Cinq groupes armés locaux opérant dans la province sous état de siège de l’Ituri ont signé vendredi, en présence du vice-Premier ministre (VPM) de la Défense, Jean-Pierre Bemba, arrivé le même vendredi à Bunia, un acte d’engagement marquant la cessation immédiate des hostilités. Auparavant, ces chefs de milices avaient été conviés à Kinshasa à des discussions au plus haut niveau avec le gouvernement congolais. Est-ce le prélude à une paix durable dans la province de l’Ituri ? Difficile à dire.
Vendredi dernier, un événement historique s’est déroulé dans la province sous état de siège de l’Ituri en République démocratique du Congo. En effet, cinq groupes armés locaux ont signé un acte d’engagement pour la cessation immédiate des hostilités, en présence du vice-Premier ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba.
«Nous, les groupes armés de l’Ituri (Codeco, FRPI, FPIC, Autodéfense, Mapi), réunis en date du 19 avril 2024 sous la haute responsabilité de son excellence Monsieur le VPM de la Défense nationale Jean-Pierre Bemba, prenons l’engagement de cesser immédiatement les hostilités dans l’intérêt de la paix », ont déclaré, en ces termes, les groupes.
Tout contrevenant au présent acte se verra sanctionner par les actions militaires ou judiciaires, ont précisé les signataires avant de signer au bas de l’acte d’engagement.
Après un échange à bâtons rompus, chaque membre des groupes armés présents sur le lieu s’est exprimé, en relevant les différents problèmes qui seraient à la base des tueries de la population.
Ils ont insisté notamment sur «l’application correcte du dernier accord conclu dans le territoire d’Aru et décrié l’absence du suivi dans l’exécution des décisions au niveau de la zone opérationnelle», avant de solliciter la suppression des barrières militaires souvent «à la base de tracasseries qui conduisent parfois aux tueries».
Les membres des groupes armés ont également appelé le gouvernement à résoudre le problème récurrent des «limites administratives qui occasionnent des conflits intercommunautaires».
Aussi ont-ils demandé leur intégration dans la réserve armée et la mise en place du programme de démobilisation pour leur réintégration sociale.
Cette signature marque une avancée majeure dans le processus de pacification de la région, qui a été le théâtre de violences et de conflits armés pendant de nombreuses années. Les chefs de milices ont été conviés à des discussions à Kinshasa avec le gouvernement congolais, avant de revenir à Bunia pour officialiser cet acte d’engagement.
Le VPM de la Défense a souligné l’importance de la coopération entre le gouvernement et les groupes armés pour parvenir à une paix durable. Il a également promis un soutien financier et logistique pour faciliter le processus de démobilisation et de réintégration des combattants.
Pour apaiser les esprits, en attendant sa prochaine visite prévue la semaine prochaine, Jean-Pierre Bemba a ordonné l’identification et la suppression de toutes les barrières et l’identification des fournisseurs qui devront recevoir dès la semaine prochaine les moyens financiers du gouvernement, en vue de renforcer la ration des militaires engagés dans la défense de l’intégralité territoriale dans la province de l’Ituri.
Outre les groupes armés, M. Bemba s’est entretenu avec les différents responsables des forces vives (société civile, confessions religieuses, associations de jeunes), les femmes militaires et les représentants des communautés locales. Tous lui ont soumis leurs propositions pour la pacification de l’Ituri.
«De gré ou de force, le chef de l’État veut instaurer la paix en Ituri»
Un message de paix a été apporté en Ituri dans le nord-est de la République démocratique du Congo par le vice-Premier ministre, ministre de la Défense, arrivé vendredi à Bunia dans cette province sous état de siège depuis mai 2021.
«Le chef de l’État et l’ensemble du gouvernement ne supportent plus ce qui se passe ici (…). Vous devez savoir que, de gré ou de force, le chef de l’État veut instaurer la paix en Ituri », a martelé Jean-Pierre Bemba descendu dans cette entité pour une évaluation de la situation sécuritaire.
«N’avez-vous pas peur, lorsque vous tuez vos propres frères tous les jours ?», les a-t-il intérrogés, en présence du gouverneur militaire de cette province, le lieutenant–général John Luboya.
«Contrairement à la situation du Nord-Kivu où nous sommes en train de nous défendre par rapport à l’agression rwandaise, ici, ce sont des fils de la province qui s’entretuent. Ce n’est pas normal», a-t-il déploré.
Le VPM Bemba, qui connaît bien l’Ituri pour y avoir entrepris des activités commerciales avec son père, alors en vie, dans les années 1990, a par ailleurs rappelé son implication dans la réconciliation Hema-Lendu en 2001.
En dehors des groupes armés, le VPM a eu des discussions avec les autres couches socio-politiques, en présence du chef d’état-major général des FARDC chargé des opérations, du gouverneur militaire, du commandant de la 32ème région militaire ainsi que de beaucoup d’autres officiers généraux de l’armée nationale.
Cette initiative soulève l’espoir d’une paix durable dans la province de l’Ituri, mais il est encore tôt pour dire si cela sera effectivement le cas. Les défis restent nombreux, notamment en ce qui concerne le désarmement des groupes armés, la réintégration des combattants dans la société civile et la reconstruction des infrastructures détruites par les conflits.
Il est maintenant crucial que toutes les parties prenantes respectent leurs engagements et travaillent ensemble pour garantir la sécurité et la stabilité dans la région. La population de l’Ituri mérite enfin de vivre en paix, loin des violences et des conflits qui ont ravagé la région pendant longtemps.
Francis N. avec ACP