Comme d’autres acteurs politiques et sociaux qui ont fait part des graves ratés qui entachent, depuis leur lancement, les opérations d’enrôlement des électeurs, c’est depuis son fief de Kindu, dans le Maniema, que le sénateur Matata lance, à son tour, son cri d’alarme sur les dérives qui plombent le processus électoral. S’il plaide déjà pour une prolongation « d’au moins un mois » et l’augmentation du nombre des kits d’enrôlement dans le Maniema, il appelle, par conséquent, la Céni à « suspendre », à défaut, le processus d’enrôlement pour « des ajustements qui s’imposent en vue de crédibiliser ce processus ».
Au regard des faits qu’il a répertoriés depuis la ronde qu’il a entreprise dans la province de Maniema, Matata pense que la Céni nous amène droit à la dérive. Dans le Maniema, comme dans les provinces couvertes bien avant par les opérations d’enrôlement, les mauvaises nouvelles s’enchaînent. A cet effet, Matata plaide pour une prolongation d’au moins un mois » pour permettre aux électeurs du Maniema à s’enrôler.
« A défaut, au regard de tous les manquements et irrégularités enregistrés à travers le pays, je demande que le processus d’enrôlement actuel soit suspendu pour des ajustements qui s’imposent en vue de crédibiliser ce processus », note-t-il dans un communiqué de presse, daté du 1er mars 2023, qu’il signe en sa qualité de président du parti politique, Leadership et Gouvernance pour le développement (LGD).
Matata fonde ses conclusions sur des faits réels. «Je constate avec regret que le processus d’enrôlement des électeurs, débuté par la CENI dans la Province du Maniema depuis le 16 Février 2023 est entaché d’irrégularités flagrantes et graves qui, non seulement remettent en cause la crédibilité du processus électoral actuel, mais démontrent à ciel ouvert la fraude électorale qui est projetée en décembre 2023 », note-t-il dans ce communiqué.
Pour le cas spécifique de la province du Maniema, Matata a fait un répertoire des ratés dans les opérations d’enrôlement, après avoir visité certains centres d’enrôlement de la place et de territoires.
Au nombre de ces griefs, il fait remarquer ce qui suit : « Il y a un nombre insuffisant des machines par rapport aux centres d’enrôlement et à la demande de la population ; Les machines disponibles sont techniquement moins performantes que celles de 2018 ce qui rallonge le temps d’enrôlement ; Les machines tombent régulièrement en panne et le seul technicien qui doit les réparer est immobilisé au Bureau provincial de Kindu ; les machines défectueuses prennent plusieurs jours pour être réparées ».
Bien plus, pour obtenir leurs cartes d’électeur, Matata indique que « certains requérants doivent passer trois à cinq heures dans le bureau d’enrôlement ; certaines personnes sont obligées de payer un pourboire pour se faire enrôler rapidement ».
Sans compter une « diminution systématique des centres d’enrôlement comparativement au processus de 2018, et pourtant en terme démographique, il y a eu une augmentation de la population capable de participer activement au processus électoral en cours », la Céni n’ayant pas également mis en place un dispositif pour faciliter la tâche aux personnes à mobilité douteuse, « fortement marginalisées » et qui prennent « deux à trois jours pour s’enrôler et obtenir leurs cartes d’électeur ».
Pour toutes ces raisons, Matata craint le pire. Aussi invite-t-il la Céni à prendre des actions correctives, à défaut suspendre les opérations d’enrôlement pour remettre de l’ordre dans son process.
Sera-t-il entendu ? Ce n’est pas, en tout cas, évident, au regard de l’arrogance qu’affiche le bureau Kadima, de plus en plus indifférent à toutes les alertes que lancent les forces vives de la nation. La dernière en date est venue des Catholiques et Protestants qui ont vivement appelé la Céni à reconsidérer le processus qui va, selon eux, droit au mur.
Voici, en intégralité, le communiqué de LGD, signé par son président, le sénateur Matata Ponyo Mapon.
Econews