’unité de valeur. L’on observe déjà des disputes à traves la ville de Kinshasa entre les acheteurs et les vendeurs qui refusent ce billet.
Le Gouvernement ferait œuvre utile d’étouffer ce front inutile avant qu’il ne soit trop tard. Il s’agirait d’impliquer la police économique pour décourager le rejet des coupures querellées ainsi que le ministère de l’économie qui est en contact direct avec les commerçants et autres opérateurs économiques. Dans le même temps, il faudra traquer les auteurs de la rumeur de tous les malheurs ainsi que tous ceux qui la relaient.
Avec Congo Guardian