A mesure que les jours s’égrènent conduisant vers la fin du premier mandat du président Tshisekedi et l’organisation d’élections générales du 20 décembre, la diplomatie congolaise doit batailler dur sur deux « fronts ». D’une part, il est question de parvenir à un « Retrait accéléré, progressif et responsable (voire civilisé) de la MONUSCO à partir de décembre 2023. Et de l’autre, d’obtenir le désengagement de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Si le premier volet semble avoir pris sa vitesse de croisière après la réunion de ce lundi 23 octobre entre le ministre des Affaires étrangères et le leadership de la MONUSCO au terme de laquelle il a été convenu que la partie congolaise soumette au plus tard le 15 novembre prochain son ébauche du Plan de désengagement de la force onusienne, il n’en est pas de même du retrait souhaité de la force régionale qui, en dépit d’une évaluation négative généralisée de sa présence dans le Nord-Kivu, ne semble pas pressée de tirer les conséquences d’un mandat résolument mal négocié dès le départ.
Lors du briefing de presse co-animé avec le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya lundi 23 octobre, le vice-premier ministre en charge des affaires étrangères Christophe Lutundula a longuement tablé sur le processus de désengagement de la MONUSCO qui devrait entrer dans sa première phase à partir du 30 décembre 2023.
Christophe Lutundula n’a pas manqué de rapporter cette anecdote où, lors de la dernière session de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier à New York, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’adressant au président congolais Félix Tshisekedi, aurait notamment dit à ce dernier sur le ton de la plaisanterie : «Vous avez demandé que la MONUSCO s’en aille; moi je vous dit que je veux m’en aller».
Selon Lutundula, en diplomatie, «cela veut dire ce que cela veut dire». Mais surtout, cela expliquerait certainement l’accélération dans le règlement d’une question pendante depuis les dernières années du régime précédent.
Pourtant, le ministre des Affaires étrangères était loin d’être autant à l’aise quand il a fallu aborder la question du retrait de l’autre force, celle de l’EAC constituée de troupes kényanes, burundaises, ougandaises et du Soudan du Sud.
La position du gouvernement congolais est sans équivoque : la force de l’EAC a suffisamment donné des preuves de son inefficacité. Aucune raison ne justifie sa présence sur le sol congolais. Son échec à contraindre le M23 par la force à un pré-cantonnement depuis la date limite d’ores et déjà dépassée du 24 septembre expliquerait en partie la réaction des populations des territoires de Rutshuru et de Masisi martyrisées qui réclament à intervalles réguliers son départ et son remplacement progressif par l’armée nationale et de ce fait, accéder à un rétablissement effectif de l’autorité de l’Etat sur le territoire naguère occupés par la coalition M23/RDF.
BRAS DE FER EN VUE
Régulièrement accusée par Kinshasa de ne pas faire usage de l’article 3 de l’accord de siège qui lui confère la capacité de faire usage de son mandat offensif, la force de l’EAC a perdu de sa crédibilité, au point de provoquer la colère des populations des zones occupées qui font état de sa connivence avec les « agresseurs », thèse relayée par Kinshasa qui en fait largement écho auprès de toutes le instances internationales dont l’ONU, l’UE, l’UA, la SADC et… l’EAC.
L’insistance du ministre de Affaires étrangères invitant instamment la force de l’EAC à passer à l’attaque dans les territoires occupés par les M23/RDF qui aboutiraient à pousser ces derniers à accepter le processus de cantonnement bute cependant sur l’ambivalence des capitales est-africaines que l’on voit mal engager des hostilité avec un autre membre de la communauté qui se trouve être le Rwanda.
Christophe Lutundula a beau lancer à la communauté internationale le cri : « Agissez, agissez, avant qu’il ne soit trop tard », la réalité de terrain semble pencher vers une organisation de négociations entre toutes les parties prenantes, ces dernières restant à définir.
Econews