En République Démocratique du Congo, la nomination d’un informateur pour identifier la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale issue des scrutins du 20 décembre 2023, a relancé la course à la Primature. Si la nomination d’un ressortissant du Centre au poste d’informateur, en la personne d’Augustin Kabuya disqualifie – sur papier bien sûr – le choix d’un Kasaïen comme prochain Premier ministre, elle relance cependant les conjectures sur le profil de celui qui devra remplacer Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge au n°5 de l’avenue Roi Baudouin dans la commune de la Gombe, à Kinshasa. Pour le moment, des faisceaux sont de plus en plus perceptibles sur le portrait-robot du prochain Premier ministre. Quatre noms forment le dernier carré de ceux qui ont franchi toutes les étapes préliminaires du tri. On cite, en termes de probabilité de l’ordre d’arrivée, Me Jacquemain Shabani, actuel conseiller principal au collège politique et processus électoral du Chef de l’Etat. Co-directeur de la campagne du Président Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2023. Il est talonné de près par Fabien Mutomb, directeur général de la SNCC. Si la course finale devait se jouer entre ces deux pions majeurs de l’UDPS, deux outsiders pourraient tout aussi faire l’intrusion à la Primature. Il y a, d’un côté, Jean-Pierre Lihau, actuel vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique, et de l’autre, Mukoko Samba, député national élu de Mbanza-Ngungu et directeur politique de la campagne de Félix Tshisekedi. On est évidemment à l’étape de supputations, le dernier mot revenant au Président de la République.
Qui succédera à Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge ? La question est dans toutes les lèvres depuis la nomination d’Augustin Kabuya au poste d’informateur avec la mission d’identifier la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale issue des législatives du 20 décembre 2023.
Selon le cahier des charges convenu avec le Président de la République, Félix Tshisekedi, l’informateur Kabuya a 30 jours, renouvelables, pour boucler sa mission. Evidemment, sur papier, le secrétaire général de l’UDPS, le parti présidentiel, ne devait pas rencontrer trop de difficultés sur le terrain, étant donné les résultats de dernières législatives nationales ont donné une large majorité, soit plus de 450 élus nationaux aux partis et regroupements politiques de l’Union sacrée de la nation, la mouvance présidentielle.
Si Kabuya est assuré de boucler son travail dans le délai, ce n’est pas pour autant que le problème serait résolu. Car, la grande bataille est celle qui se déroulera à la Primature. Qui sera donc l’heureux élu de Félix Tshisekedi au n°5 de l’avenue Roi Baudouin, siège de la Primature ? Suspense !
Les scenarii possibles
A première vue, le choix d’Augustin Kabuya, ressortissant des provinces du Centre – le même espace géographique que le Président de la République – amoindrit déjà les chances de voir un Kasaïen trôner prochainement à la Primature. Il n’est pas non plus évident qu’Augustin Kabuya réédite l’exploit d’Antoine Gizenga qui a réussi à se faire nommer Premier ministre au terme des élections de 2006, après avoir été informateur. Concernant Augustin Kabuya, la probabilité de réalisation d’un tel évènement est infiniment petite.
Autant dire qu’on est en face d’un intervalle largement ouvert qui donne une bonne marge de manœuvre au Président de la République pour choisir le tout premier ministre de son deuxième quinquennat. Et les prétendants au poste sont bien là.
Mais, selon les projections d’Econews, quatre personnalités sortent du lot.
Par ordre de positionnement, il y a avant tout Me Jacquemain Shabani. Ancien secrétaire général de l’UDPS du vivant du sphinx Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Jacquemain Shabani a connu un passage à vide, totalement noyé par l’omniprésence de son successeur au même poste, Jean-Marc Kabund.
Avec la déroute de Kabund, désormais banni de la Cour, Me Jacquemain Shabani est revenu à la lumière, nommé cpnseiller principal du Chef de l’Etat au collège politique et processus électoral, avant de se retrouver co-directeur, aux côtés de Mme Acacias Bandubola, de la campagne électorale de Félix Tshisekedi à la présidentielle du 20 décembre 2023. Depuis lors, il ne quitte jamais l’ombre du Chef de l’Etat, l’accompagnant à toutes les étapes du processus électoral jusqu’à la prestation de serment du 20 janvier 2024.
Ressortissant de l’Est, partie en proie à une insécurité permanente, Jacquemain Shabani est un atout majeur pour rapprocher le plus possible Tshisekedi de son électorat de l’Est. A ce titre, il jouit d’une forte probabilité de se retrouver prochainement à la Primature.
Me Jacquemain Shabani a un concurrent de taille qui lorgne sur le même poste. C’est Fabien Mutomb, actuel directeur général de la SNCC, un Katangais de souche, fondamentalement UDPS.
Est-ce qu’un Katangais pourrait remplacer un autre à la Primature ? Le sort de Fabien Mutomb se joue plus sur ce point, plombé par le grand handicap de ses origines katangaises comme le Premier ministre sortant Sama Lukonde.
Ce qui donne de maigres chances à deux autres outsiders, en l’occurrence Jean-Pierre Lihau, actuel vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique, qui joue la carte du Grand Nord.
Dans la partie Ouest, les phares sont orientés vers Daniel Mukoko Samba, récemment élu dépité national à Mbanza-Ngungu (Kongo Central). Il a l’avantage d’avoir été au cœur de la rédaction du document de campagne de Félix Tshisekedi où il a assumé les fonctions de directeur. Les six piliers de la campagne de réélection de Félix Tshisekedi, c’est lui. Quoi de plus normal que le Président de la République lui confie la Primature pour en assurer l’exécution.
A tout prendre, les jeux sont totalement. Mais, il faudra bien surveiller ce dernier carré. Le prochain Premier ministre pourrait bien venir de là.