C’est une première étape de poids pour la République Démocratique du Congo. A l’issue des appels d’offres pour l’exploitation du gaz méthane dans le lac Kivu, quatre sociétés ou consortium ont été sélectionnés. Les blocs Makelele, Idjwi et Lwandjofu seront exploités respectivement par les sociétés Symbion Power &Red, Winds Exploration and Production et AlfajiriEnergy Corporation. Sur son compte twitter, Didier Budimbu, ministre des Hydrocarbures, se félicite de l’issue de ce processus : « Je tiens à féliciter les sociétés pour leur détermination commune à apporter expertise et solutions durables pour la région et sa population ».
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a publié mercredi les noms des sociétés qu’il a sélectionnées, à l’issue d’un appel d’offres, pour exploiter trois blocs gaziers du lac Kivu. Il s’agit de Symbion Power &Red (Red étant une filiale locale de Symbion Power, une entreprise américaine de d’ingénierie et de construction énergétique), pour le bloc Makelele, Winds Exploration and Production (bloc Idjwi) et AlfajiriEnergy Corporation (bloc Lwandjofu), précise le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, dans un communiqué.
Les deux premières sociétés ont leur siège aux États-Unis, la troisième au Canada. «C’est une première étape de poids pour la RDC et mon ministère», a commenté le ministre sur son compte twitter. «Je tiens à féliciter les sociétés pour leur détermination commune à apporter expertise et solutions durables pour la région et sa population», a-t-il ajouté.
Un appel d’offres pour les trois blocs de gaz méthane avait été lancé fin juillet, en même temps que pour 27 blocs pétroliers. Une dizaine de sociétés avaient manifesté leur intérêt pour les blocs gaziers du graben du lac Kivu, situé à la frontière entre la RDC et le Rwanda.
Le dépôt des candidatures pour les blocs pétroliers doit se poursuivre jusque fin janvier 2023. Le 12 octobre, lors du dépouillement des candidatures pour les blocs gaziers, Didier Budimbu avait assuré que tout le processus serait «public, transparent, impartial et concurrentiel ». «Les chances sont accordées à toutes les sociétés et aucun acte de corruption ne sera toléré», avait-il affirmé.
Le dépouillement public des plis était une opération d’importance capitale aux yeux des investisseurs pour confirmer la transparence et l’égalité des chances pour tous les treize soumissionnaires. «Nous sommes très contents de prendre part à cette activité d’ouverture solennelle des plis, car elle nous a permis de nous mettre en confiance pour les autres étapes futures », avait déclaré François Bimwala, représentant d’une entreprise soumissionnaire.
Des zones d’ombre
Si le Gouvernement congolais est prêt à passer à l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu, il y a cependant des zones d’ombre à élucider.
Dès la publication des entreprises sélectionnées, le ministre des Hydrocarbures a essuyé de vives critiques sur twitter.
Un internaute s’interroge : «Les sélections ont été basées sur quels critères ? Parce que là nous voyons même des sociétés créées il y a une année. Ont-elles de l’expérience en la matière ou bien elles vont apprendre sur le terrain comme c’est le cas pour plusieurs institutions au pays depuis un moment ?».
Un autre enchaîne : «Excellence Didier Budimbu, avez-vous fait des investigations sur ces entreprises? Connaître leurs capitales sociales, leur expérience. Comme AlfajiriEnergy, je ne crois pas qu’elle existe, les deux autres existent mais ? Vigilance !».
Christian Nyamabo est plutôt direct et aligne une série de remarques : «Nous avons effectué quelques recherches élémentaires dans le cadre de la vigilance citoyenne sur ces sociétés ayant manifesté leurs intérêts pour les trois blocs gaziers suivant l’appel d’offres du gouvernement congolais. La RDC ne peut pas prendre le risque de confier des contrats d’exploration ou d’exploitation aux firmes n’ayant pas fait leur preuve ailleurs dans le monde. ALFAJIRI ENERGY CORPORATION présente les signes d’une compagnie mallette créée pour l’occasion ! Spéculateurs? Le plus suspect de la liste est GLOBAL BUSINESS CONSULTING CONSORTIUM. Aucune trace de ce consortium. Nulle part trouvable !». Et de poursuivre : «SYMBION POWER est une société à la réputation sulfureuse et habituée des tribunaux d’arbitrage dans le monde, récemment condamnée à payer 30 millions USD en Tanzanie pour non-respect de contrat. Une société à tenir à l’oeil pour éviter toute corruption.
Il continue ses remarques par des inquiétudes : «Ceci me pousse à me questionner sur: les critères d’éligibilité des sociétés; la compétence des équipes qui exécutent ce projet; le sérieux de ceux qui dirigent le ministère des Hydrocarbures. Ils ont du gaz, ils ont du pétrole… ils s’en foutent réellement du reste ! Comme dirait l’artiste-musicien JB».
Il trouve une belle occasion d’interpeller le Président de la République et le Premier ministre : «Les affaires publiques sont gérées avec une légèreté déconcertante. Et personne ne s’en offusque apparemment ni dans le cabinet du ministre en charge des Hydrocarbures ni chez le Premier ministre et encore moins à la Présidence».
Toujours est-il que l’exploitation pétrolière et gazière dans cette région de la RDC risque toutefois de porter atteinte à l’une des plus riches biodiversités de la planète, même si le gouvernement assure qu’il veillera au respect de l’environnement, se dit-on dans certains milieux spécialisés.
Econews