IMG 20250220 WA0042

Crise en RDC : enfin, le taiseux Joseph Kabila rompt le silence !

L’ancien Président de la République, Joseph Kabila, a rompu un long silence ce dimanche 23 février en publiant une tribune incendiaire dans le journal sud-africain TimeLive.com. Quelques heures après avoir annoncé sur Twitter son intention de « s’exprimer désormais», le chef de l’Etat honoraire, qui a cédé le pouvoir en 2019 après 18 ans de règne, a vivement critiqué la gestion politique et sécuritaire de son successeur, Félix Tshisekedi. Un retour remarqué dans l’arène médiatique, qui relance les tensions au sein d’une classe politique congolaise déjà fracturée.

Dans cette tribune intitulée «La RDC à la croisée des chemins», Joseph Kabila exprime ouvertement sa «désolation» face au «sort réservé par le Président Tshisekedi au nouvel ordre issu des élections de 2019». Il accuse Félix Tshisekedi d’avoir trahi les espoirs nés de la première transition pacifique du pays, en sapant, selon lui, «les fondements d’une démocratie naissante».

Pour l’ancien président de la République, la crise que traverse la RDC depuis 2021 est «multidimensionnelle» : «C’est une crise sécuritaire et humanitaire, mais surtout une crise politique, sociale, morale et éthique», écrit-il, pointant du doigt l’«incapacité du pouvoir à unir la nation».

Kabila alerte sur les risques d’une aggravation des tensions si des «solutions appropriées» ne sont pas rapidement mises en œuvre. Sans nommer directement Tshisekedi, il dénonce une gestion «chaotique» des conflits dans l’Est du pays, où les groupes armés, dont les rebelles du M23, continuent de défier l’autorité de l’État. L’ancien chef de l’État évoque également la déliquescence des institutions, la corruption endémique et le «recul des valeurs républicaines», des maux qui, selon lui, menacent la stabilité du pays et de la région des Grands Lacs.

Cette sortie médiatique intervient dans un contexte de relations tendues entre Kabila et Tshisekedi. Mais cette tribune, la plus directe depuis son retrait du pouvoir, est perçue comme une escalade. «Kabila cherche à repositionner son camp en capitalisant sur les frustrations populaires et les échecs sécuritaires de Tshisekedi», analyse un politologue sous couvert d’anonymat.

Si certains observateurs saluent la prise de parole d’une figure majeure de la politique congolaise, d’autres dénoncent une tentative de «réécriture de l’histoire». «Kabila oublie que sa propre gestion du pouvoir a planté les graines de nombreuses crises actuelles», rétorque un député de la majorité.

Sur la scène régionale, cette tribune relance aussi les spéculations sur les alliances en jeu, notamment avec le Rwanda, accusé de soutenir le M23 – une accusation que Kabila avait lui-même portée pendant sa présidence.

La tribune de Joseph Kabila, bien plus qu’un simple diagnostic, semble être un acte de défiance envers le pouvoir en place. En choisissant un média sud-africain, il adresse également un message à la communauté internationale, souvent critiquée pour son « silence complice » face aux dérives de Kinshasa. Reste à savoir si cette offensive médiatique annonce un retour actif de l’ancien président de la République sur la scène politique. Une perspective qui pourrait exacerber les tensions dans un pays où le dialogue national peine toujours à émerger.

Ci-dessous, l’intégralité de sa tribune, traduite de l’anglais.

Econews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights