Brésil : un plan de 317 milliards d’euros pour développer le pays

Le président Lula souhaite dynamiser durablement la croissance économique de son pays en investissant des centaines de milliards d’euros dans des chantiers publics, la production d’énergies et les transports. Mais ce « new deal » à la brésilienne avait déjà été initié en 2003 et 2010 et échoué.
317 milliards d’euros. Voilà la somme démesurée que veut mettre sur la table le gouvernement brésilien pour développer son pays. Le président brésilien Lula a annoncé vendredi la relance d’un programme intitulé «Nouveau Pacte d’Accélération de la croissance (PAC)». Il s’agit d’un programme de grands travaux prévoyant des investissements publics et privés de 1.700 milliards de réais (près de 317 milliards d’euros), pour «remettre le pays sur le chemin de la croissance ».
«Notre pays a besoin de crédibilité, de stabilité et de prévisibilité, et ce programme apporte ces trois ingrédients de base », a déclaré Lula lors d’une cérémonie en grande pompe au Théâtre municipal de Rio de Janeiro.
«Le lancement de ce nouveau PAC marque le début de mon troisième mandat (débuté en janvier). Jusqu’à présent, nous avions juste réparé ce qui avait été endommagé lors de ces dernières années, en relançant 42 politiques sociales », a-t-il aussi assuré, faisant allusion à la présidence de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Le gouvernement prévoit des investissements de 1.300 milliards de réais d’ici la fin du troisième mandat de Lula, en 2026 (environ 242 milliards d’euros), et 400 milliards de réais supplémentaires après.

Reprendre les chantiers publics et investir dans l’énergie
L’une des priorités de ce Nouveau PAC est de reprendre des chantiers déjà débutés, mais mis à l’arrêt en raison de difficultés financières dues notamment à la récession historique de 2015 et 2016. Le plus gros volume d’investissement est prévu dans le secteur du bâtiment, avec 610 milliards de réais (environ 114 milliards d’euros), dont plus de la moitié consacrée au financement de logements sociaux du programme Minha Casa Minha Vida, un des projets phare des mandats précédents de Lula.
Le Nouveau PAC prévoit également quelque 540 milliards de réais (environ 100 milliards d’euros) investis dans l’énergie et 349 milliards de réais (environ 65 milliards d’euros) dans les transports, notamment pour la construction et les travaux de maintenance des routes. Les secteurs de l’éducation et de la santé sont également concernés, avec des constructions d’écoles et d’hôpitaux. Le président a également réitéré que le respect de l’environnement était une de ses grandes priorités: «Nous avons une grande opportunité de devenir la grande puissance durable de la planète, et le PAC y contribuera. Plus de 80% de l’énergie (nécessaire aux travaux prévus) est propre ».
Cependant, pour que les financements soient débloqués, le gouvernement doit faire approuver définitivement ce nouveau «cadre budgétaire» devant le Parlement. Lula souhaite donc faire voter une loi qui remplace le plafond des dépenses en vigueur depuis 2016 et qui doit être soumise prochainement à un nouveau vote de la Chambre des députés. Mais la situation économique du Brésil est compliquée. L’inflation sur un an est repartie en légère hausse en juillet, à 3,99%, à cause du coût des transports (+1,5%) et des prix des carburants (+4,75%), et ce, après 12 mois consécutifs de ralentissement, selon les chiffres officiels rendus publics vendredi par l’institut de statistiques IBGE. Ce projet d’importants investissements publics pourrait donc être mal vu par le Parlement qui craint une recrudescence de l’inflation.

Une initiative déjà tentée en 2003 et 2010
Ce programme semble donc très ambitieux et n’est pas encore voté. Mais surtout, il avait déjà connu deux versions précédentes, lancées en 2007 et 2010, lors de son premier passage à la présidence (2003-2010). Et les résultats avaient été mitigés, un grand nombre de travaux prévus ayant dû être interrompus, faute de financement.

Mais le gouvernement veut se montrer optimiste.
«Le nouveau PAC est différent des autres car il fait en sorte que l’Etat (…) favorise les partenariats avec le privé», a expliqué le chef de cabinet de Lula lors du lancement du programme.
Pour cette nouvelle version du PAC, près d’un tiers des investissements annoncés doivent être issus de partenariats avec le secteur privé, et un cinquième des fonds apportés par des compagnies publiques, comme le géant pétrolier Petrobras.
Avec latribune.fr