L’UDPS, parti historique du Président Félix Tshisekedi, traverse une crise interne aux allures de farce tragique. Depuis plusieurs semaines, deux secrétaires généraux autoproclamés, Augustin Kabuya et Deo Bizibu, se livrent une guerre ouverte, jetant le discrédit sur la formation au pouvoir.
La dernière passe d’armes en date remonte à ce dimanche 11 mai. Dans un communiqué, Augustin Kabuya, présenté comme secrétaire général et président ad intérim, a convoqué une réunion avec les députés UDPS et alliés de la Mosaïque. Une initiative immédiatement rejetée par Deo Bizibu, qui, dans une contre-proclamation, a dénié toute légitimité à son rival.
« Un individu ne peut pas se prévaloir de la qualité de président ad intérim », a-t-il asséné, relançant la polémique sur qui dirige réellement le parti.
Le ministère de l’Intérieur absent des radars
Cette division ouverte interroge d’autant plus que le ministère de l’Intérieur, censé veiller au respect des statuts des partis politiques, n’a toujours pas clarifié la situation. Pourtant, ce ministère est dirigé par un membre de l’UDPS, ce qui rend son silence d’autant plus incompréhensible.
« Comment un parti au pouvoir peut-il se dédoubler sans que l’État ne réagisse ? », s’interrogent des observateurs politiques. « Cette paralysie est le signe d’une faillite institutionnelle », pensent certains.
Face à cette cacophonie, de nombreux militants appellent à une intervention du Président Tshisekedi, considéré comme l’autorité morale du parti. « Seul le chef de l’État peut encore ramener l’ordre dans cette maison en feu », estime un cadre UDPS contacté par Econews.
Mais jusqu’à présent, le locataire du Palais de la Nation n’a pas donné de signe clair de sa position. Un mutisme qui alimente les spéculations : le Chef de l’Etat laisse-t-il faire pour mieux reprendre la main plus tard ? Ou craint-il de s’enliser dans des querelles intestines ?
« Que reste-t-il de l’UDPS aujourd’hui ? », s’interroge un analyste politique. Et d’ajouter : « Si le parti au pouvoir n’est même pas capable de désigner son propre dirigeant, comment peut-il prétendre gouverner le pays ? »
Le spectacle donné par l’UDPS est plus qu’une simple querelle interne : c’est une humiliation pour ses militants et un mauvais signal envoyé aux Congolais. La balle est désormais dans le camp du Président Félix Tshisekedi.
Restera-t-il spectateur de la décomposition de son propre parti, ou prendra-t-il les mesures nécessaires pour éviter un naufrage politique ? Une chose est sûre : le temps presse.