C’est ce vendredi 12 novembre 2021 que se clôture à Glasgow, en Ecosse, la 26e Conférence des parties (COP) pour le climat des Nations Unies. Après dix jours de discussions à Glasgow, une première mouture de la déclaration finale de la COP26 appelle les pays à «réviser et renforcer», dès 2022, les contributions nationales qui fixent les engagements à court terme.
Après dix jours de discussions à Glasgow – et alors que la COP26 se ferme officiellement ce vendredi 12 novembre 2021–, la présidence britannique de la Conférence sur le climat a publié, mercredi 10 novembre, un premier projet de texte. Celui-ci, qui sera amendé d’ici la fin de la conférence, appelle les pays à «réviser et renforcer», dès 2022, les contributions nationales (NDC) qui fixent les engagements à court terme – l’accord de Paris ayant décidé, en 2015, la révision de ces NDC tous les cinq ans.
Il s’agit, selon le texte, de rendre ces engagements «compatibles avec les objectifs de réchauffement de l’accord de Paris», c’est-à-dire «bien en deçà» de 2°C, si possible 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Les dernières estimations, données mardi par l’Organisation des nations unies, pointaient en effet que, malgré les nouveaux engagements pris par certains Etats, le monde est toujours sur la trajectoire d’un réchauffement «catastrophique» de 2,7°C d’ici la fin du siècle.
Le texte souligne notamment que «les impacts du changement climatique seront bien moindres avec un réchauffement de 1,5°C, comparé à 2°C». Il appelle donc à des «réductions rapides, fortes et soutenues des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont des réductions d’émissions de CO2 de 45 % en 2030 par rapport au niveau de 2010 et à la neutralité carbone vers le milieu du siècle ». Il encourage également les pays à « accélérer la sortie du charbon et des financements pour les énergies fossiles », responsables de la plupart des émissions. Une telle mention explicite des énergies fossiles est inédite, et ne figure notamment pas dans l’accord de Paris.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a également appelé, mercredi, la conférence à donner une «impulsion forte» pour tenter d’arriver à un accord permettant de limiter le réchauffement mondial. «Si nous voulons y parvenir, nous avons besoin d’une impulsion forte pour nous faire franchir la ligne» d’arrivée, a dit le chef du gouvernement britannique, de retour à Glasgow.
«Il nous reste juste quelques jours, et il y a encore beaucoup à faire». Et d’ajouter : «Il est très frustrant de voir des pays qui ont passé six ans à se congratuler ostensiblement d’avoir signé [l’accord de] Paris se rapprocher tranquillement de l’échec ».
Les réactions à cette première mouture de la déclaration finale ont été mitigées, à l’image du «Climate Vulnerable Forum» qui a estimé que le texte «ne répond [ait] pas aux principales demandes des pays vulnérables».
De son côté, la directrice de Greenpeace International, Jennifer Morgan, a déclaré : «Il ne s’agit pas d’un plan pour régler la crise climatique mais d’un accord pour croiser les doigts en espérant que ça va aller. Une demande polie aux pays de si possible, peut-être, faire plus l’an prochain. Ce n’est pas assez».
Sortir du pétrole et de gaz
Pour la première fois, une COP s’attaque frontalement aux énergies fossiles, premières responsables du changement climatique. Au charbon, d’abord, puisque la semaine dernière, une vingtaine de pays ont promis de sortir de cette énergie, la plus polluante dans les années 2030 et 2040. Mais aussi au pétrole et au gaz, une étape encore rarement franchie.
Jeudi 11 novembre, à la COP26), huit pays se sont engagés à ne plus octroyer de nouvelles concessions et licences pour la production et l’exploration de pétrole et de gaz – avec effet immédiat. La coalition « Beyond Oil and Gas Alliance » (BOGA) lancée par le Costa Rica et le Danemark – premier producteur européen de pétrole –, regroupe également la France, le Groenland, l’Irlande, le Pays de Galles, le Québec et la Suède.
Ils ont également décidé de fixer une date de fin d’exploitation et d’exploration – pour les licences déjà en cours – des hydrocarbures sur leur territoire. Cette date, qui n’est pas encore déterminée, devra être «alignée sur l’accord de Paris», qui vise à contenir le réchauffement climatique si possible à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Certains des membres de BOGA avaient déjà auparavant fixé une date sortie des hydrocarbures, en 2040 en France ou en 2050 au Danemark.
La Nouvelle-Zélande et la Californie ont aussi rejoint la coalition en tant que membres associés puisqu’elles « ont pris des mesures concrètes importantes qui contribuent à la réduction de la production de pétrole et de gaz», indique le communiqué de presse.
La Nouvelle-Zélande a décidé en 2018 de bannir tout nouveau permis d’exploration pétrolière offshore, tandis que la Californie, importante productrice de pétrole, interdira la fracturation hydraulique (qui permet d’extraire du pétrole et gaz de schiste) en 2024 et cessera toute exploitation d’hydrocarbures à l’horizon 2045.
Des voitures neuves à zéro émission d’ici 2040
Une trentaine de pays, des régions et une dizaine de constructeurs automobiles se sont engagés mercredi à «travailler » pour faire en sorte que d’ici 2040, toutes les voitures neuves vendues soient zéro émission, selon un communiqué de la présidence britannique de la COP26. « Ensemble, nous travaillerons pour faire en sorte que toutes les nouvelles voitures et camionnettes soient zéro émission au niveau mondial d’ici 2040, et au plus tard d’ici 2035 dans les principaux marchés», dit cette déclaration qui insiste toutefois sur le fait que l’engagement n’est pas contraignant.
Parmi les signataires figurent quelques pays développés, dont le Royaume-Uni, l’Irlande, la Suède et Israël – qui s’étaient déjà engagés pour la fin des ventes de voitures à moteur thermique d’ici 2030. En revanche, la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la France ou l’Allemagne, parmi les plus importants pays constructeurs, n’ont pas signé.
«Sur 2035 nous sommes d’accord sur le principe de la fin de la vente des véhicules non électrifiés », a commenté la ministre de la transition écologique française, Barbara Pompili, soulignant qu’un débat était en cours au sein de l’UE sur le fait d’inclure ou non les hybrides dans cette catégorie.
Parmi les constructeurs, Toyota, Volkswagen et Renault-Nissan-Mitsubishi ne sont pas signataires de la déclaration. Ford, Mercedes-Benz, General Motors et Volvo, qui avaient déjà des objectifs de sortie des moteurs thermiques, ont en revanche rejoint l’initiative. Dans ces conditions, l’annonce a été accueillie avec scepticisme par les ONG du climat, alors que le transport est l’un des principaux secteurs d’émission de gaz à effet de serre.
Econews avec AFP