Pendant que partis et regroupements politiques se bousculent au portillon de l’informateur désigné en vue d’identifier la majorité parlementaire, Ensemble pour la République prend résolument la démarche à contrepied. Contrairement à une catégorie de leaders politiques hier encore estampillés du sceau d’opposants irréductibles, le parti politique de Moïse Katumbi refuse d’hurler avec les loups et de souscrire aux consultations initiées par Augustin Kabuya. Le porte-parole d’Ensemble, Me Hervé Diakese, n’y va pas par quatre chemins et dans un échange franc avec la Rédaction d’EcoNews, il fait un survol des positions de sa formation politique dans le sillage des élections du 20 décembre 2023 dont le résultat de la présidentielle ne lui a pas été favorable. Néanmoins, il n’écarte pas l’éventualité de rencontres ultérieures avec les autorités de fait pour tirer les conséquences découlant des scrutins dont ils continuent de contester autant l’organisation que les résultats.
Les assises des instances politiques d’Ensemble pour la République, réunies à Lubumbashi du 5 au 6 février, ont résolu d’une part de mettre fin au flottement observé depuis la publication des résultats des législatives et de lever l’option d’envoyer leurs élus siéger à l’Assemblée nationale.
Selon Hervé Diakese, près de trente députés élus, certains ont rejoint d’autres horizons (sic !) avec pour conséquence qu’à ce jour, Ensemble pour la République ne saurait être en mesure de constituer une majorité parlementaire dont le nombre, selon les anciennes dispositions, fixe un minimum de 25 élus. Néanmoins, estime-t-il, il n’est guère exclu que le règlement intérieur de la chambre basse en cours d’élaboration ne modifie les articles ad hoc, et permettent à Ensemble de se constituer en groupe d’opposition républicaine au sein de l’hémicycle de nouvelle législature.
CONSULTATIONS : SANS OBJET, MAIS…
Au sujet des consultations menées par l’informateur et secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya. «En tant qu’opposition républicaine, les consultations de M. Kabuya ne nous concernent nullement. Cependant, Ensemble n’exclut pas de contacts ultérieurs au cours desquels nous devrons nous regarder entre quatre-z-yeux et les mises au point sur certains griefs ne manquent pas», déclare-t-il.
Parmi les griefs évoqués par le porte-parole d’Ensemble figurent, sans être exhaustif, la détention dans une prison militaire de Salomon Kalonda, conseiller spécial de Katumbi, dont la santé se détériorerait au jour le jour.
Selon Hervé Diakese, « la détention prolongée de Salomon Kalonda est d’une illégalité flagrante, d’autant plus qu’il vient d’être élu député provincial ». Dans la foulée, il évoque l’incarcération du député provincial Michel Hughes «Mike» Mukebayi, alors que son compère lui-même ancien député national, serait contraint à la clandestinité. Par dessus tout, Hervé Diakese fustige les restrictions aux déplacements de mobilisation et de conscientisation de ses sympathisants à travers la république imposées à Moiise Katumbi dont l’avion est régulièrement cloué au sol quand il lui est refusé le survol du territoire. «Plus grave, nous attendons que soit levée l’opacité qui entoure les résultats de l’autopsie sur la dépouille de notre ancien camarade Chérubin Okende», s’est-il insurgé.
DES RELATIONS AVEC MATATA PONYO ET DES AFFAIRES COURANTES
Interrogé sur le contact noué par l’ancien premier ministre Matata Ponyo et l’informateur, Hervé Diakese indique que Matata Ponyo avait certes été un allié de Moïse Katumbi dans l’optique de la présidentielle à laquelle lui-même était candidat avant de se désister en faveur du leader d’Ensemble. «La suite des événements a montré que M. Matata, du reste élu député national, n’a jamais conclu une quelconque fusion avec Ensemble. Dès lors, et en toute démocratie, l’ancien premier ministre est parfaitement fondé à se déterminer dans la suite de sa carrière politique. Et sportivement nous lui souhaitons bon vent».
Invité à fournir l’avis de son parti politique sur la démission des membres du gouvernement élus députés nationaux, dont le premier ministre en personne, mais à qui le président de la république a confié la charge d’expédier les affaires courantes dans l’attente de la désignation du nouveau chef de l’Exécutif, le collaborateur de Moïse Katumbi répète qu’il s’agit là d’une violation de la constitution. «Continuer à exercer des charges gouvernementales notoirement incompatibles avec une fonction élective n’est plus ni moins qu’un fait constitutif du crime de haute trahison dont la justice se saisira, tôt ou tard », a-t-il conclu.
Econews