On avait toutes les bonnes raisons de les détester, mais la Ceni et le Csac (Ham) des cycles électoraux précédents bénéficiaient du respect des autorités parce qu’aucun candidat, mais alors aucun n’osait dévoiler ses affiches avant le lancement officiel de la campagne électorale.
A Kinshasa, par exemple, c’est autour de minuit que le dévoilement s’opérait, et le matin, toutes les grandes artères de la capitale étaient en «quadrichromie ».
Le cycle actuel a rompu avec la tradition, et la conséquence est là !
La conséquence n’est pas que l’entrée en lice de Fayulu, Mukwege et Matata actifs en provinces. Il n’est pas exclu de voir Moïse Katumbi se jeter lui aussi à l’eau, et avec eux tous les autres.
Eux aussi entrent en campagne électorale prématurée.
La conséquence n’est pas que les incidents surgis dans l’Espace Kasai au point d’amener le Président de la République Félix Tshisekedi à taper du poing sur la table. « Le Chef de l’État a appris avec regret l’intolérance politique dont a été victime M. @MartinFayulu par certains compatriotes. Il condamne ces actes antidémocratiques et appelle le peuple congolais à faire preuve de tolérance et de citoyenneté à l’égard de tous les candidats #RDC », a annoncé le 5 novembre 2023 Tina Salama, sa porte-parole (réf. compte X ou ex-Twitter).
Il fallait bien en arriver là lorsqu’il se constate que l’autorité censée sécuriser le processus électoral, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur et Sécurité, ne s’assume pas. Il n’a pas sanctionné le gouverneur de la province du Kasaï Central pour menace proférée à l’endroit d’autres candidats à la présidentielle.
Or, le chef de l’Exécutif provincial est censé connaître l’article 34 de la loi électorale selon lequel : «Aucun individu, parti politique ou regroupement politique ne peut inciter quiconque à commettre un acte de nature à entraîner des violences, des menaces ou à priver d’autres personnes de l’exercice de leurs droits ou libertés constitutionnellement garantis».
Le souhait serait que la prise de position courageuse du Chef de l’Etat s’accompagne d’une campagne de sensibilisation et de moralisation au niveau de l’Union sacrée de la nation, particulièrement de l’Udps en tant que parti présidentiel pilote.
Apparemment, Félix Tshisekedi a prêché dans le désert.
La conséquence, c’est plutôt la tricherie qui aura caractérisé la première étape publique dans tout processus élections : la campagne électorale.
C’est une mauvaise semence.
En effet, on a beau se porter candidat, mais tant que le dossier n’est pas validé par la Cour constitutionnelle, on ne l’est pas formellement.
Décisive, l’étape suivante est la campagne électorale.
L’entreprendre précocement est une violation des dispositions légales établies.
La particularité de la mauvaise semence est sa capacité de tout corrompre.
En l’espèce, à plus de 98 %, les candidats aux législatives sont de l’Union sacrée de la nation.
Comme relevé dernièrement, le travail prioritaire des députés nationaux est la production des lois; ces lois régulent le fonctionnement de la Res publica.
Que faut-il attendre d’un violateur de la loi ?
Jusqu’à ce jour, on se demande bien pourquoi les candidats ayant fait le choix, pourtant sensé, de se mettre du bon côté de l’histoire se sont-ils délibérément précipités à entreprendre la campagne électorale précoce interdite pourtant par la loi !
Pourquoi n’ont-ils pas témoigné du respect à l’égard non seulement de la CENI et du CSAC, mais aussi et surtout du Chef de l’Etat, autorité morale !
Maintenant que les dés sont jetés, on ne voit pas de quelle manière peut-on arrêter la déferlante qui s’annonce dans les jours, sinon les heures qui viennent.
Il ne reste qu’à le constater : les sprinters qui étaient sur les starting blocks sont tous partis avant même le retentissement du starter, et le drapelet à carreau est abandonné sur la piste !
La conséquence est aussi dans le comment gérer les 23.103 candidats USN condamnés à l’échec. Parce qu’au sein d’une union, on peut se faire des concessions, de façon à éviter ce trop-plein de candidatures qu’on ne saura jamais contrôler. Déjà, aux candidats à la députation nationale et à la présidentielle s’ajoutent désormais les candidats à la députation provinciale entrés, eux aussi, et à leur corps défendant, en campagne électorale prématurée !
La CENI et le CSAC étant davantage désarmés, ce n’est pas bon signe pour la suite des événements…
Croisons les doigts pour un aboutissement heureux du premier cycle électoral issu de la première alternance politique !
Omer Nsongo die Lema (CP)