Condamnés à mort en RDC, puis rapatriés aux États-Unis, trois Américains viennent d’être inculpés par la justice fédérale pour leur rôle présumé dans une tentative de coup d’État contre Félix Tshisekedi. Au cœur des charges : conspiration terroriste, projet de bombardements et création d’un «Nouveau Zaïre» via un complot sophistiqué mêlant drones équipés de lance-flammes, entraînements militaires dans l’Utah et assaut sanglant à Kinshasa (6 morts). Parmi les accusés, Marcel Malanga, fils du rebelle Christian Malanga tué lors de l’opération, et un expert en explosifs. Le Département de la Justice exige leur détention sans libération, craignant un «danger extrême». Une affaire qui éclate en pleines négociations tendues entre Washington et Kinshasa sur l’accès aux minerais stratégiques de l’Est congolais, mêlant justice, realpolitik et ombres d’un conflit régional.
La justice fédérale américaine a inculpé mercredi trois ressortissants des États-Unis, précédemment condamnés à mort en République démocratique du Congo (RDC), pour leur implication présumée dans une tentative de coup d’État contre le gouvernement du président Félix Tshisekedi. Une affaire aux ramifications explosives, mêlant terrorisme, enjeux géopolitiques et négociations sur les minerais stratégiques.
Des charges lourdes et un complot sophistiqué
Le Département de la Justice a dévoilé un acte d’accusation accablant, fruit d’une enquête du FBI de plusieurs mois. Parmi les chefs-d’accusation retenus : conspiration en vue d’utiliser des armes de destruction massive, complot visant à bombarder des installations gouvernementales et tentative d’assassinat ou d’enlèvement de personnes à l’étranger. Les principaux accusés – Marcel Malanga (22 ans), Tyler Thompson Jr. (22 ans) et Benjamin Zalman-Polun (37 ans) –, ainsi que Joseph Peter Moesser (67 ans), un expert en explosifs, risquent la prison à perpétuité.
Selon les documents judiciaires, le projet de renversement du pouvoir congolais, orchestré depuis les États-Unis et la RDC, était minutieusement préparé. Les conspirateurs auraient entraîné des civils au maniement d’armes, modifié des drones pour y installer des lance-flammes, et testé des tirs dans le désert de l’Utah. Leur objectif ? Établir un «Nouveau Zaïre», un État fantoche dirigé par Christian Malanga, chef rebelle tué lors de l’assaut du 19 mai 2024 à Kinshasa, où six personnes ont péri. Son fils, Marcel Malanga, s’était autoproclamé «chef d’état-major» de cette armée insurrectionnelle.
Le Département de la Justice a demandé le maintien en détention sans libération sous caution des accusés, les qualifiant de «danger extrême pour la communauté». Les enquêteurs redoutent également un risque élevé de fuite, compte tenu des ressources financières et des réseaux internationaux présumés des suspects.
Ce dossier s’inscrit dans un contexte diplomatique ultrasensible. Le rapatriement des trois Américains, annoncé mardi, intervient alors que Kinshasa et Washington négocient un accord stratégique : un soutien sécuritaire américain dans l’Est de la RDC, en échange d’un accès privilégié aux minerais critiques (cobalt, cuivre, etc.), essentiels pour la transition énergétique. Certains observateurs y voient une manœuvre pour apaiser les tensions nées de cette affaire, qui a embarrassé les deux capitales.
Entre ombres congolaises et silences américains
Si les autorités congolaises se félicitent de la coopération judiciaire avec les États-Unis, des questions persistent. Comment un complot d’une telle ampleur a-t-il pu être ourdi depuis le sol américain sans éveiller les soupçons plus tôt ? Les enquêteurs évoquent des échanges cryptés sur des messageries sécurisées et des transferts d’armes dissimulés dans des cargaisons commerciales.
Par ailleurs, le rôle exact de Christian Malanga, figure controversée de la diaspora congolaise aux États-Unis, reste à éclaircir. Connu pour ses diatribes contre le régime Tshisekedi, il aurait recruté des partisans via les réseaux sociaux, promettant un «soulèvement populaire » contre la «corruption» à Kinshasa.
Cette affaire met à l’épreuve les relations déjà complexes entre les deux pays. La RDC, qui accuse depuis des années des groupes soutenus par le Rwanda de déstabiliser l’Est congolais, pourrait exiger des garanties renforcées de Washington. À l’inverse, les États-Unis, soucieux de contrer l’influence chinoise et russe dans la région, devront naviguer entre pression judiciaire et realpolitik.
Pour l’heure, le procès à venir s’annonce comme un spectacle judiciaire à haut risque. Les preuves techniques – conversations interceptées, vidéos d’entraînement, commandes d’armes – devraient dominer les audiences. Mais au-delà des verdicts, c’est l’équilibre géopolitique de l’Afrique centrale qui se joue en coulisses.
Hugo Tamusa
Après leur extradition aux États-Unis d’Amérique, le Ministère Public américain siégeant à Salt Lake City, Utah State, vient de rendre public l’acte d’accusations contre Marcel Malu Malanga, Tyler Christian Thompson, Jr, Benjamin Reuben Zalman-Polun et Joseph Peter Moesser.
C’est un dossier de 82 pages constitué par le FBI.
Après déverrouillage de leurs téléphones, le FBI a retracé toutes les étapes du complot contre la sûreté de l’Etat congolais.
Pour le FBI, ce n’était pas une petite rébellion. C’était un complot international aux multiples ramifications.
Le FBI a retrouvé les conversations Facebook avec les vendeurs d’armes. Il a retracé et retrouvé tous leurs fournisseurs d’armes.
Ce qui est encore grave, certaines armes et explosifs ont été achetés en Ukraine.
Le FBI révèle également que les complotistes ont suivi des entraînements para-militaires aux USA et dans certains pays africains en vue clairement de renverser le Président TSHISEKEDI.
Le FBI conclut que c’est une opération militaire internationale bien planifiée mais ayant échoué en dernière minute.
Au vu du dossier à charge, les accusés risquent la perpétuité car leur opération a causé mort d’hommes et a voulu porter atteinte à la sûreté d’un État souverain étranger.
BODIDIER
Consultant stratégique Indépendant, Économiste.