Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, a réussi certes à fédérer les professionnels par la tenue de dernières assises des états généraux de la communication et des médias, mais ce n’est pas pour autant que la gangrène a quitté la profession. En République Démocratique du Congo, le monde des médias reste encore infesté. En témoigne, cette dernière vidéo d’un chroniqueur politique, dont on préfère taire le nom, qui est venu jeter l’opprobre sur toute une profession, alors qu’on célébrait mardi la Journée mondiale de la liberté de la presse. Autorité de tutelle d’un secteur à refonder, Patrick Muyaya ne désarme pas. Bien au contraire, il promet de continuer ce travail de «salubrité médiatique», selon le vœu exprimé par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Le porte-parole du Gouvernement a réitéré cette promesse mardi, en marge de la célébration de cette Journée mondiale.
La presse congolaise est malade. Les dernières assises des états généraux de la communication et des médias ont été l’occasion de passer au peigne fin les maux qui ronge ce secteur. Des recommandations ont été formulées pour une refondation du secteur des médias. Mais, le mal a été si profond que l’extirper en quelques mois relève du miracle. Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, en est bien conscient. Cependant, il reste optimiste, convaincu qu’il y a encore une chance de redresser les fronts d’un secteur en vrille.
Mardi à Béatrice Hôtel, en marge de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Patrick Muyaya a réitéré son vœu de redonner au secteur des médias ses lettres de noblesse. « Notre détermination reste inébranlable et nous sommes confiants que nous réussirons à totalement réformer le secteur des médias en République », a-t-il dit.
Malheureusement, à l’heure de Nouvelles techno-loguies de l’information et de la communication, trop d’électrons opèrent désormais dans le secteur des médias. Ce qui impose de plus en plus un grand travail de régulation pour décourager tous les «moutons noirs ». C’est la tâche à laquelle promet de s’atteler le ministre Muyaya.
«Depuis ma prise de mes fonctions, bien avant la tenue des états généraux de la communication et des médias, nous avons montré notre ouverture et notre disponibilité à travailler de manière étroite avec toutes les organisations professionnelles et les ONG de défense des droits de l’Homme pour qu’ensemble nous puissions, à intervalles réguliers, aborder les questions de la profession », a-t-il rappelé.
Si la liberté de la presse est l’idéal, Patrick Muyaya note, néanmoins, que « ce droit majeur ne peut s’exercer qu’avec une presse réellement libre, indépendante, éthique, professionnelle, respectueuse des règles déontologiques, des lois, des bonnes mœurs, de la vie privée et de l’ordre public ».
« L’affaire Pero Luwara» s’invite dans la célébration
Sans surprise, ce qu’il faut désormais appeler «l’affaire Pero Luwara» s’est invitée en cette journée de célébration de la liberté de la presse. Sur ce point précis, Patrick Muyaya n’a pas caché son indignation. Il est d’avis que les professionnels n’aident pas le Gouvernement à atteindre l’objectif de la dépénalisation des délits de presse.
«Dépénaliser, le délit de presse tel que nous le voulons nécessite, et tous les juristes le savent, une modification de notre Code pénal. C’est un pari que nous avons pris et que nous tiendrons avec l’espoir que ceux qui sont nos partenaires contribuent au travail préalable de salubrité médiatique en dénonçant de manière claire et ferme tous les dérapages constatés quotidiennement. Une telle réforme ne saurait se faire sans une presse totalement guidée par le respect des règles déontologiques et professionnelles qui constitue la véritable soupape de sécurité de tout journaliste », a rappelé le ministre.
Aussi, s’est-il servi de l’occasion pour condamner avec véhémence les propos outrageux du journaliste incriminé.
«Je voudrais ici dénoncer, avec la dernière énergie, les dérapages constatés il y a quelques jours avec des attaques systématiques et des propos frisant l’injure à l’endroit du Président de la République, Chef de l’Etat », a-t-il déclaré, avant d’inviter « les organisations professionnelles et toutes celles qui défendent la promotion de la liberté de la presse à condamner avec moi ce comportement récidiviste et tout autre acte qui dépasse les limites de l’exercice de la liberté de la presse ». « C’est aussi cela notre responsabilité », leur a-t-il lancé.
De l’avis de Patrick Muyaya, le travail de «salubrité médiatique» est une affaire de tous : «Vous devez systématiquement vous désolidariser des ‘moutons noirs’ qui ternissent votre, notre belle profession. Il est de votre devoir de dénoncer et mettre hors d’état de nuire ceux qui prétendent être des vôtres, des nôtres, mais qui ne respectent pas le Code d’éthique et de déontologie du journaliste en République Démocratique du Congo ». Et d’ajouter : « L’heure est aussi venue pour que des structures de notre écosystème professionnel adoptent une nouvelle approche de monitoring leur permettant de ne pas servir de bouclier aux journalistes et/ou pseudos journalistes qui, par leur comportement kamikaze, ternissent la réputation de la presse congolaise ».
Hugo Tamusa