Dr Mukwege pas encore candidat

Ce n’est plus un secret. La nouvelle a opportunément «fuité» : lors de sa visite à Kinshasa, Emmanuel Macron a rencontré ‘’discrètement’’ le docteur Denis Mukwege à la Maison de France. Qu’un président français s’entretienne avec un prix Nobel, l’unique qui vit jamais le jour dans ce pays hors normes devrait réjouir les compatriotes de ce dernier.
Sauf que la RDC est un pays à nul autre pareil.
Entraîné par une classe politique qui ne voit pas plus loin que les improbables échéances électorales, tout en glissant doucement vers la pensée unique dans un environnement à la légitimité douteuse, le peuple résigné en est venu à suivre comme des moutons de Panurge des dirigeants qui cheminent allègrement vers l’abîme.
Le docteur Mu-kwege, qu’une certaine opinion pousse à briguer la présidentielle, est l’objet de sarcasmes et de menaces de la part des radicaux proches du chef de l’Etat actuel. Pourtant, à chacune de ses prises de paroles au pays comme à l’étranger, Mukwege répète et martèle à l’attention de la communauté internationale la nécessité d’instaurer une justice transitionnelle portée par un Tribunal international pour le Congo. Les crimes commis en RDC depuis un quart de siècle ne devant pas demeurer impunis. Menacé de longue date par les autorités rwandaises, ayant échappé à des tentatives d’assassinat, il vit sous la protection de la MONUSCO.
Il lui est arrivé également, comme tant d’autres, de fustiger la mauvaise gouvernance, le coulage des recettes du Trésor ou le train de vie scandaleux des animateurs des institutions d’Etat et de leurs proches. Il n’est pas le seul à appeler les gouvernants à apporter assistance aux milliers de déplacés internes qui errent sur les routes d’Ituri, du Nord-Kivu et d’ailleurs, qui s’entassent dans des camps de fortune, chassés de leurs foyers par une crise sécuritaire interminable dans l’indifférence générale.
Les honnêtes gens – car il en existe tout de même dans ce pays – reconnaissent pourtant que le Réparateur des femmes, sans doute le Congolais le plus primé à l’international, n’a jamais exprimé de vive voix son intention de se porter candidat à la présidentielle. Il fait les frais, à l’image des candidats déclarés (Matata Ponyo, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, etc.), de l’intolérance du camp proche du pouvoir qui, en secret, se réjouit des difficultés que traversera certainement le processus électoral plombé par l’occupation de quelques pans du territoire national par des «rébellions» montées de toutes pièces par des puissances étrangères.

Econews