Désordre et anarchie dans les mines congolaises : la grande purge arrive

Le Gouvernement veut mettre fin au désordre qui règne dans le secteur minier. On s’attend à une grande purge pour séparer le bon grain de l’ivraie. Vendredi dernier en Conseil des ministres, le Président de la République Félix Tshisekedi, a donné des instructions claires au Gouvernement, particulièrement à la ministre des Mines, à engager des actions idoines pour mettre fin à l’anarchie dans les mines congolaises.

Invitée de la radio Top Congo Fm, Antoinette N’Samba Kalambayi, ministre des Mines, annonce de grandes manœuvres pour un secteur ministre sain.

«Le mal est profond»

D’entrée de jeu, Mme la ministre note que « le mal est profond (…) Il y a un vrai désordre dans le secteur des mines. Tout le monde est présent. Il y a des policiers, des militaires, des gouverneurs de province, etc. Mais, nous allons lentement mais sûrement remettre de l’ordre dans ce secteur ».

«Nous étions dans un système où l’intérêt du peuple n’était pas du tout une priorité. Le secteur minier était l’affaire d’un groupe de gens. On pouvait avoir des titres miniers sans payer les droits de l’État. Nous avons trouvé une situation de non État dans ce secteur. Les gens travaillaient pour profiter seuls des richesses du pays, oubliant que c’est pour l’intérêt général », s’est-elle indignée.

Comment inverser cette tendance ? Le Gouvernement y travaille, promet Mme la ministre. «C’est peut-être dans un avenir proche que nous allons couvrir ce grand fossé et jouir du travail que nous abattons aujourd’hui », promet-elle, rappelant que l’itinérance qu’elle venait d’effectuer dans les provinces minières de la RDC lui a permis de cerner le problème. « Nous avons commencé notre itinérance pour palper du doigt la réalité du terrain mais aussi pour sensibiliser les fonctionnaires de l’administration des mines sur le Règlement et au Code miniers».

Le cas du Grand Katanga est flagrant, sans oublier les provinces de l’Est de la RDC. «Après notre itinérance au Katanga et à l’Est du pays, nous avons constaté que la majorité des exploitants n’ont pas de permis d’exploitation. Ils n’ont que des permis de recherche qui ne leur donnent pas du tout le droit d’exploiter les minerais. Normalement, après avoir découvert un gisement sur la base du permis de recherche, l’entreprise doit revenir vers l’État pour solliciter un permis d’exploitation.  Malheureusement, la majorité de ces entreprises minières exploitent illégalement sans permis d’exploitation».

300 permis illégaux suspendus

Avec la nouvelle dynamique qui se met en place, 300 permis illégaux ont été suspendus. «Aujourd’hui, je viens de déchoir 300 permis aux exploitants. Selon la loi, les bénéficiaires de ces permis ont le droit d’introduire un recours endéans 30 jours. Après, nous allons maintenant examiner leurs recours. Quand c’est assez flou, nous allons procéder au retrait de ces permis. Donc, on pourrait désormais lancer un appel d’offre avec le premier Ministre, parce que c’est comme s’ils ont obtenu les permis de l’État mais ils n’en ont rien faire ».

Avec le travail de monitoring qui se met en place, la peur commence à gagner tous ceux qui opéraient en dehors de la loi, souligne la ministre des Mines.                  «Les gens ont maintenant peur ont peur de venir s’aventurer dans le secteur des mines. Et jusqu’à ce moment, nos équipes sont sur le terrain pour rechercher et établir les infractions. Ils vérifient dans les sites miniers si ce sont réellement les exploitants artisanaux et qu’il n’y a pas d’expatriés dans les zones d’exploitations artisanales. Si on les y trouve, ils seront directement arrêtés parce que l’exploitation artisanale est exclusivement réservée aux locaux ».

Le plus important, pense-t-elle, est de revenir à la loi : « La loi recommande aux exploitants artisanaux de se réunir pour créer une coopérative minière. Le ministère va leur octroyer les documents de coopérative minière et une zone d’exploitation artisanale, mais malheureusement cette règle n’a pas été respectée durant plusieurs années. Aujourd’hui ceux qui créent des coopératives minières ne sont pas d’exploitants artisanaux».

Quoi qu’il en soit, Mme Antoinette N’Samba pense que la relance de l’industrie congolaise est encore possible. «C’est facile de relancer les entreprises minières si tout revient sur le droit chemin. Au Congo, nous n’avions pas une politique de stratégie minière, comme c’est le cas par exemple des pays producteurs du pétrole. Ils savent exactement la quantité de leur réserve, ce qui est destiné à l’usage local, l’exportation, etc.». La ministère des Mines y travaille : «J’ai mis en place une commission qui travaille sur la politique minière idéale pour la RDC (…) Avant de définir une politique minière pour notre pays, nous devons connaître la réserve minière que nous avons. Depuis l’indépendance de notre pays, jusqu’à ce jour, nous ne le savons pas ».

Econews