Élections 2023 : Plus de temps à perdre ; la machine est lancée

Enfin, Corneille Nangaa peut se reposer. Son successeur est connu : il s’appelle Denis Kadima. C’est le samedi 16 octobre 2021 que l’Assemblée nationale a entériné les nouveaux animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Malgré l’ambiance électrique qui a gagné l’assemblée plénière de la chambre basse du Parlement, son président, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, a maintenu le cap. Verre à moitié plein ou à moitié vide, les avis sont partagés. Toujours est-il que l’entérinement de ce qu’il faut appeler désormais le bureau Denis Kadima – en attendant la signature de l’ordonnance présidentielle – relance la machine électorale, au point mort depuis quelque temps. Il faut donc parer au plus pressé. En réalité, le bureau Kadima n’a plus le temps à perdre. Il faut vite se mettre au travail pour éviter un glissement qui risque de replonger la RDC dans une crise politique inédite. Plus de temps à perdre, la machine électorale est lancée – à plein régime d’ailleurs.

Le bureau Dénis Kadima est là. Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par poindre, dit-on. Après tous les ratés, la Céni (Commission électorale nationale indépendante) a enfin des nouveaux animateurs. Mais, les douleurs de l’enfantement ont été telles qu’il a fallu jusqu’au samedi 16 octobre 2021 pour que le bureau de l’Assemblée nationale décide enfin d’aller de l’avant.

Samedi à l’Hémicycle, l’ambiance était électrique. Contre la volonté du FCC (Front commun pour le Congo) qui tenait à tout prix à boycotter la séance d’entérinement de nouveaux animateurs de la Céni, appuyé dans sa démarche par les élus du parti politique Ensemble pour la République de Moise Katumbi Chapwe, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale, est resté droit sur ses bottes.

En fin de compte, la plénière a entériné le choix de nouveaux animateurs de la Céni, en adoptant à une large majorité des députés présents le rapport de la commission mixte-paritaire, mettant fin à un processus qui marquait le pas depuis plus d’une année.

Corneille Nangaa, président sortant de la Céni, artisan de l’alternance démocratique de janvier 2019, peut enfin se reposer, après la grande bataille électorale de décembre 2018. Désormais, c’est Denis Kadima, candidat choisi par les Confessions religieuses, délégué de l’église Kimbanguiste, qui aura la charge de conduire le peuple congolais au quatrième cycle électoral de la 3ème République, après celui de 2006, 2011 et 2018.

Quelles leçons à tirer ?

Que retenir de l’entérinement du bureau Denis Kadima ? Une chose est vraie : aucune œuvre humaine n’est parfaite. C’est une certitude. Dans l’entérinement du bureau Kadima, il y a sûrement des déçus ou des sceptiques qui auraient voulu que les choses se passent autrement. Il y a cependant des circonstances atténuantes qui ont nécessité à ce que l’Assemblée nationale s’assume pour faire avancer la machine.

En effet, à moins de deux ans de l’échéance de 2023, la République Démocratique du Congo n’avait plus de temps à perdre. En son temps, Corneille Nangaa avait pris le soin de tirer la sonnette d’alarme en rappelant qu’en accumulant plus de retard dans la mise en place de la logistique électorale, la RDC courait déjà la risque de se retrouver dans l’impossibilité d’organiser les élections de 2023. Il était donc temps, selon lui, de franchir le premier palier, c’est-à-dire doter la Céni de ses nouveaux animateurs.

Depuis le samedi dernier, en attendant l’ordonnance présidentielle de nomination qui ne tardera pas à venir, c’est chose faite

Le choix de l’Assemblée nationale s’est donc imposé par la nécessité d’avancer et de débloquer le processus électoral pour ne pas donner des arguments aux chantres du dialogue qui, en multipliant des crises, n’espéraient plus qu’à la convocation d’un tel forum pour un partage équilibré et équitable du pouvoir – comme c’est souvent le mode en période de crise. La décision de l’Assemblée nationale coupe l’herbe sous leurs pieds et enterre définitivement l’option d’un dialogue, mettant la République sur le cap des élections en 2023.

Le plus évident est que toute tergiversation, qu’elle soit de la part des religieux tout comme des politiciens, faisait le lit de l’enlisement du processus électoral, avec tous les risques de replonger dans un vide constitutionnel aux conséquences imprévisibles.

Tout compte fait, ces acteurs politiques et religieux ne devraient pas continuellement prendre en otage un processus électoral, tant attendu par les électeurs, au nom de leurs intérêts personnels.

Depuis l’Accord global et inclusif signé à Sun City en 2002, la RDC a signé le pacte des élections comme seul passage pour l’accès au pouvoir d’Etat. Il n’y a donc aucune raison de déroger à la règle en 2023. Ce qui pose l’impératif de respecter les délais constitutionnels de convocation du processus électoral et de la tenue des scrutins.

Depuis toujours, le Gouvernement a réitéré sa ferme volonté de tout mettre en œuvre pour que le pays ne rate pas l’échéance. Cependant, il ne restait plus qu’à lever le verrou de la composition de la nouvelle assemblée plénière de la Céni pour que tout se mette en mouvement. Depuis samedi, plus rien ne peut donc justifier à ce que le train continue à traîner à la gare. Il doit démarrer. Et le plus vite que possible.

Au Gouvernement, on n’attendait plus que l’installation du nouveau bureau de la CENI pour mettre à sa disposition des moyens logistiques et financiers pour commencer son travail en rattrapant le temps perdu. Rien ne l’empêche donc d’actionner déjà la machine – étant entendu que l’ordonnance présidentielle ne devait plus tarder compte tenu de l’urgence.

A tout prendre, rien ne sert de revenir sur les incidents de samedi 16 octobre qui ont émaillé la séance d’entérinement du bureau Denis Kadima. Autrement dit, le vin est tiré, il ne reste plus qu’à le boire. Au moins, en décidant d’aller de l’avant, l’Assemblée nationale a mis fin au statu quo observé depuis plusieurs mois. Il faut donc tourner le regard vers l’avenir et se mettre au travail pour donner à la RDC les meilleures élections en 2023. Denis Kadima, présenté comme grand expert électoral, l’a promis. On attend désormais le juger sur le terrain.

Certes les douleurs d’enfantement du nouveau bureau de la Céniacréé de profondes divisions, élargissant le fossé entreparties prenantes au processus électoral, il y a lieu de rappeler qu’après l’étape de l’Assemblée nationale, le Président de la République et le Gouvernement ne doivent plus dormir sur leurs lauriers. Le chrono tourne – à grande vitesse d’ailleurs. Il fait donc rattraper le temps perdu.

A ce titre, chacun devra jouer sa partition pour relancer la machine électorale et permettre à son bureau d’accélérer la mise en œuvre de toute la logistique électorale. Ce qui permettra au peuple congolais de se choisir librement, à l’échéance de 2023, ses futurs dirigeants dans le strict respect de la Constitution.

Ainsi, c’est la République qui aura gagné en consolidant les bases de sa démocratie.

Econews