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Dix ans de libéralisation du marché des assurances : l’ARCA salue un bilan prometteur malgré des défis persistants

Dix ans après l’adoption du Code des assurances, actant la libéralisation du secteur en RDC et entré en vigueur en 2019, l’Agence de régulation et de contrôle des assurances (ARCA) a réuni les acteurs clés du marché jeudi au Centre culturel et artistique de l’Afrique centrale. Objectif : dresser un bilan contrasté sous le thème «Bilan, enjeux et perspectives pour un secteur des assurances plus résilient et inclusif». Entre optimisme et défis, le directeur général de l’ARCA, Alain Kaninda Ngalula, a salué une croissance spectaculaire des primes (+ 428 % depuis 2018) et annoncé un cap ambitieux : dépasser le milliard USD d’ici 2028. Mais malgré ce succès, le secteur doit encore relever des obstacles majeurs : culture assurantielle limitée, évasion des primes, et accès inégal aux produits. Avec trois priorités stratégiques, l’ARCA promet de transformer ces défis en leviers pour une assurance accessible à tous.

Dix ans après la promulgation du Code des assurances en 2014, dont la mise en œuvre effective a débuté en 2019, les acteurs du secteur se sont réunis jeudi au Centre culturel et artistique de l’Afrique centrale pour dresser un état des lieux sous le thème «Bilan, enjeux et perspectives pour un secteur des assurances plus résilient et inclusif». Organisé par l’Agence de régulation et de contrôle des assurances (ARCA), cet événement a permis de mesurer les avancées et les obstacles d’un marché en pleine mutation.

Dans son allocution, M. Alain Kaninda Ngalula, directeur général de l’ARCA, a souligné la croissance fulgurante du secteur depuis l’ouverture à la concurrence en 2019. Les émissions de primes ont bondi de 428 %, passant de 66,75 millions USD en 2018 à 352,15 millions USD en 2024. «Cette dynamique reflète la diversification des produits d’assurance et la confiance retrouvée des opérateurs, portée par le cadre légal et les efforts de régulation de l’ARCA», a-t-il déclaré, annonçant un objectif ambitieux : franchir le cap du milliard USD d’ici 2028.

Cependant, ce tableau optimiste ne doit pas masquer les défis structurels. Le DG a énuméré plusieurs freins à une inclusion totale : «Le renforcement de la culture d’assurance dans le chef de la population; la mise à disposition  des produits d’assurances adaptés à toutes les bourses. Le marché étant composé essentiellement de clients corporate; la lutte contre l’évasion des primes d’assurance malgré sa crimi-nalisation légale; l’amélioration  sur le marché des formations en assurance adaptées à la professionna-lisation du secteur; la mise à niveau des partenaires membres de l’Ecosystème technique et assurantiel, de leurs missions de contrôle de la souscription à l’assurance dans les domaines relevant de leurs attributions; la compréhension parfois complexe, par les partenaires de l’Écosystème technique et assurantiel, de leurs missions de contrôle de la souscription à l’assurance dans leurs domaines de compétence; l’amélioration et l’intensification de l’information auprès du grand public au sujet de la libéralisation du marché des assurances, du rôle de l’ARCA, ainsi que l’importance des assurances ».

TROIS AXES STRATEGIQUES POUR L’AVENIR

Face à ces enjeux, M. Alain Kaninda Ngalula a dévoilé la feuille de route de l’ARCA, articulée autour de trois priorités : un contrôle renforcé des sociétés d’assurances et des obligations légales; la lutte accrue contre l’évasion des primes, combinée à un plaidoyer pour la transparence et le développement de l’assurance-vie et de produits inclusifs, visant à toucher les ménages et les petites entreprises.

«Avec un potentiel estimé entre 1 et 5 milliards USD, notre marché à toutes les cartes en main pour se hisser parmi les leaders régionaux», a assuré le DG de l’ARCA, appelant à une collaboration étroite entre régulateurs, assureurs et partenaires techniques.

Si les chiffres témoignent d’une transformation profonde, la route vers un marché mature reste longue. La professionnalisation des acteurs, la pédagogie auprès des citoyens et l’innovation en produits low-cost apparaissent comme des leviers clés. Pour l’ARCA, l’objectif est double : consolider la croissance tout en garantissant un accès équitable à l’assurance, pilier essentiel de la stabilité économique.

«Le meilleur reste à venir», a conclu le DG Alain Kaninda, rappelant que la libéralisation, bien qu’exigeante, ouvre une ère de possibilités pour un secteur désormais en phase avec les réalités du 21e siècle.

Econews

Les statistiques de la libéralisation du marché à ce jour

La libéralisation du secteur des assurances a été effective en mars 2019, avec l’octroi par l’ARCA des premiers agréments et autorisations post libéralisation.

Il s’agissait des agréments octroyés à trois sociétés d’assurances Non-vie et à une société d’assurances Vie, ainsi que des autorisations à quatre sociétés de courtage d’assurances. Et, à ce jour, le marché congolais compte 50 opérateurs d’assurances répartis comme suit : 10 sociétés d’assurances, 7 en Non-vie et 3 en Vie; 27 sociétés de courtage; 2 courtiers personnes physiques; 3 agents généraux; 4 gestionnaires d’assurance maladie; 2 banques; et 2 réassureurs régionaux.

Il est à noter aussi que l’ARCA a donné son approbation aux activités du CREDASSUR afin de renforcer le marché congolais des assurances en compétence. Longtemps monopolistique, le besoin de formation en assurance n’était pas aussi ressenti par le passé comme il l’est à ce jour.

Et, l’ARCA travaille également en étroite collaboration avec les assureurs afin de mettre en place une Académie de formation en assurance, un Centre de Compétence et Pôle d’Excellence pour le secteur des assurances, dénommé ARCADEMY. Nous appelons les jeunes universitaires à massivement s’enregistrer dès l’annonce du lancement officiel d’ARCADEMY.

Depuis l’ouverture du marché à la concurrence en 2019, les émissions de primes ont augmenté de manière impressionnante de 428 %, passant de 66,75 millions d’USD en 2018 à 352,15 millions d’USD en 2024. Cette forte augmentation témoigne du dynamisme du secteur, porté par la diversification des produits d’assurance et la relance de la confiance des opérateurs du marché au dynamisme nouveau insufflé par la loi portant Code des assurances ainsi que par l’ARCA, régulateur et contrôleur du secteur assurantiel.

Au titre de la diversification des produits d’assurance, la présence sur le marché des produits assurance vie, la santé (avec la couverture santé des membres du Gouvernement et des professeurs d’universités), l’assurance indicielle… pour ne citer que cela, ont accru la quotité de souscription aux assurances.

Et, le taux de pénétration des primes en RDC a montré une progression constante entre 2017 et 2024, passant de 0,16 % à 0,46 % en 2024 soit une croissance de 188%. Cette tendance à la hausse suggère que le secteur des assurances en RDC est en pleine expansion, bien qu’il reste encore relativement peu développé par rapport aux autres secteurs de l’économie nationale. Il indique également que les produits d’assurance gagnent progressivement en popularité, contribuant à une meilleure couverture et un accès plus large aux services d’assurance pour la population congolaise.

Et, le défi est d’atteindre un taux de pénétration de plus de 1%.

Cette croissance a eu pour effet direct, l’augmentation de l’assiette fiscale des entreprises d’assurances. Elle s’élève en 2024 à 43,04 millions d’USD contre 0,81 million d’USD en 2015, soit une progression de 5.161%

Le volume des sinistres payé l’année dernière (2024) pour la branche Non-Vie était de 73,59 millions d’USD et de 3,68 millions d’USD en Vie. Ceci renforce la confiance de la population et les opérateurs économiques dans le marché des assurances congolais.

La masse salariale s’est vue également renforcer par le développement du marché de l’assurance. Selon les dernières statistiques réalisées, elle a progressé de 52 % entre 2018 et 2022.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ces différentes réalisations ont eu plusieurs impacts sur le plan national. Pour preuve : la mobilisation des recettes de l’Etat, le financement de l’économie nationale, la contribution à la stabilisation du cadre macro-économique et contribue au développement d’une classe moyenne congolaise et à la création de nouveaux emplois directs et indirects.

En ce temps de conflit armé, il est plus que nécessaire de préciser que l’ARCA a toujours veillé à ce que les fonds générés par l’assurance ne servent ni au financement du terrorisme ni au blanchiment de capitaux. Elle travaille pour ce faire en synergie avec la CENAREF et a adopté plusieurs textes prudentiels afin d’effectuer un contrôle LBC-FTP aussi bien en amont qu’en aval.

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