Deux mousquetaires du gouvernement Sama étaient le vendredi 11 novembre 2022 devant la presse, Christophe Lutundula Apala, le chef de la diplomatie congolaise, et Patrick Muyaya de la Communication et Médias, pour parler des progrès enregistrés sur les fronts diplomatique et militaire ces derniers jours sur l’évolution de la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la République Démocratique du Congo. A cette occasion, les deux membres du gouvernement ont fixé l’opinion sur la position du gouvernement à dialoguer avec le mouvement terroriste du M23.
Sous l’égide de l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est), les pourparlers doivent reprendre le 16 novembre à Nairobi (Kenya), et les rebelles espèrent toujours contraindre le gouvernement congolais à leur faire une place à la table des négociations. Mais pour le moment, le Président de la République, Félix Tshisekedi, dit non.
Depuis la résurgence du mouvement terroriste du M23, le gouvernement congolais a activé et privilégié le front diplomatique pour trouver des solutions pacifiques à la crise sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la République endeuillant plusieurs milliers de familles et causant des plusieurs dizaines, voire des centaines de milliers des déplacés, a indiqué, vendredi devant la presse, le VPM en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala, dans une conférence de presse co-animée avec le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe.
Après cette longue période diplomatique qui tarde àproduire ses fruits, Kinshasan’écarte pas l’option militaire pour neutraliser définitivement la pieuvre qui sème la mort dans l’Est.
Confiant, le VPM Lutundula a fait comprendre que le gouvernement a réalisé des avancées significatives sur lesfronts diplomatique et militaire.
«Sur le plan diplomatique, on a enregistré des avancées significatives aussi bien au niveau de la feuille de route de Luanda que sur le processus de Nairobi, avec des faits marquants tels que : la réunion du samedi 5 novembre dernier à Luanda, l’effectivité de la mise en place de la commission ad hoc de vérification et la relance du dialogue, conformément au processus de Nairobi», a indiqué le VPM Lutundulaà la presse conviée, tout en précisant «qu’aucun accord n’a été signé à Luanda ». «Il a été convenu d’élargir les réunions de coordination aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC)».Et de continuer, «la médiation angolaise a demandé aux parties prenantes d’expliquer à nos chefs d’Etat respectifs, rwandais et congolais, les points de convergence dégagés lors de la dernière rencontre de Luanda ».
Quant aux points de divergence, le vice-Premier ministre a noté, notamment la non-application du cessez-le-feu par le M23 appuyé par le Rwanda et le non-retrait du groupe armé terroriste de toutes les localités occupées tel indiqué dans la feuille de route de Luanda.
Pendant que les opérations militaires continuent sur le terrain, les contacts sur le front diplomatique à la vitesse supérieur. C’est ce qui a justifié le ballet diplomatique du weekend passé avec l’arrivée, samedi, à Kinshasa du président angolais Joao Lourenco, médiateur dans les négociations de Luanda, ainsi que, dimanche, de l’ancien président kényan, Uhuru Kenyatta, parrain du processus de Nairobi.
Abordant la question relative au dialogue, le vice-Premier ministre Lutundula a réitéré la position du gouvernement de son refus de dialoguer avec les rebelles du M23 tant qu’il ne se conforme pas au processus de Nairobi.
«Il est hors de question d’un quelconque dialogue avec ce groupe terroriste», a-t-il martelé. Précisant, «qu’à l’instar des autres groupes armés, le M23 doit se conformer au processus de Nairobi».
Pour sa part, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a,auparavant, salué l’élan massif manifesté à l’appel du Président de la République, Félix Tshisekedi, de soutenir les Forces armées de la RDC. Il a relevé particulièrement l’appel des évêques du Congo, membres de la CENCO, dont la déclaration a été rendue publique jeudi 10 novembre 2022, à l’issue de leur assemblée générale.
Les conditions préalables au dialogue
Il faut noter que le chef de la diplomatie congolaise a tenu à préciser sur les préalables pour un éventuel dialogue avec le M23.
«Pour nous, les conditions sont les suivantes : – il faut que le M23 cesse ses activités criminelles, – il faut qu’il se retire des localités qu’il occupe,– que nos compatriotes chassés par la violence retournent à leur domiciles, et enfin, la cessation de tout soutien aux groupes armés, à l’instar du M23», a précisé le VPM Lutundula.
C’est clair, Kinshasa ne transigera pas. Concomitamment qu’une solution diplomatique est en train d’être recherché, il a intérêt de ne pas sursoir les opérations militaires lancées, il y a quelques jours, contre le boulin du Rwanda, le M23, étant donné que c’est la seul voix que comprend les agresseurs.
Dans le discours à la nation qu’il a prononcé le 3 novembre, le Président Tshise-kedi a reconnu que la situation était catastrophique dans l’Est : «Au moment où je fais cette adresse, nos agresseurs occupent certaines localités dans le territoire de Rutshuru, occasionnant ainsi un drame humanitaire avec plus de 200.000 compatriotes forcés de fuir les affres terroristes dans les zones de combat. Ils se retrouvent en dehors de chez eux, sans logis, sans nourriture et sans soins».
Pointant de nouveau un doigt accusateur sur le Rwanda, dont il affirme qu’il est le «parrain du M23 », il a accusé Kigali d’avoir des visées «expansionnistes» et de chercher à s’approprier les minerais congolais «en déstabilisant l’Est du pays pour créer une zone de non-droit en vue d’assouvir ses appétits criminels». Comme ceux qui l’ont précédé, ce discours s’inscrit dans une rhétorique offensive, Félix Tshisekedi tentant depuis des mois d’obtenir une condamnation du Rwanda sur la scène diplomatique internationale.
Tighana Masiala