Décès d’Olivier Mpunga dans les locaux des services spéciaux de la PNC : les tortionnaires aux arrêts

Le décès samedi d’Olivier Mpunga, un Congolais de 32 ans, dans les locaux des services spéciaux de la Police nationale congolaise (PNC), après avoir subi des tortures inhumaines, a suscité une vague d’indignation aussi bien dans la classe politique que dans la hiérarchie de la PNC. Ministres, députés et activistes des droits de l’Homme, tous unanimes, ont condamné ce meurtre.

Selon le porte-parole de la PNC, les tortionnaires de l’infortuné sont aux arrêts et devaient être présentés devant la Justice militaire. Il a annoncé que le commissaire général Dieudonné Amuli, «vient d’instituer une commission d’enquêtes au niveau de la Coordination nationale de la Police judiciaire». Le patron de la PNC «condamne le recours aux actes stériles, inhumains, dégradants et de tortures infligées au défunt».

Les réactions

Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, a affirmé que les auteurs présumés seront jugés en flagrance. «Tous les auteurs présumés seront jugés en flagrance pour que cela serve d’exemple. Les règles d’engagement recommandent le respect strict des droits humains», a dit le porte-parole du gouvernement. Et d’ajouter : «Il n’y a rien de plus troublant que perdre un jeune de 32 ans. Toute la solidarité à sa famille. Justice doit être faite».

Consterné par cette bavure policière «de trop», Albert-Fabrice Puela, ministre des Droits humains, a condamné «fermement et énergiquement cet acte ignoble et odieux et rappelé le caractère sacré de la vie humaine». Il a sollicité que les auteurs puissent répondre devant la justice dans une procédure de flagrance afin de servir de leçon aux autres, rassurant que le respect et la protection des droits humains constituent le cheval de bataille du président Félix Tshisekedi et «veillera à ce que ce crime ne reste pas impuni ».

Il a salué l’audition au parquet près le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe de certains présumés auteurs de cet acte criminel, sollicitant, à l’occasion, que ces infracteurs « soient jugés en procédures de flagrance, conformément à l’ordonnance-loi du 24 janvier 1978 relative à la répression des infractions flagrantes, afin de servir de leçon pour les autres », pouvait-on lire dans un communiqué de son cabinet.

Le ministre Puela a appelé au respect de la déclaration universelle des droits de l’homme, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples dans ses articles 3 et 5 ainsi que l’article 16 de la Constitution du 18 février 2006, qui garantissent le caractère sacré de la vie humaine.

Par la même occasion, il a invité la population au calme en s’interdisant tout recours à la justice populaire  ou au règlement de comptes. Car souligne-t-il, «la force reste et demeure à la loi ».

Pour le leader de l’Union démocratique africaine (UDA originelle), Claudel-André Lubaya, ce crime qu’il condamne avec fermeté est une « nouvelle étape dans la dégradation de l’Etat de droit ».

«J’ai appris avec vive émotion et profonde tristesse, la mort par tortures et sévices corporels, d’Olivier Mpunga, citoyen congolais mieux identifié. Il s’agit à priori et sous réserve des résultats de l’enquête, d’un crime odieux que je condamne avec fermeté. J’exhorte le gouvernement à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour identifier et punir les coupables. Ce crime est une nouvelle étape dans la dégradation de l’Etat de droit. Il trahit la brutalité de ceux qui l’ont commis, comme il démontre l’idéologie mortifère qui les habite», a-t-il dit.

Le député Lubaya pense qu’il est temps de passer de la parole aux actes pour que pareille tragédie qui n’est pas la première ne puisse plus se reproduire. C’est dans ce cadre que l’ancienne présidente de la Commission Droits humains de l’Assemblée nationale a exigé un procès public pour les auteurs de ce crime et une réforme approfondie pour l ‘État.

«La torture interroge, la douleur répond et la mort arrive. Justice pour Olivier Mpunga, jeune congolais victime de la barbarie des agents de la police. Intolérable de la part d’une police respectueuse des Droits humains. Un procès public pour les auteurs et une réforme pour l’État», a martelé Christelle Vuanga.

Les vidéos montrant l’infortuné menotté et tabassé ont fait le tour de la toile, les policiers-tortionnaires se vantant de leur prouesse qui a conduit à une mort d’homme.

Econews