Décidément à la Présidence de la République, on n’a pas tiré les leçons des ratés du programme, dit de «100 jours», qui a valu la prison à Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Celui qui lui a succédé à ce poste semble être tombé dans le même panneau. Il s’agit d’un marché des plaques minéralogique conclu, le 30 décembre 2021, sans doute de gré à gré, avec Maximum B, une entreprise aux contours flous, à peine créée en octobre 2019, soit huit mois après l’entrée en fonction de Félix Tshisekedi. Dans l’opinion, c’est le tollé général. Depuis quelque temps, la Présidence de la République multiplie de scandale. Et tout finit par retomber sur le Président de la République.
La course à l’enrichissement a terriblement gagné la Présidence de la République. S’étant presque substitué, le cabinet du Chef de l’Etat est trempé dans les dossiers les plus sales possibles.
En effet, tout a commencé avec le programme, dit de 100 jours, qui a valu finalement la prison à Vital Kamerhe, le tout premier directeur de cabinet de Félix Tshisekedi. Puis, les autres membres du cabinet ont pris goût en s’investissant dans la mise en œuvre de divers projets et programme directement pilotés la Présidence de la République.
Alors que le projet «Tshilejelu» fait l’objet de vives critiques, un autre dossier sale implique le directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Guylain Nyembo.
Par un tour de passe-passe dont il a, décidément, le secret, Guylain Nyembo a visiblement by-passé une décision du Conseil des ministres tout en court-circuitant le ministère des Finances pour attribuer le marché d’acquisition de nouvelles plaques d’immatriculation à une société privée, dénommée Maximum B. Montant de la transaction : 476.235 USD.
La nébuleuse Maximum B
Mais qui est donc Maximum B et d’où sort-elle ?
Sur son site internet, Maximum B est très avare en renseignement la concernant. Elle se présente simplement comme «une société congolaise en partenariat avec une firme allemande leader mondial dans le domaine des plaques d’immatriculation en aluminium sécurisés, cartes roses dans plus de 130 pays, depuis plus de 50 ans» (sic).
Revendiquant seulement cinq ans d’existence sur le même site, elle se présente aussi comme «fabricant de documents officiels» qui est «soumis à des contrôles réguliers par les autorités congolaises et allemandes» et qui «établit les standards élevés de la certification ISO pour ses services et le matériel traité». Et c’est tout.
Mais en creusant, Congoguardian rapporte sur son site qu’il a finalement découvert de «fabriquant» de documents officiels, Maximum B se profile plutôt comme un simple commissionnaire pour le compte du fameux partenaire allemand qui n’est autre que la firme allemande «Utsch» qui a une représentation à Kinshasa, «Utsch Congo». Utsch est, depuis 2009, en partenariat avec la DGI (Direction générale des impôts) pour la production et la vente des plaques minéralogiques dont elle («Utsch») tire 60% des recettes contre seulement 40% pour le Trésor public.
Le contrat entre Utsch et la DGI est de 10 ans renou-velables. Il a curieusement expiré en… 2021, juste au moment où Maximum B se fait embarquer par Guylain Nyembo dans une nouvelle aventure sur le même genre de marchés. Mais avec quelles compétences ?
En réalité, la création de Maximum B ne remonte qu’à octobre 2019, soir huit mois après la prise des fonctions de Félix Tshisekedi. Sur son site, le GUCE (Guichet unique de création d’entreprises) donne des informations précises à ce sujet.
On se rend finalement compte que Maximum B – société au capital de 1.000 USD et appartenant à une dame nommée Beaud Grâce de nationalité congolaise – n’existe pas depuis plus de trois ans. Ses statuts datent d’août 2019 et ont été publiés par le GUCE en octobre 2019. Domiciliée officiellement au n° 22 de l’avenue Budjala, dans la commune de Kintambo, à Kinshasa, elle fonctionne plutôt dans la Concession Shabani, au 7476, avenue des huileries, étage 1 Quartier Golf, commune de la Gombe.
L’objet social de Maximum B est une nébuleuse. La société se présente comme exerçant dans la «la vente des matériels de construction, la décoration des immeubles; le nettoyage, l’entretien et le maintien de la propreté des bâtiments et lieux publics; le commerce général; le transport public; l’import et l’export». Plus loin, elle élargit son champ d’activités, se disant être en mesure de «faire toutes les opérations financières, commerciales, industrielles, mobilières et immobilières pouvant se rattacher directement ou indirectement à l’objet social ou qui seraient de nature à en faciliter ou développer la réalisation ».
C’est à cette société, entourée d’un grand mystère, que Guylain Nyembo a donc confié la production des plaques minéralogiques, passant outre les instructions d’une réunion du Conseil des ministres à laquelle il a également pris part. Lors de cette réunion du Conseil des ministres du 10 septembre 2021, le ministre des Finances avait sollicité et obtenu l’approbation de son plan de réorganisation du marché des plaques d’immatriculation, et s’était mis à l’œuvre pour son exécution. Une option qui a été superbement ignorée par Guylain Nyembo.
Grillé jusqu’au bout
On a eu droit, il y a quelques jours, à «Congo hold-up», on assiste désormais à de nouveaux épisodes de braquage des fonds publics depuis la Présidence de la République.
Commentant cette affaire, un analyste indépendant n’y va pas par quatre chemins. «Je crois qu’à la présidence de la République, on a toujours pas compris le contenu de l’article 91 de la Constitution : ‘Le Gouvernement définit, en concertation avec le Président de la République, la politique de la Nation et en assume la responsabilité. Le Gouvernement conduit la politique de la Nation. La défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement. Le Gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité.
Le Gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues aux articles 90, 100, 146 et 147. Une ordonnance délibérée en Conseil des ministres fixe l’organisation, le fonctionnement du Gouvernement et les modalités de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement ainsi qu’entre les membres du Gouvernement’ ». Et de conclure : «La présidence, surtout pas le Dircab du Président de la République, n’a aucun pouvoir de gestion lui dévolu par la Constitution ».
Econews avec Congoguardian