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Doha a fait bouger les lignes : Kinshasa et AFC/M23 désormais «partenaires» pour la paix

Contre toute attente, c’est à Doha, sous l’égide discrète du Qatar, que la RDC et la coalition rebelle AFC/M23 ont scellé un accord historique mercredi après l’échec des médiations de Nairobi et Luanda. Kinshasa, abandonnant les qualificatifs de « terroristes», reconnaît désormais l’AFC/M23 comme « partenaire de paix », lors d’une déclaration conjointe ouvrant la voie à un cessez-le-feu dans l’Est de la RDC déchiré. Saluée par la Belgique, le Qatar et même Kigali – pourtant accusé de soutenir les rebelles –, cette percée s’inscrit dans un élan régional inédit, renforcé par la médiation togolaise. Reste un défi : transformer les mots en actes pour des millions de Congolais en quête d’espoir.

C’est à Doha, sous la supervision du Qatar, que Kinshasa et la coalition rebelle AFC/M23 ont finalement trouvé un terrain d’entente, mercredi soir, après des années de conflit sanglant dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Une avancée inédite, là où les médiations de Nairobi et Luanda avaient échoué, redonnant un souffle d’espoir à une région meurtrie.

Dans une déclaration conjointe lue à Doha, les deux parties ont acté leur engagement à «travailler en faveur de la paix » et à instaurer un cessez-le-feu immédiat. Un changement de ton radical pour Kinshasa, qui abandonne les qualificatifs de «terroristes » ou «pantins » jusque-là réservés au M23. 

Le texte, salué interna-tionalement, ouvre la voie à des négociations approfondies pour une résolution durable de la crise, incluant un appel aux communautés locales, médias et chefs religieux à soutenir le processus.

«C’est une étape cruciale vers la fin des violences », a réagi la Belgique, tandis que le Qatar, facilitateur clé des pourparlers, a exhorté les parties à « préserver cet élan du dialogue ». 

Du côté de Kigali, accusé par la RDC de soutenir le M23, son ministre des Affaires étrangères « a salué cet accord comme « un pas important – voire décisif – vers une paix durable dans l’Est de la République Démocratique du Congo, pourvu qu’il soit mis en application en toute bonne foi ».

Cette percée intervient dans un contexte régional fébrile. Lundi, le président togolais Faure Gnassingbé, médiateur désigné par l’Union africaine, s’est entretenu à Kigali avec Paul Kagamé pour relancer le dialogue entre la RDC et le Rwanda. Le Togo a réaffirmé sa volonté de poser les bases d’une « réconciliation durable», tandis que Kigali, niant son implication dans le conflit, se dit engagé dans un « processus diplomatique global».

Pour les analystes, cette convergence d’initiatives – médiation qatarie, facilitation togolaise et ouverture rwandaise – marque un rééquilibrage stratégique dans les Grands Lacs. « Doha a réussi à déminer les ego et les méfiances, là où d’autres capitales ont buté sur les antagonismes historiques », souligne un diplomate africain sous couvert d’anonymat.

LES DEFIS DE L’APRES-DOHA : DES MOTS AUX ACTES

Si la déclaration conjointe est un symbole fort, les obstacles restent immenses. Le texte prévoit des pourparlers pour s’attaquer aux « causes profondes » du conflit : accès aux ressources minières, marginalisation des communautés locales et présence de dizaines de groupes armés. Mais sur le terrain, les combats entre FARDC et M23 se poursuivent, et la méfiance règne.

«L’enjeu est désormais de transformer ces engagements en mesures concrètes : désarmement, retour des déplacés, réforme sécuritaire… », rappelle un expert de la région. 

La tâche s’annonce d’autant plus complexe que des factions du M23 pourraient rejeter l’accord, comme en 2013 lors de l’échec des accords de Kampala.

Malgré les écueils, Doha offre une rare lueur d’espoir. Pour la première fois depuis la résurgence du M23 en 2021, Kinshasa et les rebelles acceptent de partager une table sans préconditions. Reste à savoir si cette « alliance de circonstance » résistera aux pressions internes et aux jeux d’influence régionaux.

Après des années de guerres par procuration et de fausses promesses, la déclaration de Doha pourrait marquer un tournant. Mais dans l’Est congolais, où plus de 6 millions de déplacés tentent de survivre, on retient son souffle : entre scepticisme et prière, la paix reste suspendue aux actes des « partenaires » d’un jour.

Econews

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