La Chine a montré mardi sa puissance aérienne de plus en plus sophistiquée, notamment des drones de surveillance et des jets capables de brouiller des équipements électroniques hostiles, avec un œil sur les territoires contestés de Taïwan à la mer de Chine méridionale et la rivalité avec les États-Unis.
Le plus grand spectacle aérien du pays, dans la ville côtière méridionale de Zhuhai, survient alors que Pékin s’efforce de respecter l’échéance de 2035 pour rééquiper son armée pour la guerre moderne.
La Chine est toujours à la traîne des États-Unis en termes de technologie et d’investissement dans sa machine de guerre, mais les experts disent qu’elle réduit l’écart.
La présentation de ces armes lors du plus grand salon aérien du pays, le «AirShow China», organisé à Zhuhai (Sud), intervient alors que Pékin espère avoir achevé d’ici 2035 la modernisation de son armée.
Si la Chine est loin d’avoir la puissance militaire des Etats-Unis, au budget de défense trois fois supérieur, elle comble progressivement son retard, soulignent les experts.
Un récent rapport des services de renseignement américains s’alarmait de l’influence croissante de Pékin, qu’il considère comme la plus grande menace pour l’Amérique.
Parmi les principales nouveautés exposées mardi au salon de Zhuhai: un grand drone WZ-7 (14 mètres de long), destiné aux missions de reconnaissance et de patrouille maritime.
Du côté des avions, la Chine a présenté le J-16D, un chasseur consacré à la «guerre électronique» – c’est-à-dire à l’exploitation ou la destruction des émissions radio et des systèmes de communication de l’adversaire.
Selon des experts cités par les médias chinois, cet aéronef peut attaquer des installations radar ou des systèmes de détection et de commandement aéroporté (Awacs).
Le drone comme le chasseur, déjà au service actif, « joueront un rôle majeur dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine méridionale », déclare à l’AFP l’analyste militaire chinois Song Zhongping.
Dans ces zones de tension, les prétentions territoriales de la Chine sont régulièrement contrariées par le passage de navires de guerre américains.
Objectif exportation
Autre engin présenté mardi: un prototype du drone polyvalent de reconnaissance et d’attaque CH-6 (de la série CH pour «CaiHong »–« Arc-en-ciel »). Long de 15 mètres, d’une envergure de plus de 20 mètres, il devrait effectuer des vols d’essai en 2023.
Capable selon ses concepteurs d’évoluer à haute altitude (10.000 mètres), à grande vitesse (500-700 Kmh) pendant 20 heures, il peut embarquer des radars, des systèmes de reconnaissance, des missiles ou encore des bombes air-sol.
Tous ces aéronefs sans pilotes permettent aux forces armées chinoises de faire de l’observation et de conduire des frappes dans des endroits jusqu’alors inaccessibles pour elles.
Face à des Occidentaux réticents à vendre leurs drones les plus avancés à d’autres pays, sauf à leurs proches alliés, la Chine se positionne par ailleurs « comme fournisseur alternatif », aux tarifs abordables, indique à l’AFP Kelvin Wong, du cabinet britannique Janes, spécialisé dans la défense.
Le salon de Zhuhai présente d’ailleurs cette année un nombre «sans précédent» de drones, ce qui démontre la confiance croissante de la Chine dans sa maîtrise technologique, souligne M. Wong. Des drones chinois sont déjà utilisés par plusieurs armées étrangères, comme l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
« Avancée importante »
Le chasseur J-16D démontre quant à lui «l’amélioration globale» des capacités de combat de la Chine, déclare James Char, expert à l’Université technologique Nanyang de Singapour.
« On peut parler d’avancée importante, car ça donne à l’armée chinoise un avantage en termes de guerre électronique aérienne, contre des cibles qui ont d’importantes capacités de défense aérienne »
Mais selon nombre d’experts, la Chine a encore du retard sur les Etats-Unis, notamment dans le domaine des moteurs pour ses avions militaires et du nombre de satellites de communication nécessaire pour mener à bien ses opérations.
Si Pékin reste incapable de véritablement projeter sa puissance au-delà du continent chinois, il possède toutefois un système de défense maritime et aérien crédible pour contrer une potentielle offensive américaine, estime Justin Bronk, analyste du cabinet britannique Royal United Services Institute.
« Près de leurs bases, les Chinois ont un avantage face à des Américains qui sont loin des leurs. La Chine est déjà arrivée à un point où elle pose un sérieux défi aux Etats-Unis à ce niveau ».
En plus des constructeurs d’équipements militaires, le salon de Zhuhai rassemble les principaux acteurs chinois et mondiaux de l’aérien civil, comme Boeing ou Airbus.
Le spectacle aérien, qui a généralement lieu tous les deux ans, a été reporté de l’année dernière en raison de la pandémie de Covid-19 et se déroule devant un public largement national en raison de la quarantaine et des restrictions de voyage.
La Chine est toujours à la traîne des États-Unis en termes de technologie et d’investissement dans sa machine de guerre, mais les experts disent qu’elle réduit l’écart Noël Celis AFP
« Il s’agit en effet d’un développement important car cela donne à l’armée chinoise un avantage en termes de conduite de guerre électronique aérienne par rapport à des cibles possédant des capacités de défense aérienne importantes », a-t-il déclaré.
Sous le président Donald Trump, Washington a autorisé environ 18 milliards de dollars de ventes d’armes à Taïwan, y compris des plates-formes de missiles avancées – des ventes qui ont provoqué la colère de Pékin.
Econews avec AFP