L’histoire de l’Angola est marquée par une guerre civile sanglante qui a opposé, pendant plus de deux décennies, le gouvernement de Luanda à l’Unita de Jonas Savimbi. Ce conflit, alimenté par des soutiens extérieurs puissants, notamment du Zaïre de Mobutu et de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, a causé des centaines de milliers de morts et plongé le pays dans un chaos indescriptible. Pourtant, malgré l’adversité, Luanda a choisi la voie du dialogue. Avec pragmatisme et humilité, les dirigeants angolais d’alors ont su tendre la main à ceux qui armaient la rébellion, avant de parvenir à un accord de paix avec l’Unita elle-même.
C’est cette leçon d’histoire que le président angolais João Lourenço vient de rappeler à la République Démocratique du Congo (RDC), confrontée à une guerre persistante dans sa région orientale. Son message est clair : la paix durable ne se construit que sur la base du dialogue. L’expérience angolaise prouve qu’aussi longue et brutale que puisse être une guerre, elle ne peut être résolue que par des discussions inclusives, impliquant non seulement les protagonistes directs, mais aussi ceux qui les soutiennent dans l’ombre.
Le conflit qui ensanglante l’Est de la RDC est alimenté par des intérêts complexes, internes comme externes. Le M23 et les autres groupes armés qui terrorisent la population bénéficient de complicités régionales et internationales. Kinshasa dénonce, à juste titre, l’ingérence rwandaise et la prédation des ressources congolaises. Mais faut-il pour autant s’obstiner dans une logique de confrontation qui, jusqu’ici, n’a fait qu’aggraver la situation ?
La vraie force d’une nation ne réside pas seulement dans sa capacité à faire la guerre, mais surtout dans son aptitude à faire la paix. L’Angola, hier déchiré par la guerre, est aujourd’hui un acteur incontournable de la stabilisation régionale. Cela n’a été possible que grâce à un choix courageux : celui du dialogue. Il ne s’agit pas d’un renoncement, encore moins d’une capitulation, mais d’une stratégie réaliste pour bâtir un avenir de paix.
Kinshasa suivra-t-elle cette voie de la sagesse ? La tentation de l’escalade militaire est grande, mais elle ne garantit en rien une solution définitive. En suivant l’exemple angolais, la RDC pourrait ouvrir une nouvelle page de son histoire et offrir à son peuple l’espoir d’un avenir débarrassé de la violence. Le président Lourenço a tendu la main; il appartient à Kinshasa de saisir cette opportunité avant que le sang ne continue de couler inutilement.
Econews