Le Front Commun pour le Congo, FCC en sigle, suit avec préoccupation l’évolution de la situation politique nationale et fait la déclaration suivante :
- Concernant l’état de siège dans les provinces de l’Ituti et du Nord-Kivu
Le FCC partage la douleur des populations meurtries de ces deux provinces, en proie à des violences qui y occasionnent quotidiennement mort d’hommes et destruction de biens.
Le FCC prend acte de la décision du Président de la République et son gouvernement de déclarer l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Il apporte son soutien multiforme aux Forces armées de la République Démocratique du Congo qui, comme elles ont eu à le démontrer contre le M23 notamment, sont capables de venir à bout des forces négatives, pour autant que les moyens nécessaires soient mis à leur disposition et que, grâce à une politique favorisant le consensus national, elles bénéficient de l’appui unanime de la nation dans toute sa diversité.
Partisan inconditionnel de la paix et vigie de la démocratie et de l’Etat de droit, le FCC entend assurer, avec le concours des élus du peuple, de la société civile et des hommes et femmes de bonne volonté, un suivi régulier de la mise en œuvre de l’état de siège et il se tient prêt à dénoncer tout type d’abus qui découleraient des mesures d’exception qui accompagnent ce dernier, étant entendu qu’aux termes tant de la Constitution de la République que des instruments internationaux auxquels notre pays est partie, même en cas d’état de siège, il est des droits fondamentaux qui ne peuvent être restreints, moins encore violés.
- Concernant la motion de censure contre le gouvernement provincial du Tanganyika
Le FCC note avec indignation, que la boulimie de pouvoir et la conception autocratique de celui-ci qui caractérisent l’Union sacrée et l’amènent à vouloir assujettir tous les Congolais et toutes les institutions de la République, nationales, provinciales et locales, à la volonté d’une seule personne ne s’embarrassant d’aucun scrupule, d’aucune règle, d’aucune limite. La preuve vient d’en être tristement donnée, pour la nième fois avec, d’abord l’interdiction faite aux députés provinciaux du FCC dans la province du Tanganyika de participer aux travaux de leur assemblée et, tout récemment, la destitution aussi irrégulière qu’injustifiée, orchestrée et pilotée depuis Kinshasa, du gouverneur de la province du Tanganyika M. Zoé Kabila Mwanza Mbala.
Massivement soutenu par la population de sa province, au regard de ses remarquables réalisations sur les plans sécuritaire, économique, social et du développement des infrastructures, le gouverneur du Tanganyika a en effet été destitué au seul motif de ne pas avoir accepté d’adhérer à l’Union sacrée. Pire, cette destitution a été entachée de grossières violations de ses droits fondamentaux – le gouverneur n’ayant pu présenter ses moyens de défense puisque retenu à Kinshasa par les autorités nationales, ainsi que des lois et des règlements pertinents.
Le FCC ne peut cautionner et condamne donc cette dérive vers un Etat de non droit, doublée d’une déstabilisation en règle de toutes les institutions délibérantes, nationales et provinciales.
Le FCC interpelle la Cour Constitutionnelle et lui fait remarquer que ses arrêts dans les causes gouverneur du Tanganyika contre Assemblée provinciale et président et vice-président de l’assemblée provinciale du Tanganyika contre cette dernière risquent de la décrédibiliser davantage en tant que plus haute juridiction du pays, garant des libertés et droits fondamentaux et régulateur de la vie politique dans notre pays.
Le FCC prend donc l’opinion nationale et internationale à témoin.
Il exhorte la Cour Constitutionnelle, conformément à sa jurisprudence constante, à annuler la décision de l’Assemblée provinciale du Tanganyika pour non-respect du droit sacro-saint de la défense et à rétablir, en conséquence, le gouverneur irrégulièrement déchu dans ses fonctions.
Fait à Kinshasa, le 11 mai 2021
Pour le Front Commun pour le Congo
La Conférence des présidents