Delly Sesanga, porte-drapeau du front contre le changement de la Constitution

Dans un acte de résistance politique, Delly Sesanga, figure de proue du parti politique ENVOL, s’est allié à d’autres forces vives de la République Démocratique du Congo pour lancer un front commun contre la modification de la Constitution et l’éventualité d’un troisième mandat pour le président Félix Tshisekedi. À travers une déclaration publiée, le samedi 9 novembre 2024 à Kinshasa, ce collectif de leaders politiques, de membres de la Société civile et d’intellectuels appelle à un «sursaut national» pour préserver la Constitution et l’ordre démocratique du pays. 

Avec ce nouvel appel au sursaut national, Delly Sesanga et ses alliés espèrent rallier à leur cause non seulement les partis d’opposition, mais aussi les citoyens de toutes sensibilités politiques soucieux de préserver le cadre démocratique actuel.

Dans son compte X, Sesanga circonscrit le sens de ce mouvement : «Nous lançons une plate-forme en ligne http://sursaut-national.com pour permettre à chaque Congolais, de s’exprimer librement contre le changement de la Constitution».

Ci-dessous, l’intégralité de leur déclaration.

«Appel au sursaut national contre le changement de la Constitution et un troisième mandat de Tshisekedi»

Congolaises, Congolais,

1. La mère patrie, la République démocratique du Congo, vous appelle au Sur- saut National, contre la dictature de Felix TSHISEKEDI. En annonçant le 23 octobre 2024 depuis Kisangani, sa volonté de changer la Constitution, Felix TSHISEKEDI a manqué à son devoir et montré son mépris de l’intérêt général dans la conduite des affaires de l’État. Briser le pacte de la stabilité républicaine pour s’octroyer un troisième mandat à la tête du pays et se maintenir au pouvoir à vie est une initiative hasardeuse, dont l’unique bénéfice est personnel.

2. Dressons nos fronts contre la régression de notre démocratie. Au-delà de nos divers clivages, disons tous non au retour au pouvoir d’un seul et à l’anarchie. Levons-nous ! Réaffirmons publiquement et courageusement en acte, le fondement de notre Constitution du 18 février 2006, où en tirant les leçons de notre histoire, nous avons ensemble décidé qu’aucun individu d’aucune sorte, ne peut exercer plus de deux mandats à la tête du pays : ni Joseph KABILA hier, ni Felix TSHISEKEDI aujourd’hui, ni un autre demain, après 2028. Plus jamais ! En engageant son régime sur la voie du changement de la Constitution, TSHISEKEDI trahit la mémoire de nos martyrs.

3. Pour s’être dressés contre la dictature, l’idée d’un troisième mandat et le changement de la Constitution les chrétiens succombés en 1992, Rossy MUKENDI, Hussein NGANDU, Thérèse KAPANGALA, Luc NKULULA et la dizaine de militants de l’UDPS brulés vifs au siège de leur parti ainsi que plusieurs autres victimes de l’intolérance politique, ont payé de leur vie pour la démocratie et la défense de la Constitution. Leur sang versé a permis d’imposer le respect de la Constitution du 18 février 2006. En cherchant un troisième mandat par le changement de la Constitution, Felix TSHISEKEDI a souillé leur mémoire, en crachant sur le sacrifice de leur vie. Il trahit aussi et surtout son serment constitutionnel de Président de la République. Il s’expose, de ce fait, lui et ses complices aux poursuites pour crime imprescriptible de haute trahison !

4. Congolaises, Congolais, l’heure est venue de se lever pour arrêter la folie du régime TSHISEKEDI. Il veut replonger le pays dans les souvenirs des heures sombres de notre Histoire, celle de la contestation de la légitimité des institutions et de l’ordre public établi. Ce faisant, il prend le pari de menacer la cohésion et l’unité nationales, en semant la discorde et en créant la division de la Nation.

5. Le pays va pourtant très mal ! Cependant, 19 ans après l’adoption à 84% du referendum constituant du 18 et 19 décembre 2005 de la Constitution du 18 février 2006, mettant fin à une transition interminable et à la balkanisation de fait du pays, 34 ans après l’ouverture de l’espace politique national par le discours du 24 avril 1990, Felix TSHISEKEDI veut supprimer le principe de l’alternance au pouvoir, pour conduire le pays dans une nouvelle voie de dérive dictatoriale. Tel qu’annoncée à partir de Kisangani, là où les travaux préparatoires de la Constitution du 18 février 2006 s’étaient tenus, par les Congolais et au Congo ; non par les étrangers et à l’étranger comme il l’a faussement soutenu, l’idée du changement de la Constitution du 18 février 2006 est un prix fort à faire payer à la Nation, juste pour satisfaire sa gloutonnerie du pouvoir contre toute la Nation ! Il s’agit là d’un zèle de trop du régime TSHISEKEDI. Trop c’est trop !

6. Congolaises et Congolais, si vous en avez assez de voir la mère patrie, déjà meurtrie par la guerre dans l’Est avec son lot de désolations humaine et la perte de la souveraineté nationale ; si vous en avez assez des injustices et de la dégradation des conditions sociales du Peuple congolais; si vous en avez assez de voir ainsi notre peuple réduit à la misère quotidienne, par l’anarchie et l’incurie du régime TSHISEKEDI; un pouvoir impotent, incompétent et corrompu. Alors, cet appel s’adresse à vous !

7. Dépassé par l’ampleur de la charge et les exigences de sa mission, Felix TSHISEKEDI préfère s’affairer dans la devise : «Nous d’abord : restons, pillons, volons, détournons… ». Il faut absolument y mettre fin !

8. C’est contre la perpétuation de ces pratiques que nous adressons cet appel au SURSAUT PATRIOTIQUE à tous les congolais patriotes : majorité comme opposition, de toutes les confessions religieuses, des structures de la société civile, des mouvements citoyens, des organisations de femmes ainsi que des jeunes à se rassembler pour mener ensemble des actions pacifiques et démocratiques qui s’imposent contre le changement de la Constitution. Protéger la Constitution du 18 février 2006 est en ce moment la première tâche essentielle pour mettre fin au calvaire infligé à notre peuple par Felix TSHISEKEDI et ses comparses.

C’est pourquoi, convaincus que le respect des règles et des lois – la Constitution étant la loi fondamentale est la première morale politique d’un démocrate, patriote et républicain, nous lançons cet APPEL AU SURSAUT PATRIOTIQUE CONTRE LE CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION ET UN TROISIEME MANDAT DE TSHISEKEDI afin de :

1. Se rassembler et se joindre conformément à l’article 64 de notre Constitution, dans une initiative citoyenne ouverte à tous les patriotes, épris de paix, soucieux de la stabilité politique et du bien-être de notre peuple;

2. Sensibiliser et organiser le peuple à empêcher cette forfaiture, comme nous le rappelle le devoir de l’article 64 : «Tout congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus, qui prend le pouvoir par la force ou l’exerce en violation de la présente Constitution. Toute initiative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la Nation et l’Etat. Elle est punie conformément à la loi ». A cet effet, mobiliser les Congolais à créer des Comités de résistance et de sursaut patriotique contre le changement de la Constitution et un troisième mandat de TSHISEKEDI à la tête du pays ;

3. Rappeler Felix TSHISEKEDI à son devoir de respecter et de protéger la Constitution, sur pied de laquelle les Congolais, du reste fatigués de l’affairisme de son régime, n’attendent de lui qu’une seule chose : quitter le pouvoir en 2028, au terme de son deuxième et dernier mandat à la tête du pays ;

4. Rappeler Felix TSHISEKEDI qu’à cet effet, il doit s’acquitter de l’obligation constitutionnelle de procéder à la passation pacifique du pouvoir en 2028 avec son successeur. Le calendrier constitutionnel, basé sur la tenue impérative des élections démocratiques 2028, ne saurait souffrir de ses caprices de vouloir s’éterniser au pouvoir par des subterfuges d’un coup d’Etat constitutionnel ;

5. Demander à chaque député national et provincial, sénateur, membre du gouvernement, et toutes les personnalités politiques et sociales, au nom du Sursaut patriotique auquel ils sont tenus de par la Constitution, à être à la hauteur de leur charge en se désolidarisant publiquement de cette funeste initiative de Felix TSHISEKEDI. Car, face au péril national, ceux qui se taisent sont dans le camp de la Haute trahison.

6. Le sursaut patriotique auquel nous vous appelons devra se concrétiser par votre mobilisation en à participer à des actions d’envergure qui seront organisées partout au pays et dans la diaspora, pour mener sur terrain cette lutte contre le changement de la constitution, en faveur de notre liberté et de la continuité du processus démocratique au pays. Un calendrier d’actions sera publié à Kinshasa et dans les provinces;

7. Dans ce cadre, nous vous invitons dès aujourd’hui, Congolaises et congolais, à venir très massivement au meeting du 16 décembre 2024, en mémoire du referendum constitutionnel tenu du 18 au 19 2005, pour réaffirmer notre attachement à la constitution du 18 février 2006, dont l’adoption a favorisé la réunification du pays et la normalisation progressive de notre système politique ;

Au terme de cet appel, Congolaises et Congolais, il reste une seule question à laquelle il faut répondre. Quel est votre camp, face au péril de la Nation sous le coup de la dictature ? Chaque congolais, les politiques en premier, est invité dès aujourd’hui à donner clairement sa position sur la plateforme citoyenne publique et transparente lancée pour que chacun sache si son député, son sénateur, un membre du gouvernement complote ou pas contre la Nation, en se désolidarisant publiquement de cette initiative. S’il est dans le camp des compatriotes, épris du sens républicain, basé sur les valeurs démocratiques ou dans le camp de la haute trahison. L’opinion sera tenue au courant de l’engagement des uns et du silence complice des autres. Et, la Nation reconnaitra les siens.

Protégeons la Constitution pour la paix, l’unité et la cohésion nationales

Que vivent la République et la Démocratie !

Que Vive la République Démocratique du Congo

Fait à Kinshasa, le 09 novembre 2024